Société

Quand la campagne de vaccination contre le Covid se trompe de priorité

Plus de deux mois après son lancement samedi 30 janvier, la campagne de vaccination contre le Covid-19 peine à prendre sa vitesse croisière en Algérie, faute de quantités suffisantes de vaccins. Outre sa lenteur, cette campagne se suscite des interrogations sur le choix des personnes à vacciner en priorité.

Après les ministres, place aux chefs de partis politiques ? On est tenté de le penser après avoir vu Abdelkader Bengrina, qui décidément ne met pas le nez dehors sans créer la polémique, se faire administrer le précieux vaccin contre le Covid-19.

Avant le chef du parti El Bina, le Premier ministre Abdelaziz Djerad et plusieurs membres de son gouvernement se sont également fait vacciner, tout aussi à grand renfort de publicité.

Il est où le problème si de hauts responsables donnent l’exemple à une population qui peut avoir été influencée par la mauvaise propagande qui a suivi de par le monde la mise au point des vaccins ?

Vu sous cet angle, il n’y a en effet aucun souci et tous les gros personnages qui ont reçu l’antidote devant les caméras n’auront fait que ce qui était attendu d’eux.

Sauf que la question de la réticence de la population ne s’est jamais posée, du moins ce genre d’appréhensions n’a pas été exprimé à large échelle dans les médias ou dans le baromètre que constituent les réseaux sociaux.

Bien au contraire, le gros des griefs destinés aux autorités tourne autour de l’indisponibilité du vaccin. Aux yeux des internautes, elles n’ont pas fait assez pour acquérir rapidement les quantités de doses nécessaires pour entamer dans les temps la vaccination de masse.

Ce qui n’est pas totalement faux et les chiffres mêmes des autorités le confirment : 50.000 doses du vaccin russe Spoutnik V et autant du vaccin anglais AstraZeneca acquises fin janvier, 200 000 autres offertes par la Chine il y a une semaine.

Un quota à peine suffisant pour 150 000 personnes, à raison de deux doses chacun. Par rapport à l’objectif annoncé de vacciner 70 % de la population, le compte est loin d’être bon.

Aucune raison de douter de la capacité du gouvernement à faire venir les quotas promis dans les délais impartis, mais ceux reçus jusque-là sont dérisoires et il aurait été plus judicieux de les destiner à ceux qui en ont grandement besoin ; les malades chroniques, les personnes âgées et, surtout, le corps médical.

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Le personnel médical prioritaire

Médecins, infirmiers et autres personnels de la santé devaient être les premiers à se faire vacciner pour au moins deux bonnes raisons. Pour les protéger d’abord, étant en contact direct et permanent avec le virus, donner l’exemple ensuite et rassurer la population, à considérer que le souci était réellement à ce niveau.

S’agissant d’une question de santé, donc médicale et scientifique, la parole d’un professeur connu, et même d’un simple médecin, pèse bien plus que celle d’un politique.

Or, on n’a pas vu les Kamel Bouzid, Messaoud Zitouni et autres se faire filmer pendant qu’ils se font vacciner. On ne sait même pas s’ils l’ont été. Ce sont les médecins eux-mêmes qui le crient publiquement : les quotas qui leurs sont destinés sont insignifiants.

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On se rappelle bien du coup de gueule de Kamel Bouzid à ce sujet. C’est pourquoi les images diffusées à outrance de responsables qui se font vacciner risquent de créer un effet boomerang en termes de communication.

Sur les réseaux sociaux, le cas de Abdelkader Bengrina suscite déjà l’incompréhension. Il n’est pas médecin, il n’a pas bouclé la soixantaine et il est supposé être en bonne santé pour avoir été candidat à une élection présidentielle il y a à peine une année sur la base d’un certificat médical l’attestant.

Pourquoi figure-t-il parmi les premiers citoyens à bénéficier d’un vaccin aussi précieux que rare ? Parce qu’il est chef de parti politique ? Ce n’est pas un critère convainquant. La situation frise le favoritisme, à moins que ce ne soit une énième maladresse dans la définition des priorités.

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