
Témoin de l’aggravation de la crise entre l’Algérie et la France, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a fait ce lundi 29 septembre des révélations sur la relation particulière entre les deux présidents algérien Abdelmadjid Tebboune et français Emmanuel Macron.
Dans une interview accordée à la chaîne One Tv diffusée lundi soir, le recteur de la Grande Mosquée de Paris a longuement parlé sur la dégradation des relations entre Paris et Alger et sur la relation marquée « par l’affection » entre les deux présidents, mais qui a fini par être rompue.
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D’emblée, il reconnaît que les Algériens de France sont effectivement « des victimes collatérales d’un problème politique » et que depuis cette crise, « on voit des élans racistes et des déclarations contre les Algériens ».
Macron – Tebboune : les « raisons » de la rupture
Chems-Eddine Hafiz affirme que, dès son arrivée à la tête de l’État algérien, le président Abdelmadjid Tebboune « a voulu véritablement » avoir une relation extrêmement claire et simple avec la France. « Il voulait vraiment la développer et il avait beaucoup cru dans la parole du président Macron », affirme cet avocat honoraire qui a été reçu plusieurs fois par le président Tebboune.
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De l’autre côté, le président français, Emmanuel Macron, faisait aussi des déclarations importantes et avait même fait preuve « d’affection » à l’égard du président algérien. « Quand je parle avec lui (Macron), il me disait notre grand frère Abdelmadjid Tebboune », confie le recteur de la Grande Mosquée de Paris.
« Une fois même, j’avais sursauté quand il m’avait dit : Je te regarde et je pense à mon frère Abdelmadjid Tebboune », révèle-t-il encore.
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Or, cette confiance entre les deux chefs de l’État a été rompue. Et du point de vue Chems-Eddine Hafiz, cela n’était pas uniquement le résultat de la déclaration du président français en juillet 2024 concernant la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental.
« Je ne pense pas que c’est lié uniquement à la déclaration de juillet 2024. Le président Macron a fait énormément de promesses au président algérien, des promesses qui n’ont pas été tenues », a-t-il affirmé. Ainsi, le président Tebboune « s’est beaucoup agacé de cela », poursuit-il.
« Tebboune a compris qu’il ne pouvait plus rien faire avec le président Macron »
En réalité, toujours du point de vue de l’intervenant, la reconnaissance par Emmanuel Macron de la marocanité du Sahara occidental était venue s’ajouter à un certain nombre d’éléments et à une succession de raisons qui ont abouti à la rupture entre les deux présidents et les deux pays. Et la déclaration de Macron a été « le point final qui a scellé la rupture ».
« La déclaration du président Macron sur la marocanité du Sahara occidental a beaucoup irrité le président Tebboune. Et c’était là que ce dernier a compris qu’il ne pouvait plus rien faire avec le président Macron », explique encore le recteur de la plus grande institution musulmane de France.
D’ailleurs, il trouve que les instructions données début août par le président Macron à son Premier ministre, François Bayrou (qui a été renversé par le Parlement le 8 septembre dernier), pour durcir le ton avec l’Algérie n’ont rien apporté de positif, bien au contraire, « elles ont envenimé la situation ». « Et je pense que, de part et d’autre, si on veut véritablement aboutir à une sortie de crise, des déclarations pareilles ne sont pas nécessaires », dit-il.
Malgré tout, l’intervenant insiste que le président Tebboune garde encore la capacité de reprendre le dialogue avec son homologue français, car il a toujours considéré que « le seul personnage important à ses yeux en France, c’est le président Macron ».