Politique

Réformes et sortie de crise : quel calendrier pour Tebboune ?

Ceux qui s’attendaient à voir plus clair, à l’issue de la rencontre du président de la République avec des représentants de la presse nationale mercredi 22 janvier, concernant la stratégie du pouvoir pour mettre fin à la crise politique en cours, sont restés sur leur faim.

Abdelmadjid Tebboune a longuement disserté sur la révision de la Constitution et de la loi électorale, les assemblées élues, les consultations politiques et le hirak populaire, mais ses propos n’ont pas apporté d’éclairage précis sur son tableau de bord et son calendrier pour mettre en œuvre son plan dévoilé avant même son élection.

Du moins, le président n’a pas été ferme sur les échéances. Quand auront lieu la révision constitutionnelle et les élections législatives anticipées et y aura-t-il également des élections locales ? La question était précise, mais la réponse du chef de l’État l’était moins.

« Lorsque la première mouture de la Constitution révisée sera prête, elle sera distribuée à toutes les catégories de la société pour être enrichie. Il n’y aura pas de débats anarchiques. Par la suite, la Commission se réunira, une nouvelle fois, pour étudier toutes les observations, enrichir ou apporter des changements aux propositions initiales (…) Une fois la mouture finale prête, elle sera présentée aux deux chambres du Parlement pour débat et adoption avant de la soumettre au référendum populaire.

J’ai préféré que le débat passe par le Parlement et que toutes les explications soient données aux citoyens afin qu’ils puissent avoir une idée claire et que le référendum soit supervisé par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE). Que le peuple cautionne ou pas ne sera nullement un problème, nous opérerons d’autres amendements et changements jusqu’à ce que nous parviendrons à une Constitution consensuelle », a-t-il expliqué.

Le président n’a fait que répéter ce qui a été annoncé lors de l’installation de la commission d’experts pour laquelle, officiellement, un délai de deux mois a été imparti pour remettre ses conclusions.

Dans le texte intégral de l’entrevue, tel qu’il a été rendu public par l’agence officielle, on ne trouve pas non plus de réponse précise au deuxième volet de la question. Pour rappel, le président de Jil Jadid avait révélé à l’issue de sa rencontre avec le président le 14 janvier la possibilité de tenir des législatives anticipées avant la fin de l’année. « Le référendum pour la Constitution sera suivi d’un amendement de la loi électorale et une élection législative serait envisageable avant la fin de l’année en cours », avait indiqué Soufiane Djilali.

Et voilà ce qu’a dit le président à propos des élections législatives et locales : « Concernant la loi électorale, elle interviendra dans une seconde étape. Elle sera une loi rigoureuse qui criminalise l’utilisation de moyens illégaux, qui empêche les citoyens d’être à pied d’égalité devant les urnes et qui criminalise également l’utilisation de l’argent sale et d’autres formes de luttes d’influence. L’opportunité sera donnée aux compétences pour postuler aux Assemblées locales et à l’Assemblée populaire nationale (APN), notamment à la jeune génération, les 25, 30 et jusqu’à 40 ans, une génération intègre qui a un sens élevé de patriotisme et qui nous permettra d’entrer confiants dans l’ère de l’Algérie nouvelle ».

Là aussi, il n’y a ni prévision d’échéance ni deadline. La question est complètement éludée.

Navigation à vue ou volonté délibérée de se donner et de donner à la commission d’experts le temps qu’il faudra pour mener à bien ce pan important des réformes promises, loin de toute pression ?

Quoi qu’il en soit, on retiendra que le président a évoqué les consultations politiques en cours avec le même manque de visibilité, avouant ne pas savoir quand elles prendront fin.

« Les consultations se poursuivent mais la date de leur clôture n’est pas arrêtée », s’est-il contenté de dire.

À propos du hirak, Tebboune a réitéré ses éloges au mouvement populaire « béni » et son engagement à satisfaire « toutes ses revendications », sans toutefois évoquer l’apaisement du climat général unanimement réclamé, notamment la libération des détenus d’opinion. À sa décharge, la question ne lui a pas été posée.

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