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Raisin en Algérie : une filière en expansion, portée par Boumerdès

En Algérie, la filière raisin connaît un essor remarquable, mais les producteurs sont confrontés à des défis majeurs.

Raisin en Algérie : une filière en expansion, portée par Boumerdès
Hammad Lilia
Durée de lecture 3 minutes de lecture
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Les pastèques ne sont plus les seules à trôner sur les étals en Algérie, depuis peu le raisin a fait son apparition. Une production, qui a atteint 627.000 tonnes en 2022, toute en couleurs tant les variétés sont nombreuses. Des raisins à « portée de toutes les bourses » selon les producteurs.

L’année dernière ce sont près de 4,6 millions de quintaux de raisin de table qui ont été produits dans la seule région de Boumerdès. Le succès de cette culture n’a pas échappé au Chef de l’Etat qui l’a récemment rappelé lors de sa récente rencontre avec les représentants de la presse.

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A Boumerdès la récolte a commencé. Un agriculteur cueille des grappes de raisin couleur or qu’il choisit avec soin et qu’il dispose délicatement dans une caissette. En cette fin juillet il confie : « C’est du muscat qui arrive progressivement à maturité ».  

 

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Du raisin sous pergola

 

L’époque de la culture de la vigne à partir de ceps taillés « en gobelets » est révolue depuis l’apparition de la pergola. Un type de culture qui s’apparente aux traditionnelles treilles accrochées aux murs des maisons disposant d’une cour ou d’un jardin. Dans les champs, la pergola est possible grâce à de minces poteaux en béton qui permettent un palissage en hauteur des vignes. 

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En Algérie, l’essor de la culture du raisin est tel qu’un salon annuel lui est dédié. Il a lieu à Boumerdès en septembre et consacre la réussite de cette région qui fournit aujourd’hui 50% de la production nationale. Pour la profession c’est l’occasion de présenter au public la réussite de la filière et de se rencontrer entre professionnels. Une occasion également d’exposer aux représentants du ministère de l’Agriculture et du Développement rural leurs doléances. Et celles-ci sont nombreuses.

Déjà lors de l’édition 2019 avaient été énumérés les défis à relever : le manque d’eau pour l’irrigation, le manque de main d’œuvre et la commercialisation. Celle-ci est impactée par les pics de chaleur du mois d’août qui accélèrent la maturité et se traduisent par l’arrivée massive de grandes quantités de raisins sur le marché.

Cela a été le cas en 2024 et Abderrahmane, un producteur de Ouled Kheddache confiait au quotidien El Watan : « Avant-hier, le raisin se négociait entre 60 et 80 DA/kg en gros alors que son prix de revient dépasse 100 DA. »  Or, indiquait ce producteur, des variétés prisées des consommateurs telles le Muscat ou le Red Globe se retrouvent sur les étals à plus de 250 DA/kg. Aussi il dénonçait : « Les détaillants qui pratiquent des marges bénéficiaires de plus de 200%. Les plus grands perdants sont les agriculteurs et les pauvres consommateurs ».

Lors des fortes chaleurs, la surproduction augmente et avec elle la dégradation rapide des quantités de raisins invendues. C’est notamment le cas de la variété Sabel dont des producteurs affirment qu’en deux jours, sa qualité peut décroître rapidement. « Des tonnes de produits agricoles de haute valeur, notamment les raisins, se détériorent vite et sont jetés sans que des solutions ne soient apportées pour éviter cet énorme gaspillage », notait en 2019 Le Courrier d’Algérie. Une situation liée au faible développement d’une industrie de transformation et de conservation.

 

Viser l’exportation de raisin ?

 

Face à la surproduction, nombreux sont les producteurs qui pensent à l’exportation. En effet, la diversité des zones climatiques constitue un atout pour la production locale. « Au Sud, il y a des variétés de raisin qui arrivent sur le marché en mai et d’autres au Nord qui peuvent attendre jusqu’au mois d’octobre ou novembre. C’est un avantage que les autres grands pays producteurs comme le Chili, le Pérou, l’Italie n’ont pas », confiait Saïd, un membre de l’association des viticulteurs de Boumerdès, à El Watan

En plein désert, à Hassi Lefhal (Ménia), les surfaces en raisin progressent. De 70 hectares en 2000, elles sont passées à 475 hectares en 2021. A l’abri de l’ombre procurée par une pergola, Rabah Ouled Heddar le secrétaire général de la Chambre d’agriculture d’El Ménia confirmait l’an passé à la chaîne Web Dzaïr qu’à partir du sud, il est possible de « mettre sur le marché du raisin dès la fin mai et jusqu’au mois d’août ». À ses côtés, des dizaines de caisses remplies de raisins sont alignées dans les allées.

Outre la précocité, le climat désertique de la région présente un avantage : une réduction notable des maladies. Parmi les variétés cultivées au sud on retrouve comme au nord le Cardinal, la Sultanine pour la production de raisin sec, Red Globe, Muscat et Sabel.

L’exportation de raison ne s’improvise pas. Outre la disponibilité en stations de conditionnement, la nécessité de tenir compte des normes sanitaires en vigueur en Europe s’impose.  « L’Etat doit trouver un moyen afin de limiter l’usage des pesticides. Sinon on risque de voir notre raisin renvoyé des pays de destination, ce qui ternira l’image de l’Algérie et la qualité de nos produits agricoles », confiait lors du dernier salon viticole l’agriculteur Meddaga Mohamed à El Watan.

Aujourd’hui la production de raisin permet de satisfaire le marché national et la création d’emplois. Il reste cependant à développer la production de raisin sec encore largement importée. L’option de l’exportation est séduisante sous son aspect d’augmentation des exportations hors hydrocarbures de l’Algérie.

Elle passe par la résolution d’eau auquel fait face une partie des producteurs. Lors de son dernier entretien avec des représentants de la presse, le président Abdelmadjid Tebboune a rappelé le défi que posent le réchauffement climatique et le manque de pluie : des barrages qui peinent à se remplir.

TSA +