Sport

Ryad Mahrez : un parcours atypique qui émerveille le monde

Ryad Mahrez est sur le toit de l’Europe, ou presque. L’international algérien est à une marche d’y accéder avec son club de Manchester City. Mercredi soir, en demi-finale aller de la Ligue des champions, face au PSG, il a mis son équipe sur la voie de la finale en inscrivant un but de toute beauté, copie de celui mis dans la cage du Nigeria dans une autre demi-finale, celle de la CAN 2019.

Au lendemain de ce match joué au Parc des Princes et remporté par les Anglais (1-2), l’Europe ne parle que de Ryad Mahrez, de sa saison, de ses chances de remporter le titre européen suprême et même de prétendre au Ballon d’Or.

Des titres de la presse française se sont chargés de faire connaître au monde le côté épique de son parcours. Comme à chaque fois qu’un joueur se met à collectionner beaux gestes, prouesses et titres, la question est inévitable : mais d’où il vient celui-là ?

« Mahrez vient de très, très loin », répond le magazine So Foot. Sarcelles, la ville où il est né et a grandi, est pourtant à quelques encablures de Paris. Non, il ne s’agit pas de géographie. La métaphore est pour son parcours atypique et les conditions sociales  de sa famille. « Il venait tellement de nulle part, on ne pouvait pas imaginer… », confirme celui qui l’avait sous sa coupe à Quimper, son premier club après celui de sa ville natale.

Quand on a de qui tenir…

Les chroniqueurs parlent d’ « anomalie » dans le parcours du joueur. Pas du tout à tort puisque sa trajectoire ne ressemble pas à celle des autres stars actuelles du ballon rond.

Ryad Mahrez n’a pas fait de centre de formation. Il a appris à taper dans un ballon dans les rues de sa ville natale. Cela est donc possible même en Europe du 21e siècle.

Surtout quand on a de qui tenir. Mahrez est Algérien, et en Algérie, passer directement de la rue ou d’un club de quartier à un club de l’élite et même en équipe nationale était possible jusqu’à il n’y a pas longtemps.

La recette est bien connue chez nous. Taper et taper dans un ballon, dans la rue, sur un terrain vague, dans la cour de l’école, contre un mur. « Dès qu’il y avait un terrain, il jouait, même sans lumière, personne ne pouvait l’arrêter », racontent les voisins de Ryad Mahrez.

Belloumi, Assad, Bencheikh, Madjer et beaucoup d’autres n’avaient pas non plus fait le centre de formation. Le dernier nommé est même monté sur le toit de l’Europe, il y a près de 35 ans. C’est l’exploit que tentera Mahrez de rééditer le mois prochain, si Manchester City élimine le PSG.

Pour revenir à son parcours, tout en jouant dans la rue et pour le petit club de sa ville natale –où il avait semble-t-il du mal à s’imposer- il répétait à qui voulait l’entendre qu’il jouera la Coupe du monde au Brésil, ou encore qu’il signera dans tel ou tel ogre européen.

« Une seule personne y a cru, c’est Riyad lui-même », écrit le journal La Croix, citant un de ses coéquipiers à ses débuts. Dans son enfance, Ryad a tout connu, la violence des quartiers, la pauvreté…

Il quitte Sarcelles à 18 ans pour tenter sa chance à Quimper, en 7e division. Selon So Foot, il y gagnait 750 euros par mois. De quoi soulager un peu sa mère, qui trime pour ses enfants depuis la mort de son mari, parti lorsque Mahrez n’avait que 15 ans.

Autre élément qui ne plaidait pas en faveur du futur international algérien, son « physique frêle ». Mais cela ne le décourage pas. Il effectue des essais chez Marseille, puis le Havre et c’est là qu’il trouve la rampe de lancement pour sa carrière.

La suite de l’Histoire, personne ne l’ignore puisqu’elle est faite de prouesses et de titres. L’exploit réalisé avec Leicester City en 2016 est très peu commun dans les annales du foot.

Le petit club anglais a arraché le titre de champions aux ogres habituels et son joueur inconnu au bataillon, recruté pour 500.000 euros au Havre, termine meilleur joueur d’Angleterre. En attendant de terminer meilleur joueur du monde, dès cette année peut-être. Cette fois, il n’y a pas que lui qui y croit.

Les plus lus