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Presse électronique : les éditeurs dévoilent un plan d’urgence en cinq points

Presse électronique : les éditeurs dévoilent un plan d’urgence en cinq points

Les directeurs de publication de plusieurs journaux électroniques algériens passent à l’offensive. Ce mercredi 2 mai, lors d’une conférence de presse, ils ont détaillé un plan d’urgence en cinq points.

Principale revendication : la normalisation de la situation de la presse électronique, dont la croissance est « ralentie par le confinement, l’exclusion, et aujourd’hui la censure directe », selon eux.

Pendant la conférence à laquelle ont pris part plusieurs directeurs de journaux électroniques fondateurs du Syndicat algérien des éditeurs de la presse électronique (SAEPE), un tableau noir de la situation de la presse électronique a été dressé par les intervenants. Ils sont notamment revenus sur l’absence de cadre légal précis à même d’encadrer l’activité des sites d’information.

La difficile gestation d’un syndicat de presse

L’idée d’un syndicat algérien regroupant les directeurs de publications de journaux électroniques remonte à octobre 2017, lorsque plusieurs éditeurs de presse électronique se sont réunis pour réagir de façon concertée au blocage de TSA, selon Said Boudour, directeur de Journalistes citoyens algériens.

C’est à partir de cette réunion que l’idée d’une organisation regroupant les journaux électroniques a germé et s’est imposée comme une nécessité, et c’est au fil des réunions successives de ces mêmes directeurs que le choix de l’organisation syndicale a été préféré à d’autres formes d’organisation.

Mais la création officielle du syndicat a rencontré plusieurs entraves, selon Said Boudour. « Un jour avant la date fixée pour la tenue de l’assemblée générale constitutive, des représentants de l’appareil sécuritaire se sont opposés à sa tenue et ont exigé une autorisation de la wilaya d’Alger alors que la loi ne dit pas qu’une telle autorisation est nécessaire », a-t-il regretté.

Cinq revendications urgentes

La conférence organisée à la veille de la Journée mondiale de la liberté de la presse a été l’occasion pour les directeurs de publication web de présenter un plan d’urgence en cinq points comportant leurs principales revendications, dont l’application de la loi 12-05 du 12 janvier 2012 qui encadre l’exercice de l’information en ligne en Algérie.

« Les médias électroniques et les professionnels de la presse en ligne sont maintenus arbitrairement en dehors de tout cadre légal », dénonce le syndicat qui demande la fin de cette situation.

Cette loi qui encadre notamment l’exercice des journaux électroniques n’est toujours pas appliquée par les autorités qui justifient la situation par l’absence de textes d’application.

Des textes dans la rédaction desquels les représentants du SAEPE souhaitent être impliqués car, selon eux, « la pratique de l’édition électronique évolue rapidement et nécessite l’échange des législateurs et des régulateurs avec les professionnels pour éviter les impasses juridiques qui ont par ailleurs bloqué les médias audiovisuels en Algérie ».

Le SAEPE a également exprimé son souhait que, lors de la discussion de ces textes d’application, soit évoquées les questions de l’institution d’un « fonds pour le développement des contenus numériques algériens » et des solutions de financement de ce fonds.

Les journalistes travaillant pour des sites d’information n’ont toujours pas droit à la carte de presse, ce qui les laissent sans défense face aux attaques en justice alors que le délit de presse pour les journalistes des journaux papiers a été dépénalisé.

« Certains d’entre nous, comme Abdou Semmar, se trouvent poursuivis dans des affaires à titre de bloggeurs et non de journalistes », a affirmé à ce sujet Ghada Hamrouche, rédactrice en chef du HuffPost Algérie.

Pour remédier à cette situation, les membres du SAEPE demandent à être associés à la commission de la carte de presse nationale et à ce que « soient appliquées pour les journalistes professionnels des médias électroniques les dispositions légales en cours pour le reste de la presse, notamment celles qui excluent le recours à la détention dans les affaires de délit de presse ».

Le syndicat des éditeurs de presse électronique a également dénoncé la discrimination dans l’attribution de la publicité institutionnelle. « L’Anep a été instruite pour ne pas signer de convention d’achat d’espace publicitaire sur les médias en ligne », dénoncent les membres du syndicat pour qui cette privation de publicité étatique est un « étranglement économique ».

« L’embargo de la presse publique et institutionnelle sur la presse électronique » nuit aussi bien aux journaux web qu’aux institutions et entreprises publiques qui ont « besoin pour la visibilité de leur communication d’utiliser les journaux d’information en ligne comme le font les acteurs privés ».

Une revendication qui n’a rien à voir avec une demande d’assistanat ou de charité, selon Abdou Semmar, directeur d’Algérie Part qui a rappelé que « lors de la création de la presse écrite indépendante dans les années 90, celle-ci avait bénéficié de sièges et de salaires de la part de l’État alors que nous n’avons rien reçu ».

Garants du contenu web algérien

Et pourtant, la presse en ligne s’est imposée en Algérie. « Depuis fin 2016, le premier moyen utilisé par les Algériens pour s’informer est internet », a affirmé Mehdi Dahak, directeur de publication de DzFoot qui s’étonne que les journaux électroniques algériens soient bloqués et entravés alors qu’ils sont « les garants du contenu web algérien ».

Un constat partagé par El Kadi Ihsane, directeur de Maghreb Emergent qui a rappelé l’épisode d’Oum Dourmane, lorsque l’opinion algérienne a été submergée par du contenu égyptien à cause de la faiblesse de l’audiovisuel algérien. Une situation qu’il ne faudrait pas revoir se reproduire dans la presse écrite en ligne.

Si l’épanouissement des journaux électroniques continue à être entravé par les pouvoirs publics, « les Algériens continueront de consommer ailleurs les contenus qu’ils ne trouveront pas dans leur offre numérique domestique. C’est largement le cas aujourd’hui puisque 93% de la bande passante est occupé par la data produite à l’étranger », pointe le SAEPE.

Le Syndicat des éditeurs de la presse électronique qui tentent d’attirer l’attention de l’État sur l’importance de la production de contenu digital local, propose « un pacte stratégique d’avenir pour dynamiser cette production en permettant aux médias digitaux algériens de réaliser leur potentiel de marché ».

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