Société

Qu’est-ce que le « défi de la baleine bleue », ce jeu qui inquiète les Algériens ?

Plusieurs décès d’enfants et d’adolescents survenus ces dernières semaines ont été imputés à un jeu morbide qui circule sur internet, le « blue whale challenge » ou « défi de la baleine bleue ».

Des adolescents qui se sont suicidés à Sétif et à Bejaia, en novembre et en décembre, l’auraient fait dans le cadre de ce jeu. La DGSN qui a fini par communiquer sur le sujet ce dimanche 10 décembre, n’a pas confirmé l’existence d’un lien entre ces suicides et le jeu incriminé.

Le jeu de « la baleine bleue » tire son nom d’une légende urbaine qui veut que les baleines aient tendance à se suicider, en s’échouant volontairement sur les plages. Apparu en Russie en 2016, le jeu se serait propagé à partir du site Vkontakte, le réseau social le plus populaire en Russie, où il aurait fait entre 80 et 130 victimes.

Pour pouvoir participer à ce défi, les victimes, toujours des enfants ou des adolescents, doivent entrer en contact avec un « tuteur », qui lui, peut être un adulte et dont le rôle est de passer des consignes quotidiennes au participant, un défi par jour pendant 50 jours.

Les premiers défis peuvent sembler anodins et inoffensifs, ils consistent souvent à dessiner une baleine sur une feuille ou sur le bras mais au fil des jours, les défis deviennent de plus en plus morbides. Ainsi, les enfants sont appelés à écouter de la musique mélancolique en pleine nuit, à regarder des clips ou des films d’horreur seuls et dans le noir, à se taillader les bras et à dessiner, avec une lame, une baleine sur une partie du corps. L’escalade se poursuit jusqu’au cinquantième jour, où le « tuteur » lance au  joueur le défi de se tuer en le menaçant de s’en prendre à sa famille et à ses proches en cas de résistance.

Les signes annonciateurs

Pour Thierry Delcourt, pédopsychiatre français, l’isolement ou, au contraire, l’agitation et la violence sont les signes qui doivent alerter sur une implication d’un enfant ou d’un adolescent dans le jeu de la baleine bleue ou dans un quelconque autre processus suicidaire.

« C’est en nommant les choses qu’un adolescent confronté dans sa solitude à la baleine bleue ou à autre chose, qu’il va avoir en tête cette information qu’il a reçue et va voir en tête le danger que ça représente et à un moment donné, il va couper son écran », a-t-il déclaré à France 3.

Xavier Pommereau, pédopsychiatre, estime que le jeu représente un réel danger pour « 10% à 15% des jeunes les plus fragiles », car ils sont « susceptibles de se laisser entraîner, manipuler », a-t-il expliqué au journal La Croix.

La dangerosité de ce jeu réside en partie dans son invraisemblance, peu de parents y croient réellement et très peu imaginent leurs enfants être poussés au suicide par un jeu sur Internet. Pourtant, l’arrestation de plusieurs personnes impliquées dans la création et la diffusion de ce jeu en Russie montre que le danger qu’il représente est bien réel.

Comment protéger les enfants

Pour protéger les enfants, les pays adoptent différentes solutions. En France, l’éducation nationale a ajouté le défi de la baleine bleue à la liste des jeux dangereux qui figurent sur son site internet, à côté du jeu du foulard. Au Brésil, c’est un « anti-défi » qui a été créé : la « baleine rose » qui propose, à la place des défis morbides de la baleine bleue, des tâches plus positives et met en contact les enfants et adolescents en difficulté avec d’autres jeunes ou adultes qui sont en mesure de les aider.

Aux États-Unis, un site qui porte le nom  de « Blue Whale Challenge » propose aux jeunes des défis plus constructifs qui les aident à améliorer leur santé mentale.

Au Bangladesh, où le jeu a fait au moins une victime en 2017, les autorités ont invité les citoyens à appeler un numéro spécial s’ils ont connaissance d’un site ou d’une application diffusant le jeu. Les autorités bangladaises sont même allées jusqu’à ordonner aux opérateurs de téléphonie mobile et fournisseurs d’accès internet d’interrompre le trafic internet à certaines heures du soir pendant six mois.

En Algérie, la ministre de l’Éducation nationale, Nouria Benghabrit a réagi à l’apparition probable du défi de la baleine bleue en Algérie. Elle a affirmé que c’est un « phénomène peu répandu mais même s’il n’y a qu’une seule victime, nous devons tous en parler, à l’école, sur les chaînes de télévision, à la radio ». Mme. Benghabrit a appelé les parents à « surveiller l’utilisation par les enfants des smartphones », sans annoncer de mesure particulière pour prévenir les risques qu’implique ce jeu.

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