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Processus électoraux : les États-Unis multiplient les pressions sur les régimes en Afrique

Le président du Congo Joseph Kabila a annoncé, début août, sa décision de ne pas briguer un troisième mandat à la tête du pays qu’il dirige depuis 17 ans. Le président congolais a désigné son ex-ministre de l’Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadary, pour se présenter aux prochaines élections présidentielles prévues en décembre prochain.

Kabila devait quitter le pouvoir en 2016 à la fin de son mandat, comme prévu par la Constitution congolaise qui limite les mandats présidentiels successifs à deux. Mais l’élection présidentielle a été retardée à plusieurs reprises du fait qu’il ait refusé de s’engager à ne pas se représenter pour un troisième mandat.

Pressions sur la Tanzanie

Cette situation a déclenché des manifestations au cours desquelles les forces de sécurité ont tué des dizaines de personnes et alimenté les violences des milices dans l’est de la RDC.

Kabila a subi de fortes pressions de la part d’alliés régionaux tels que l’Angola mais surtout de l’Union européenne (UE) et des États-Unis pour quitter le pouvoir. Ces derniers avaient déjà mis en place des sanctions visant 17 responsables sécuritaires et politiques proches de Kabila.

Mais ce sont les pressions américaines exercées sur Joseph Kabila, et sur l’empire économique de son entourage familial, qui auraient vraiment pesé dans la balance, poussant le président à renoncer définitivement à briguer un troisième mandat. Ce qui ouvre la voie à une transition même contrôlée.

Washington vient de remettre ça dans un autre pays africain. Mercredi dernier, ils ont critiqué le déroulement d’une élection parlementaire partielle en Tanzanie. L’ambassade américaine en Tanzanie avait fait part de la préoccupation des États-Unis face au déroulement des élections partielles du 12 août.

L’ambassade américaine a affirmé que la Commission électorale nationale tanzanienne avait refusé d’enregistrer des candidats de l’opposition qui auraient même été victimes d’intimidation et de violences de la part de la police.

Dans une réponse publiée le vendredi 17 août, la commission électorale tanzanienne a déclaré qu’elle n’avait reçu aucune plainte de candidats de l’opposition et a surtout demandé à l’ambassade américaine de « prouver toutes les allégations dont elle a été l’auteure et de justifier la manière dont elle a obtenu ces informations alors que la loi ne l’y autorise pas », selon le communiqué de la commission électorale tanzanienne.

La Chine et la Russie de plus en plus présentes en Afrique

Ces pressions américaines interviennent à un moment où l’Afrique semble se transformer en nouveau terrain de compétition entre d’un côté les États-Unis et leurs alliés européens – particulièrement la France- et de l’autre côté la Chine et la Russie qui affichent de nouvelles ambitions sur le continent noir, au double plan économique et militaire.

Sur le plan économique, la Chine, dont le président Xi Jinping a récemment effectué une tournée africaine, mise plus que jamais sur les deux piliers de sa coopération avec l’Afrique, à savoir, l’investissement dans les infrastructures en échange d’un accès privilégié aux ressources naturelles dont elle a besoin et l’aide à l’industrialisation pour laquelle la Chine est considéré comme un modèle à suivre en Afrique.

Sur le plan militaire, la Chine a installé sa première base militaire à l’étranger à Djibouti qui devrait accueillir près de 10.000 militaires en 2026 dans ce qui sera un avant-poste chinois en Afrique.

La Russie devient aussi un acteur militaire de plus en plus important en Afrique après avoir déserté le continent à la chute de l’Union soviétique. S’agissant justement de la RDC, les gouvernements russes et congolais ont réactivé en juin dernier une convention militaire bilatérale datant de 1999 prévoyant la livraison d’armement russe, l’envoi de missions de conseil et la formation de spécialistes.

Pas loin de là, en Centrafrique, la Russie y a déployé un contingent de 200 soldats où elle assure, depuis mars 2018, la protection rapprochée du président centrafricain. Elle forme aussi des bataillons de l’armée centrafricaine et a livré un stock d’armes de guerre à ce pays en pleine guerre civile et sous embargo après l’obtention d’une dérogation du Conseil de sécurité des Nations Unies.

En Afrique de l’Ouest, la Russie a aussi renoué avec sa coopération économique en Guinée-Conakry où elle construira des garnisons militaires alors que le Burkina Faso va acheter des hélicoptères russes.

Les États-Unis inquiets pour leur leadership

Face à ce retour de la Russie et au renforcement de la présence chinoise sur la scène continentale, les États-Unis se sentent de plus en plus menacés.

En présentant la nouvelle « Stratégie de défense nationale » américaine en janvier dernier, le secrétaire d’État à la défense James Mattis, a estimé que les États-Unis étaient confrontés à des « menaces croissantes » de la part de la Chine et de la Russie.

Le secrétaire d’État à la défense avait même qualifié la Chine et la Russie de « puissances révisionnistes [qui] tentent de créer un monde conforme à leurs modèles autoritaires ».

Mattis avait aussi estimé que « l’avantage comparatif de l’armée américaine diminuait dans tous les domaines –aérien, terrestre, marin, spatial et cyberspatial » face aux Russes et aux Chinois et qu’une modernisation et une réorganisation des forces américaines stationnées à l’étranger étaient nécessaires.

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