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Réforme de loi sur les hydrocarbures : Alger veut séduire les Américains

Réforme de loi sur les hydrocarbures : Alger veut séduire les Américains

Le ministre de l’Énergie, Mustapha Guitouni a dévoilé, lundi 2 octobre à Alger, devant une délégation américaine, une partie de la réforme de la loi sur les hydrocarbures, initiée par le gouvernement.

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« Nous avons fait depuis quatre ou cinq ans des appels d’offres sur les bassins pour qu’ils soient explorés. Les trois ou quatre avis d’appels que nous avons faits ont été infructueux », a constaté le ministre. Et d’ajouter : « La réflexion est engagée. Nous sommes en train de travailler sur la loi et sur la fiscalité pour qu’on soit gagnant-gagnant. La fiscalité qui est dans la loi existe depuis que le baril de pétrole était à 140 dollars. Ce n’est plus le cas. Le baril vacille actuellement entre 50 et 55 dollars. On ne peut pas appliquer la fiscalité de 140 dollars le baril à celle de 55 dollars. Ni l’investisseur ni le promoteur ne viendront et ne seront intéressés parce qu’ils n’auront rien à gagner», a jugé le ministre.

Allègement fiscal

Face aux représentants de grandes compagnies pétrolières américaines, M. Guitouni a expliqué que le gouvernement fera cette réforme pour « attirer les investisseurs ». « L’ensemble de la délégation américaine est vraiment satisfaite de la réunion que nous venons d’avoir ici au ministère de l’Énergie. C’est la première fois que nous avons entendu un discours très promoteur sur les changements et sur l’incitation à l’investissement. C’est ce que les Américains voulaient entendre sur l’allègement de la fiscalité », a résumé, enthousiaste, Smail Chikhoune, président du Conseil d’affaires algéro-américain (USABC). Selon lui, les firmes américaines ont eu des assurances sur des partenariats futurs.

Guitouni satisfait

Face aux journalistes, Mustapha Guitouni n’a pas caché son bonheur d’avoir eu « le hochement » de tête favorable des Américains. « Nous avons eu des gens qui sont très intéressés, de grosses compagnies qui vont investir pour nous en tant qu’Algériens pour améliorer la capacité de production et augmenter les réserves », s’est félicité le ministre de l’Énergie.

Concessions aux Américains

Cela laisse penser que le gouvernement algérien, sans le dire ouvertement, va faire de nouvelles concessions aux firmes américaines, dans son projet de réforme des hydrocarbures. D’abord, en baissant la taxe sur les superprofits et celle relative au revenu pétrolier (appliquée actuellement sur la rentabilité du projet et non pas sur le chiffre d’affaires). Et ensuite, en levant intégralement ou partiellement le contrôle fiscal sur les firmes étrangères activant dans le domaine des hydrocarbures.

Prix politique ?

La décision du gouvernement de relancer l’exploration des hydrocarbures non conventionnels, malgré la grande méfiance des Algériens, fait partie, à première vue, de cette entreprise de séduction engagée par Alger envers les Américains.

L’Algérie veut accéder à la technologie américaine d’exploitation du gaz de schiste avec un prix qui reste à définir. Prix politique ? Possible. Toujours est-il que Smail Chikhoune, en bon commercial, a fait publiquement l’offre.

« Il n’y a pas mieux que l’expérience américaine du fait que les Américains disposent parfaitement de cette expertise à travers le monde. Une véritable voie pour diversifier les énergies y compris les énergies renouvelables », a-t-il soutenu.

Ni Chikhoune ni Guitouni n’ont parlé des dangers sur l’environnement et sur les ressources en eau du pays que constitue l’exploitation du gaz de schiste. En 2015, la population d’In Salah avait occupé la rue pour exprimer son opposition à l’exploitation du gaz de schiste dans cette région du sud du pays. Une protestation qui risque de reprendre si aucun débat n’est ouvert sur la question.

L’argument de la hausse de la consommation du gaz naturel en Algérie pourrait ne pas suffire pour justifier le recours aux hydrocarbures non conventionnels.

Mustapha Guitouni a laissé entendre que la coopération avec les américains va s’élargir à tous les domaines de l’énergie. Outre l’exploration et le développement des gisements, le raffinage et la pétrochimie, il a parlé des énergies renouvelables (de plus en plus absentes dans le discours officiel).

« Il s’agit là autant d’opportunités que peuvent saisir les compagnies américaines », a-t-il dit. Il s’agit donc d’un choix stratégique. Des membres de l’USABC sont invités, le 16 octobre prochain, aux portes ouvertes que va organiser l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnafat) au Centre international des conférences (CIC) de Club des Pins, à l’ouest d’Alger. Il est question de présenter toutes les opportunités des investissements dans le domaine de l’énergie. L’énergie, la sécurité et le commerce sont les trois piliers des relations algéro-américaines depuis 55 ans.

 

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