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Rahabi : « La crise est tellement profonde… »

Rahabi : « La crise est tellement profonde… »

Abdelaziz Rahabi a évoqué une nouvelle fois ce vendredi dans un entretien sur Canal Algérie sa rencontre avec le président Abdelmadjid Tebboune, ayant eu lieu le 9 janvier dernier.

« Le diagnostic que nous faisons, nous les Algériens, sur la réalité nationale et sur la situation actuelle est unanime. Président, opposition, société civile, presse, Hirak… Nous faisons tous la même appréciation de la situation dans laquelle nous vivons. De la crise. De l’impasse politique », a affirmé M. Rahabi lors de l’émission « Visions », diffusée sur Canal Algérie.

« Nous différons parfois sur les priorités et sur le rythme. La crise est tellement profonde que nous sommes exigeants en termes d’agenda et de rythme, et nous différons avec le gouvernement sur la question du rythme », a analysé l’ex-ministre.

« Le président de la République m’a fait part de sa volonté d’accélérer les réformes politiques, d’organiser la transition démocratique, de faire de son mandat un mandat de transition démocratique. Pour ma part, j’ai fait part au président de mon inquiétude concernant l’absence de confiance du citoyen dans son système politique. J’ai demandé également au président d’user de son poids pour que les détenus politiques et d’opinion soient libérés », a indiqué Abdelaziz Rahabi.

« J’ai dit ‘’Monsieur le président, nous ne pouvons pas continuer à nous accommoder de notre système national d’information actuel’’, parce que je suis fermement convaincu que la liberté d’expression est extrêmement importante et que sans elle et une justice indépendante il est pratiquement inconcevable d’organiser une quelconque réforme politique », a souligné l’ex-ambassadeur, précisant que « le président était attentif et ce n’est pas ma demande personnelle. C’est la demande de l’opposition depuis longtemps. C’est la demande de millions d’Algériens qui sont sortis pour demander plus de justice et plus de transparence », a-t-il affirmé.

Abdelaziz Rahabi a également évoqué durant l’entretien sur le « retour » de l’Algérie sur la scène diplomatique, notamment en Afrique. « L’Afrique est la seule profondeur de l’Algérie. L’articulation des relations internationales se fait selon le principe des zones d’influence. Nous avons très peu d’influence au Moyen-Orient et en Europe. Notre profondeur stratégique naturelle est l’Afrique », a expliqué l’ex-ministre, rappelant que l’Algérie a « sept frontières communes dans le continent africain ».

« Nous avons tourné quelque peu le dos à l’Afrique, juste après les années de terrorisme, en privilégiant les relations avec l’Union européenne. Il faut accepter le fait que nous avons fait beaucoup de commerce avec l’Union européenne et l’Union européenne a investi très peu en Algérie, pour ne pas dire rien du tout. Nous avons pris conscience que l’Afrique est notre réalité géopolitique, que l’Afrique c’est plus que des voisins », a estimé M. Rahabi.

« Il faut avoir une économie performante pour pouvoir avoir une projection au Sahel et au-delà. Il faut avoir de la présence, que ce soit des étudiants africains ici, des médecins algériens dans la bande du Sahel, des centres culturels, de représentations commerciales… Votre partenaire doit sentir vous intéresser à lui, que vous vous impliquez », a préconisé l’ex-ambassadeur.

Abdelaziz Rahabi a également évoqué la « refonte de l’appareil diplomatique » prévue dans le plan d’action du gouvernement. « L’appareil diplomatique n’est qu’un outil de la politique étrangère. En réalité, pour avoir une diplomatie performante, il faut avoir une économie et un système de défense performants. Nous avons besoin d’un sérieux besoin d’adaptation aux nouvelles réalités internationales, pas seulement la diplomatie », a affirmé l’ex-ministre.

« En diplomatie, comme partout ailleurs, le pays se nourrit de son image. Et nous avons en réalité un sérieux problème d’image. Ce n’est la responsabilité de personne, mais c’est la responsabilité de tout le monde », a estimé Rahabi, considérant que « le Hirak a rendu un très grand service à l’Algérie. Il a donné l’image d’un pays en accord avec le temps réel, d’un pays pacifique avec des revendications politiques, d’un peuple qui sait ce qu’il veut ».

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