Économie

Recyclage du papier : Général Emballage affiche de grandes ambitions

Général Emballage (GE), leader africain du carton ondulé, vient de lancer un projet de collecte et de valorisation des déchets en carton, avec l’objet de produire de la matière première en Algérie et de réduire la facture en devises.

Ce projet se base essentiellement sur la collecte des déchets en carton qui se fait à la fois auprès des clients de cette entreprise privée, en passant par des entités constituées pour la collecte de déchets, les centres de tris et déchetteries, jusqu’aux commerces, voire des particuliers, dans la phase ultime du projet.

« Outre nos trois unités de production (Akbou, Oran et Sétif) qui servent de réceptacles de collecte et de valorisation (tri, broyage, mise en balles) des déchets en carton, nous avons ouvert un grand centre de collecte et revalorisation des déchets à Alger et un autre à Sétif », explique à TSA Mohamed Bessa directeur de la communication de Général Emballage.

Huit autres centres de collecte et de tri « seront ouverts à travers le pays d’ici 2022 », avance M. Bessa pour un investissement de 1,4 milliard de dinars. Le projet permettra de créer 400 emplois directs.

« Ce projet se place naturellement à l’amont de celui de l’usine de production de papier recyclé qui nécessite près de 400 000 tonnes de déchets par an soit plus de 1 000 tonnes par jour », précise M. Bessa.

Le projet de collecte de déchets en carton dispose d’une autonomie et sa pertinence propres, « indépendamment de l’usine de papier recyclé », puisqu’il existe d’importants débouchés à l’international pour les déchets.

En effet, Général Emballage exporte actuellement la gâche de ses trois unités de production ainsi que les déchets collectés auprès de ses partenaires, à destination des producteurs mondiaux de pâte à papier. L’entreprise dont le siège social est basé à Akbou dans la wilaya de Béjaïa a mis en place une direction dédiée à la collecte des déchets en carton.

Dès 2018, en effet, Général Emballage fait de la récupération de ses propres déchets de papier auprès de ses clients. En raison du coût exorbitant de l’importation de la matière première, l’entreprise projette d’exploiter le gisement important de déchets en carton jetés sans aucune valorisation.

Usine de production de papier recyclé

Par ailleurs, Général Emballage annonce le lancement d’un projet d’usine de production de papier recyclé, totalement distinct du projet de collecte des déchets en papier.

« Pour être effectivement complémentaires, ces deux projets ne sont pas moins distincts et, d’une certaine façon, indépendants l’un de l’autre », explique Mohamed Bessa.

Cette usine  sera implantée dans la commune de Boufatis, dans la wilaya d’Oran, sur un terrain d’une superficie de 20 ha dont General Emballage a obtenu la concession.

D’un investissement estimé à 35 milliards de dinars, l’usine devrait entrer en service en 2023 pour une production de 350 000 tonnes de papier pour ondulé (PPO) par an. « Cela si certaines contraintes  administratives qui hypothèquent le démarrage du chantier sont vite levées par les autorités concernées », remarque M. Bessa.

La réalisation de cette usine intervient dans un contexte caractérisé par une grande envolée des prix PPO à l’échelle mondiale due essentiellement au regain d’activité en Europe et en Amérique avant un tassement dû à la crise du coronavirus, selon M. Bessa. Ainsi, entre janvier 2017 et  septembre 2018, la tonne de papier a enregistré une augmentation du prix moyen entrée usine de 58 %.

L’Algérie importe pour près de 280 000 tonnes de PPO par an pour une valeur de 17,25 milliards de dinars. Une « facture en devises lourde » au moment où le pays cherche à préserver ses réserves de change, qui fonde comme neige au soleil, en raison de la baisse des prix du pétrole. L’Algérie  couvre à peine 2 % de ses besoins qui devraient atteindre, en 2023, 620 000 tonnes par an soit 38, 2 milliards dinars, d’après les calculs de Général Emballage.

« La concrétisation du projet aura de grande retombées économiques, sociales et environnementales en permettant la création de 400 emplois directs », assure M. Bessa en ajoutant que 3 200 emplois additionnels seront créés par des petites et micro entreprises qui assureront la collecte de déchets, l’approvisionnement de matières premières, le transport de produits finis, le développement ultérieur de la transformation du carton, etc.

« Le recyclage de près de 400 000 tonnes de déchets papiers par an soulagera le traitement des déchets par les collectivités locales », énumère encore Mohamed Bessa. Le projet que GE va lancer permettra à l’Algérie de substituer près de 22 milliards de dinars par an d’importations par une production locale, assure-t-il.

À terme, General Emballage pourrait même exporter du papier et créer une source de devises pour le pays en raison de plusieurs avantages concurrentiels (coûts de l’énergie et de la main d’œuvre essentiellement), relève par ailleurs M. Bessa.

Pour mener à bien ses projets, GE souhaite que les autorités concernées lui accorde le plus rapidement possible  des dérogations pour l’entrée  en Algérie de techniciens étrangers afin d’avancer plus vite.

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