Le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbes, a effectué, mercredi 30 mai, un large remaniement du bureau politique du parti, évinçant de cette instance stratégique de l’ex-parti unique la plupart de ses membres, n’en épargnant que quatre, à savoir Leila Tayeb, Saïd Bendaida, Ahmed Boumehdi et Mohamed Guemama.

Les moudjahidine épargnés

Cette purge est venue en application du slogan du dixième congrès du parti : « Renouveau et rajeunissement », selon le SG du FLN. Une justification reprise par un éminent cadre du FLN. « Saida Bounab ne dépasse pas la soixantaine, Bouabdellah et Idalia aussi, Sebbouta et Kherchi ont la quarantaine, Bousmaha a la cinquantaine, ils ont généralement tous moins de soixante ans », s’est réjoui notre interlocuteur qui a toutefois relevé le maintien de membres plus âgés au sein du BP, chose naturelle selon lui, car il s’agit de moudjahidine, « vitrine du parti ».

Une jeunesse toute relative, puisque aucun des nouveaux membres du BP n’a moins de 40 ans, mais ce changement rajeunit un tant soit peu cette instance de l’ex-parti unique dont les anciens membres dépassaient pour la plupart la soixantaine.

Les nouveaux entrants au bureau politique du FLN représentent un apport de compétences certain selon notre interlocuteur qui met en avant la présence parmi eux de deux médecins (Bouabdellah et Bousmaha) et deux professeurs d’université (Boudaoud et Kobbi), en plus d’autres compétences comme Bounab Saida détentrice d’un magistère, Lakhdari détenteur d’une licence ou encore Fouad Sebouta, ancien journaliste de l’ENTV, présenté par notre source comme « un intellectuel ».

La présence dans le nouveau BP de deux anciens ministres est un autre atout pour le FLN, selon notre interlocuteur. « Mustapha Rahli et Abdelmalek Boudiaf ce sont des ex-ministres et bien sûr nous avons besoin d’eux en tant que de stratèges et pour l’administration », a-t-il indiqué.

« La récréation est finie »

Pour le care du FLN, le remaniement du bureau politique sonne la « fin de la récréation » en évinçant ses anciens membres qui étaient, d’après lui, « hais de tous, vomis » et à cause desquels le parti « s’en allait à vau-l’eau ».

Avec le précédent bureau, « Ould Abbes était seul. Il n’avait ni porte-parole, ni de responsable de la communication ou de responsable de l’organisation. Il faisait tout tout seul », confie notre source qui explique que dans cette situation, « il était normal que le secrétaire général se trompe, qu’il fasse des erreurs, mais maintenant qu’il est encadré par des personnes expérimentées, des intellectuels, qui peuvent parler, communiquer, chacun dans son secteur, les choses vont changer car nous avons un vrai parti structuré ».

Un changement radical est à attendre au sein du FLN, prédit notre interlocuteur qui s’interroge : « Qui pouvait parler auparavant ? Bouguetaya ? Il parlait comme dans un souk, on ne pouvait même pas comprendre ce qu’il disait ! ». En évinçant du BP ses membres « médiocres », le FLN « récupère sa crédibilité », se réjouit notre source.

« Y en a marre de la médiocrité, il n’y avait que des médiocres au bureau politique », tance le cadre du FLN qui annonce que « La récréation est terminée au FLN, maintenant place aux sérieux, ceux qui veulent travailler sont les bienvenus et ceux qui veulent faire du grabuge la porte leur est montrée ».

Tenue prochaine de la réunion du Comité central

« Ce bureau politique est le meilleur que j’aie vu depuis que je suis au FLN », s’extasie notre interlocuteur qui ne cache pas sa joie de voir le parti débarrassé de l’ancien bureau politique dont les membres étaient, selon lui, la cause de sa réputation de parti « de vieux, d’illettrés et de corrompus ».

Autre point fort de la nouvelle composante du BP selon notre source, son respect de l’équilibre régional. « Il y a des membres de tout le pays, de l’est, de l’ouest, du sud et du nord. Maintenant il y a une meilleure représentativité avec des jeunes et un nouveau sang pour le parti », a-t-il indiqué.

La réunion du Comité central du FLN, instance souveraine entre deux congrès a été reportée à plusieurs reprises. Alors qu’elle devait se tenir à la fin 2017, la réunion a été reportée pour mars 2018 et à une date indéterminée par la suite.

Pour notre source, ces reports de la réunion du CC étaient dus à la composante même du bureau politique qu’il était nécessaire de changer avant de réunir le CC.

C’est « probablement après Ramadan, au mois de juin » que se tiendra cette réunion, annonce notre interlocuteur qui ajoute que les nouveaux membres du BP « n’attendront pas cette réunion pour commencer à travailler ».

En ligne de mire du nouveau bureau politique, la présidentielle de 2019, mais pas seulement, insiste notre source. « Il n’y a pas que 2019. Il n’y a pas que les élections, c’est un parti qui a besoin de nouveau sang, bien sûr que nous sommes intéressés par 2019 mais nous avons beaucoup d’autres échéances qui arrivent », a-t-il assuré, ajoutant que ce changement était nécessaire car, selon lui, « le parti a besoin de vivre, il a besoin de sang neuf ».