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Reconnaissance de la Palestine : la France revient-elle à ses fondamentaux ?

En reconnaissant l’État palestinien près de 40 ans après sa création à Alger en 1988, la France renoue avec fondamentaux en matière de politique étrangère.

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Reconnaissance de la Palestine : la France revient-elle à sa « politique arabe » ? | DR
Makhlouf Mehenni
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La France fait partie des nombreux pays occidentaux qui ont formellement reconnu l’État palestinien en ce mois de septembre 2025.

S’agit-il d’un retour de la diplomatie française à ses fondamentaux et à la fameuse “politique arabe de la France” après près de deux décennies d’alignement, du moins dans le dossier du Moyen-Orient, sur la politique étrangère américaine ?

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Lundi 22 septembre, la France a franchi un pas que beaucoup croyaient inenvisageable il y a encore quelques mois.

Neuf pays occidentaux reconnaissent l’État de Palestine

 “Fidèle à l’engagement historique de mon pays au Proche-Orient pour la paix entre le peuple israélien et le peuple palestinien, je déclare que la France reconnaît aujourd’hui l’État de Palestine », a déclaré Emmanuel Macron à la tribune de l’ONU, à l’occasion d’une conférence sur la solution à deux États présidée par la France et l’Arabie Saoudite.

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En 24 heures, neuf autres pays occidentaux ont reconnu l’État de Palestine : le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie, le Portugal, la Belgique, le Luxembourg, Malte, Andorre et Monaco.

En tout, ce sont 16 pays de l’Union européenne qui reconnaissent formellement l’État palestinien au moment où Gaza est réduite en ruines, écrasée dans le sang par l’armée israélienne.

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La “Déclaration de New York” appelant à la mise en œuvre de la solution à deux États a été votée le 12 septembre par 142 États membres de l’ONU.

Les annonces ayant la plus forte charge symbolique restent cependant celles du Royaume-Uni et de la France, deux puissances membres du Conseil de sécurité de l’ONU, qui comptaient de surcroît parmi les principaux soutiens d’Israël.

Le Royaume-Uni est la puissance administrante coloniale qui a offert les clés de la Palestine aux colons juifs qui ont proclamé l’État d’Israël en 1948. Depuis, Londres est considéré comme l’un des principaux protecteurs de ce pays, aux côtés de Washington.

La « politique arabe » de la France ressuscitée ?

La France, en revanche, a maintenu une position équilibrée pendant plusieurs décennies, avant de s’aligner sur les positions américaines, donc sur Israël, à partir de 2007 sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy.

La “politique arabe de la France”, instituée par le général De Gaulle et maintenue par ses successeurs, est un exercice d’équilibre dans le conflit israélo-palestinien et tous les dossiers du Moyen-Orient.

En 2003, le président Jacques Chirac et son ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin ont acculé les États-Unis à agir en dehors de la légalité internationale en bloquant une résolution du Conseil de sécurité autorisant l’intervention militaire contre l’Irak. C’était le dernier baroud d’honneur de “la politique arabe de la France ».

Le successeur de Chirac, Nicolas Sarkozy, rompra dès 2007 avec l’anti-atlantisme du général De Gaulle et partant avec l’équilibrisme de la France au Moyen-Orient.

Cette nouvelle ligne est toutefois ébranlée après le déclenchement de la guerre de Gaza et la multiplication des crimes d’Israël, puis par l’évolution de la position américaine sur l’Ukraine après le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier dernier.

Au lendemain de l’attaque du 7 octobre 2023, la France a été parmi les premiers pays à souligner “le droit d’Israël à se défendre”. Dans les semaines qui ont suivi, le soutien “inconditionnel” de Paris à Tel-Aviv a été réitéré à plusieurs reprises, y compris par la voix d’Emmanuel Macron.

Le 17 octobre 2023, la France a bloqué une première résolution du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu à Gaza. Mais ce soutien inconditionnel à Israël va s’atténuer progressivement. En novembre de la même année, Emmanuel Macron est devenu le premier dirigeant occidental à appeler ouvertement à un cessez-le-feu, alors que le sujet était encore tabou en Occident.

Reconnaissance de la Palestine : quel impact sur la crise France – Algérie ?

Malgré l’opposition de la droite et de l’extrême-droite, Macron est allé jusqu’à franchir le pas de la reconnaissance formelle de l’État de Palestine.

La diplomatie française revient-elle par cet acte à ses fondamentaux et à la ligne de Jacques Chirac ? Sans l’affirmer formellement, les observateurs notent toutefois qu’il s’agit d’une distance de plus prise avec Washington, après le désaccord avec Donald Trump sur le dossier ukrainien.

La décision d’Emmanuel Macron suscite aussi des interrogations quant à son impact sur la relation avec l’Algérie, l’un des principaux soutiens de la Palestine. La reconnaissance de l’État de Palestine sera-t-elle le motif d’un début de dégel avec Alger ?

L’interrogation est d’autant plus pertinente qu’on assiste en France au même clivage autour des deux questions. Les mêmes voix qui appelaient à la fin de la crise avec l’Algérie, comme Dominique de Villepin et de nombreuses personnalités de gauche, applaudissent aujourd’hui la reconnaissance de la Palestine.

En face, toutes les voix anti-algériennes, Bruno Retailleau et toute l’extrême-droite, sont vent debout après le discours d’Emmanuel Macron à New-York.

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