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Saïd Sadi : « La survie de la Nation se joue sous nos yeux »

Saïd Sadi : « La survie de la Nation se joue sous nos yeux »

Sa contribution commençait à manquer au débat politique à la veille de cette présidentielle pas comme les autres. Il attendait sans doute que le schéma global de l’élection se dessine pour livrer sa vision.

Saïd Sadi l’a fait ce mercredi 13 février par le biais d’un long texte publié sur TSA. Avec la même verve, la même pertinence et la même exhaustivité qui démontrent que l’intérêt du vieux militant pour la situation politique n’a pas été altéré par son départ volontaire de la tête du RCD, même s’il n’entend pas jouer un rôle.

« L’auteur de ces lignes n’est ni candidat à quelque poste que ce soit ni partie prenante de l’une ou l’autre des mises en scènes qui se profilent sous nos yeux depuis maintenant plusieurs semaines », écrit-il.

Bouteflika, candidat pour un cinquième mandat surréaliste, promet une conférence nationale après l’élection, le RCD et le FFS ont opté pour la non-participation, d’autres partis de l’opposition s’échinent à trouver un consensus sur un candidat unique et un général à la retraite est sorti de nulle part et commence à séduire par sa détermination et son idée de rupture. Le puzzle s’est presque complété, qu’en pense l’ancien président et fondateur du RCD ?

La solution ne viendra pas du pouvoir

Pour résumer, Saïd Sadi ne croit pas à une solution qui viendrait du pouvoir. « La mise en perspective d’un nouveau destin ne sera pas le fait du pouvoir. Il ne sait pas et ne voudra pas le faire. Il peut, dans le meilleur des cas, être associé à une sortie honorable consacrant sa fin de vie ».

Il ne se laisse, par conséquent, pas emballer par la promesse de réformes fait par Bouteflika dans sa lettre-programme. « Le président à vie n’a rien trouvé de mieux que de proclamer son ralliement à l’idée de procéder aux réformes de fond préconisées par l’opposition démocratique qu’il a combattues pendant vingt ans d’un règne que paieront, dans le meilleur des cas, deux sinon trois générations », prédit-il.

Saïd Sadi n’épargne aucun des engagements, initiatives et positionnements survenus sur la scène politique ces dernières semaines, hormis peut-être la non-participation de son ex-parti et le boycott du FFS. « Deux partis de l’opposition, le RCD et le FFS – est-ce vraiment un hasard ? – ont opposé, chacun à sa façon, un rejet catégorique à un challenge électoral qu’ils disent n’être, dans les faits, que la reconduction d’un potentat », écrit Saïd Sadi, sans s’y attarder.

Le gros de sa contribution, il le consacre aux acteurs politiques qui versent dans « le déni » à ses yeux et font fausse route dans le diagnostic. « Il est, en effet, assez rare d’entendre dire que le naufrage qui arrive est la conséquence mécanique et prévisible d’un système oligarchique qui a confisqué, avant de les épuiser, les ressources morales, humaines et physiques du pays », souligne le docteur Sadi, estimant que « le fond de la problématique » dépasse la question du cinquième mandat. « Les propositions les plus audacieuses assènent que le rejet d’un cinquième mandat, par ailleurs loufoque, suffirait à redonner crédibilité, stabilité et performance à l’État. Chaque clan assure que la machine qui a détourné le fleuve de l’espérance en 1962, broyant un destin promis à toutes les ambitions, serait un outil de progrès et une source de bonheur si les manettes lui en étaient confiées ».

Ali Ghediri

Les autres candidats « qui se présentent en assurant la jouer sérieux » ne convainquent pas Saïd Sadi par « l’indigence des propositions qu’ils mettent sur la table ». « Quelques bons sentiments, des caresses en appelant au nif national et une ou deux idées aussitôt contredites par une confession contraire donnent la mesure de l’impréparation à l’exercice d’une fonction aussi éminente que celle dévolue à une présidence de la République », écrit-il.

Ali Ghediri, ancien général à la retraite et candidat déclaré à la candidature, est jugé « probablement estimable en tant que personne », mais peine à « donner du contenu à ses intentions ou avancer des méthodes à même d’esquisser une feuille de route lisible ». Au lieu de cela, relève Saïd Sadi, « des voix spéculent sur des soutiens massifs et actifs dont il bénéficierait dans les rangs de l’armée ». « Quand bien même ces supposés soutiens seraient-ils réels et vérifiables, celui qui en bénéficierait en serait obligatoirement leur obligé », met-il en garde.

En sus, les rares positions exprimées par M. Ghediri sur des thèmes concrets ne sont pas de nature à emballer le vieux militant de la laïcité et des droits de l’Homme. « Vouloir s’immerger encore plus dans un monde arabe déliquescent, invoquer la dimension religieuse comme socle libérateur exclusif de la collectivité, s’empaler sur des revendications post-coloniales désuètes ou vanter les mérites de la peine de mort (…) est emblématique d’un discours vaporeux, qui a de tout temps irrigué le système algérien ».

Du reste, Saïd Sadi ne croit pas à l’avènement d’un Attaturk algérien » ou d’une révolution des œillets qui adviendrait dans l’armée algérienne. « On voit mal l’avènement d’une révolution des œillets, qui a dissous le salazarisme au Portugal, advenir dans l’armée algérienne. Alors on tourne en boucle », écrit-il.

La solution est ailleurs qu’au sein des « carcans officiels » et le dire « ne relève ni du dépit ni de la surenchère ni de la radicalité ».

Pour Saïd Sadi, la survie de la nation « se joue sous nos yeux ». Il appelle à « pérenniser l’audace » qui a permis bien des avancées par le passé et rappelle à « ceux qui seraient impressionnés par les menaces d’apparatchiks vantant la capacité du régime à contenir la rue », que « les Algériens n’ont pas gagné leur indépendance parce qu’ils disposaient d’une force supérieure à celle de l’armée française ».

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