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Reconstruction mammaire, dépistage de masse : la lutte contre le cancer du sein en Algérie bute sur le manque de moyens

Reconstruction mammaire, dépistage de masse : la lutte contre le cancer du sein en Algérie bute sur le manque de moyens

Le dépistage de masse inexistant, la reconstitution mammaire inaccessible à la majorité des patientes, manque de personnel qualifié dans les hôpitaux : en Algérie, la lutte contre le cancer du sein bute sur l’insuffisance de moyens.

Selon le chef du service sénologie du centre Pierre et Marie Curie (CPMC) Mohcine Wahib Boubnider, 1500 personnes atteintes de cancer du sein sont opérées chaque année en Algérie.

Ce centre prend en charge les interventions chirurgicales, la chimiothérapie et la radiothérapie dans la limite des places disponibles. Pour les analyses médicales, l’IRM et le scanner notamment, les patientes sont obligées de se diriger vers le privé.

« Sur le plan chirurgical il n’y a pas de surcharge, et la chimiothérapie est répartie harmonieusement sur les 48 wilayas », indique le Pr Boubnider.

Le service radiothérapie reste, toutefois, celui qui est en surcharge car il ne peut traiter qu’un « nombre restreint de malades ». « Le secteur privé vient d’appoint au secteur public », ajoute-t-il.

Reconstruction mammaire limitée à 50 ans

Une ablation du sein est l’une des solutions pour traiter le cancer sein. Psychologiquement, c’est une épreuve difficile pour la plupart des patientes, cette partie du corps étant intimement liée à la féminité.

« Reconstruire fait partie du traitement. Le centre prend en charge 50 cas par an. Nous le faisons après l’opération », explique le professeur.

Une reconstruction mammaire peut soulager les patientes, mais cette option reste inaccessible pour beaucoup d’entre elles. Pourquoi ? « On reste sélectif sur ce point car on privilégie les jeunes femmes », répond le professeur. « La limite d’âge est fixée à 50 ans. Il y a des femmes qui désirent cette réparation comme il y a d’autres qui ne l’acceptent pas », poursuit-il.

Mais qu’en est-il des femmes de plus de 50 ans qui désirent bénéficier de cette intervention ? Pour le chef de service sénologie au CPMC, « c’est une intervention qui occupe le bloc opératoire pendant huit heures. Pendant ce temps, on peut faire plusieurs (autres) interventions ».

Absence de dépistage de masse

Le cancer du sein concerne principalement les femmes de plus de 40 ans. Un dépistage par une mammographie à partir de cet âge-là est le moyen de prévention par excellence.

« À partir de l’âge de 40 ans, la masse mammaire est moins dense, ce qui permet un bon dépistage. Pour les plus jeunes, ce qui est recommandé et admis sur le plan international est une mammographie ainsi qu’une échographie », explique le professeur Boubnider.

Le taux d’évolution du cancer du sein a grimpé de 3.4 % en 2009 à 7% en 2018, soit le double en moins de dix ans en Algérie. Le manque de sensibilisation, notamment dans les zones rurales et reculées, fait que beaucoup de femmes découvrent leurs cancers tardivement. « Si le cancer est dépisté à un stade précoce, c’est mieux pour la patiente », selon le professeur. « Le dépistage est efficace quand il est organisé et soutenu par les pouvoirs publics car il demande beaucoup de moyens. Cela permet aux femmes de 40 à 45 ans de faire un dépistage gratuitement », poursuit-il.

Manque de personnel qualifié

Les chiffres concernant le cancer, notamment celui du sein, sont alarmants. Selon le site de la Radio nationale, au moins 480.000 personnes sont atteintes de cancer en Algérie, et 50.000 nouveaux cas sont dépistés cette année. Pour ce qui est du cancer du sein, 13.000 personnes sont dépistés annuellement, selon la même source.

Ce chiffre représente le double des estimations des professeurs Kamel Bouzid et S. Difi, publiées dans le portail « La presse médicale » en 2017, et selon qui 7500 nouveaux cas sont dépistés chaque année. Selon cette source, plus de 25.000 personnes décèdent du cancer annuellement, dont 3.500 personnes du cancer du sein.

Pour M.W. Boubnider, il est temps de former du personnel qualifié pour une bonne prise en charge des patients. Un problème qui, selon lui, « ne peut pas être réglé en 24 heures ».

« Il faut que l’État garde le personnel de la santé et ne les pousse pas à partir. Il devrait également aider les gens à accéder aux soins et au dépistage et la Cnas doit être impliquée », suggère-t-il.

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