search-form-close
Recrutement : comment l’Anem complique la vie des entreprises

Recrutement : comment l’Anem complique la vie des entreprises

Les entreprises algériennes sont obligées, par la loi, de passer par l’Agence nationale de l’emploi (Anem) ou par une agence d’emploi privée agrée pour recruter. Mais le chemin tracé par l’agence publique pour concrétiser un recrutement est parsemé d’embuches.

Les employeurs sont confrontés à la bureaucratie, des lenteurs et des dysfonctionnements nocifs, qui rendent la tâche difficile aux recruteurs.

L’Anem a imposé aux entreprises une procédure de recrutement fastidieuse, rigide, lente et complexe qui rend extrêmement difficile l’embauche d’un candidat non-inscrit à l’agence, même si son profil correspond parfaitement à celui recherché par l’employeur.

Pour pouvoir embaucher un ou plusieurs employés à un poste, l’entreprise doit être inscrite à l’Anem auprès de laquelle elle est obligée, selon la procédure, d’introduire une demande de recrutement en spécifiant le profil recherché. L’agence envoie alors à l’employeur une liste de profils de demandeurs d’emploi correspondant au profil demandé et inscrit sur son fichier.

Même si l’entreprise est déjà en contact avec un demandeur d’emploi qui correspond au profil recherché, elle ne peut signer de contrat de travail avec lui avant d’avoir contacté tous les demandeurs d’emploi inscrits sur la liste envoyée par l’Anem et qui peut contenir jusqu’à plusieurs dizaines de noms.

Pour chaque demandeur d’emploi « imposé » par l’Anem, l’entreprise recruteuse doit remplir une fiche de renseignement en indiquant les résultats de la prise de contact avec chaque candidat : a-t-il décroché au téléphone? Correspond-il au profil ? Si non, pourquoi ?

Si un des demandeurs d’emploi correspond au profil, l’entreprise a l’obligation de l’inviter à un entretien ou de lui faire passer un test d’embauche, même si elle n’a aucune intention de le recruter par la suite.

Sans quoi, le recrutement du candidat déjà trouvé reste impossible. Ce n’est qu’après l’accomplissement de toutes ces étapes que l’employeur pourra recruter son propre candidat qui n’était pas préalablement inscrit à l’Anem.

Toutefois, l’Agence publique a mis en place un mécanisme qui permet, lorsque l’employeur veut recruter un candidat qui ne figure pas sur son fichier d’inscription, de l’embaucher quand même, à condition d’embaucher en même temps un autre demandeur qui, lui, doit être inscrit à l’Anem et proposé par celle-ci.

Les conditions de recrutement sont les mêmes, que le contrat de travail souhaité par l’employeur soit un contrat de travail classique ou un contrat de travail aidé (CTA) par lequel l’Anem contribue au salaire de l’employé d’un montant pouvant aller jusqu’à 12 000 dinars en fonction du niveau de qualification du travailleur.

Cette procédure qui est la cause d’une grande perte de temps lorsque l’entreprise tient déjà son futur employé est une réelle entrave à l’embauche, dans un pays où le taux de chômage des jeunes est très élevé. Elle s’ajoute aux autres dysfonctionnements de l’Agence nationale de l’emploi, notamment en ce qui concerne les conditions d’accueil et d’écoute des recruteurs et des demandeurs d’emploi.

Ce que prévoit la loi

La loi n°04-19 du 25 décembre 2004 définit la notion de « placement » et en fait une mission de service public confiée à l’Agence nationale de l’emploi, aux communes et à des organismes privés agréés. Elle interdit à toute autre personne physique ou morale de procéder aux opérations de placement ou de prospection dans le domaine de l’emploi.

L’article 18 de la loi oblige l’employeur à notifier l’Anem, la commune ou un organisme privé agréé « tout emploi vacant dans son entreprise et qu’il souhaite pourvoir ». L’article suivant impose à l’employeur de « transmettre à l’agence habilitée les informations relatives aux besoins en main-d’œuvre et aux recrutements effectués » de façon périodique.

Selon un décret exécutif daté du 18 février 2006, l’Anem est chargée « d’organiser et d’assurer la connaissance de la situation et de l’évolution du marché national de l’emploi et de la main-d’œuvre ».

Pour ce faire, elle est, entre-autres, tenue de mettre en place un système d’information « sur les fluctuations du marché de l’emploi et de la main-d’œuvre », en plus de contrôler le placement des travailleurs, la prospection d’emplois et la collecte d’offres d’emplois auprès des employeurs, de favoriser la mobilité géographique des travailleurs, y compris vers l’étranger.

L’article 5 du décret charge l’Agence de « recueillir et de mettre en relation l’offre et la demande de travail ». À ce titre, elle est tenue d’« assurer l’accueil, la formation, l’orientation et le placement des demandeurs d’emploi », de « procéder à la prospection et à la collecte des offres d’emploi auprès des organismes employeurs et d’ « organiser la compensation des offres et des demandes d’emploi au niveau régional et local ».

L’obligation qu’ont les employeurs de passer par l’Anem, la commune ou une agence de placement privée agréée est expliquée par la nécessité qu’a l’État de contrôler le marché du travail et d’avoir des statistiques fiables sur le nombre de demandeurs d’emploi et le nombre de recrutements faits chaque année.

La loi du 25 décembre 2004 et le décret exécutif du 18 février 2006 visent à faciliter cette tâche, mais les procédures bureaucratiques instaurées par l’Anem pour tout recrutement semblent découler d’une interprétation maladroite des deux textes. La mise en relation des demandeurs d’emploi avec d’éventuels employeurs peut certainement se faire de façon plus fluide, plus simple et surtout, plus rapide, pour permettre aux entreprises de recruter rapidement et facilement des employés, et à l’Anem de participer activement à la lutte contre le chômage.

  • Les derniers articles

close