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Risque d’importer le variant anglais Covid-19 : la simulation glaçante du Pr Lounici

Risque d’importer le variant anglais Covid-19 : la simulation glaçante du Pr Lounici

En Algérie, l’inquiétude autour des risques liés à l’arrivée du variant anglais du Covid-19 prend de l’ampleur. Les spécialistes multiplient les alertes. Chef du service médecine interne au CHU de Tlemcen, le Professeur Ali Lounici met en garde contre les conséquences sur le système de santé national d’une arrivée du variant anglais du Covid-19 en Algérie.

« S’il rentre en Algérie, ce variant britannique mettrait à genoux les capacités de l’Algérie (en matière sanitaire) en deux mois. Il a une capacité de propagation extrêmement rapide, qui peut dépasser de 70 % celle du variant classique », met en garde le professeur Lounici dans un entretien accordé à TSA.

« Actuellement ce variant anglais est présent dans plus de soixante pays. Beaucoup de pays en Europe préconisent le confinement général parce qu’ils sont débordés », fait savoir le professeur.

« Pour ce qui de l’Algérie, est-ce que les autorités publiques peuvent nous dire si l’Institut Pasteur d’Alger est capable de reconnaître le variant anglais dans la méthode de séquençage ? C’est la seule façon de savoir s’il est déjà là ou pas. Indépendamment de cela, il suffit de voir le trafic aérien. Est-ce que l’Algérie a eu un trafic aérien avec le Royaume-Uni ou des pays où se trouve le variant britannique ? », expose le professeur.

« S’il est déjà présent, dans deux mois il va exploser »

« À défaut d’avoir ces deux informations, on peut envisager l’hypothèse maximaliste, c’est-à-dire la plus grave, que ce variant va entrer ou est déjà présent. S’il est déjà présent, dans deux mois il va exploser », prévient le chef du service Médecine interne au CHU Tidjani Damerdji

Pour convaincre du danger du variant anglais sur le système de santé en Algérie, le Pr Lounici livre une simulation glaçante.

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« Faisons une simulation. S’il touche mille personnes par jour, il va provoquer 1 à 2 % de mortalité. Il y aura donc dix à vingt décès. Il va provoquer 5 %, c’est-à-dire 50 personnes, qui vont nécessiter une assistance respiratoire. Il va également provoquer des formes sévères qui nécessitent une hospitalisation et de l’oxygène pour 150 à 200 personnes. Rien qu’avec 1000 contaminations par jour, au bout de quelques semaines, notre système de santé qui n’est pas très fort bien avant la Covid va s’écrouler en l’espace de quelques semaines », alerte le professeur Lounici.

« Si le variant anglais arrive, l’Algérie n’a pas les moyens de faire face en matière de structures. Ça va être dix fois pire que la situation constatée en juillet/août dernier », met en garde le professeur.

« Un point positif pour ce variant anglais, c’est que dans l’état actuel des choses il répond à l’immunité naturelle et la vaccination disponible actuellement y répond », rassure le chef du service Médecine interne au CHU Tidjani Damerdji.

« Les mesures barrières efficaces pour le variant anglais »

Le professeur Lounici tient également à faire savoir que les mesures barrières de prévention valables pour la version classique de la Covid-19 demeurent efficaces face au variant anglais.

« Quelle que soit la mutation ou le variant, pour un pays comme l’Algérie qui ne fait pas le séquençage et qui n’a pas les moyens de savoir si le virus est déjà présent, le seul moyen de s’en sortir sont les mesures barrières », affirme le professeur.

 Ces mesures individuelles préventives concernent la distanciation physique, le port du masque et le lavage fréquent des mains, mais également l’aération fréquente des espaces, détaille le professeur Lounici. « L’aération régulière des espaces permet de réduire de 90 % la présence du coronavirus dans l’air », indique-t-il dans ce cadre.

« En ce qui concerne les mesures collectives, j’espère que les autorités anticipent parce que le variant est au Portugal, à Marseille, etc. Le trafic aérien doit continuer à être suspendu avec tous les pays où le variant est présent », plaide le spécialiste.

Un dernier point crucial qui permettrait à l’Algérie de faire face à ce variant anglais concerne la vaccination, signale le professeur Lounici.

 « Nous sommes en ce moment en situation épidémiologique extrêmement favorable. Le virus est actuellement en pleine baisse, en attendant la tempête. Je regrette que les autorités n’activent pas la campagne de vaccination, qui a été démontrée comme étant efficace pour réduire les formes sévères, les hospitalisations et les décès », préconise-t-il.

« Il faut qu’il y ait une stratégie de déploiement opérationnelle et efficace. Il faut qu’on sache le nombre de vaccins qui va arriver et surtout l’équation de vacciner un maximum de la population en un minimum de temps. C’est le seul moyen qui permet d’avoir une immunité collective capable d’arrêter la propagation du virus », soutient le professeur Ali Lounici.

Samedi, le Professeur Mostefa Khiati avait lancé l’alerte sur les risques liés à l’importation du variant anglais du Covid-19 en Algérie, et a demandé de renforcer les contrôles à l’aéroport d’Alger, avec la mise en place des tests PCR pour les Algériens rapatriés de l’étranger.

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