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Présidentielle : revoilà les bouffonneries !

Présidentielle : revoilà les bouffonneries !

On croyait l’exigence d’un diplôme universitaire pour les candidats à la présidentielle, introduite dans la dernière mouture de la loi électorale adoptée à la hâte, suffisante pour nous éviter les bizarreries qui avaient grandement contribué à discréditer le scrutin avorté du 28 avril.

Les journalistes des chaînes de télé privées faisaient alors le pied de grue devant le siège du ministère de l’Intérieur, à l’affût de personnages excentriques et de déclarations qui allaient faire le buzz sur les réseaux sociaux.

Du « mangeur de steaks » au « cousin mécanicien » de Rachid Nekkaz, en passant par cet inventeur qui a fait voler « une » avion avec des ailes en terre ou encore celle qui promettait, si elle était élue, de marier toutes les jeunes filles à 16 ans, les Algériens s’étaient franchement régalés, non sans un pincement au cœur pour ce qui est advenu de la fonction présidentielle.

Bien sûr, tous ces candidats loufoques repartaient avec des camionnettes chargées de paperasse imprimée avec l’argent public. « Plus jamais ça », avait crié le Premier ministre Ahmed Ouyahia, promettant de fermer la porte au tout-venant par une loi et des critères plus stricts.

Ouyahia – qui dort en prison – ne pouvant agir de là où il est, ses successeurs se sont chargés de mettre en place les garde-fous qu’il a promis, sans, semble-t-il, trop approfondir la réflexion, faute de temps sans doute puisque les nouveaux textes relatifs aux élections ont dû être adoptés dans la précipitation (le Sénat a même siégé un vendredi) pour être dans les délais fixés pour la convocation du corps électoral.

La nouvelle loi a sans doute empêché de nombreux oisifs de venir encombrer l’entrée du siège de l’Autorité électorale (chargée désormais de recevoir les dossiers de candidatures à la place du ministère de l’Intérieur), mais la seule exigence d’exhiber un diplôme supérieur ne pouvait garantir qu’aucun candidat loufoque ne passe entre les mailles du filet.

Une semaine après la convocation du corps électoral dimanche 15 septembre, on constate déjà les limites du dispositif. A peine deux intentions de candidature déclarées et déjà deux grosses bizarreries.

La première nous vient de Farès Mesdour, celui qui cumule les fonctions d’expert économique international et d’imam et qui nous a habitués à ses chiffres stratosphériques, comme les milliards de dollars détournés quotidiennement du complexe d’El Hadjar, les milliers de milliards de dollars que l’Algérie pourrait glaner de son agriculture…

Invité de la chaîne El Hiwar, Mesdour est revenu à la charge, affirmant que ceux qui ont mis en doute ses chiffres sont ceux qui ignorent le potentiel du pays, suffisant selon lui pour nourrir la Chine et son 1,4 milliard d’individus.

On ne va pas reprocher son ambition à notre économiste-imam, surtout qu’en attendant sa concrétisation elle sert déjà à amuser la Toile. En revanche, la déclaration excentrique de Bengrina, un autre potentiel candidat, est plus sérieuse et ne peut être mise dans la case des plaisanteries de la précampagne.

Le président du mouvement el Bina, allié du parti de Abdallah Djaballah au Parlement, a déclaré ce samedi s’attendre à l’invasion de l’Algérie par les troupes de Khalifa Haftar.

#بن_قرينة أتوقع هجوم حفتر على الجزائر ؟

Publiée par El Djazairia One sur Samedi 21 septembre 2019

Le maréchal libyen, qui ne contrôle qu’une partie du territoire de ce pays voisin, aurait donc les moyens et la folie de se frotter à l’armée algérienne. Et quand bien même les appréhensions de celui qui aspire à diriger l’Algérie sont fondées, il n’est pas sans connaître la partie à laquelle doit être destinée, exclusivement et dans le secret le plus absolu, une telle information.

On parle tout de même d’un ancien ministre et président d’un parti représenté au Parlement. Le peu de crédit qui reste au scrutin du 12 décembre, rejeté par le hirak et largement boudé par la classe politique, risque d’être achevé par de telles légèretés émanant, mine de rien, de personnages prétendant à la magistrature suprême.

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