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Sécurité sismique de l’Algérie : le constat des ingénieurs génie-civil

Sécurité sismique de l’Algérie : le constat des ingénieurs génie-civil

Le puissant séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie lundi 6 février, faisant plus de 40 000 morts, relance le débat sur les risques d’un tremblement de terre destructeur en Algérie.

Les images de nombreux immeubles qui se sont effondrés en Turquie ont mis à nu le non-respect des normes parasismiques dans ce pays.

Le drame turc doit inciter les autorités algériennes à prendre des mesures pour renforcer le contrôle des constructions ainsi que les conditions de production des habitations en Algérie où les ingénieurs civils se plaignent d’être marginalisés, alors que leur rôle est primordial dans la conception des bâtiments et des maisons capables de résister à de puissants séismes.

La place des ingénieurs en génie civil dans l’étude des projets de constructions est en effet l’objet d’une forte polémique en Algérie. Les architectes, forts de leur ordre, ont la mainmise sur les projets de construction, alors que les ingénieurs génie-civil sont cantonnés dans le rôle de sous-traitants pour les premiers alors que les maîtres d’ouvrage devaient séparer entre les études d’architecture et celles relatives à la conception des structures du bâtiment.

Les architectes agréés ont même lancé des campagnes de boycott de projets publics dans plusieurs wilayas du pays pour protester contre la présence des ingénieurs en génie-civil dans l’élaboration de l’étude.

Sécurité sismique de l’Algérie : le constat alarmant des ingénieurs en génie-civil 

Pourtant, la loi 04-05 signée en 2004 modifiant et complétant la loi n°90-29 datant de 1990 relative à l’aménagement et l’urbanisme est claire.

L’article 5 de la loi 04-05 signée en 2004, une année après le séisme dévastateur de Boumerdes, dispose que « les projets de construction soumis à permis de construire doivent être élaborés conjointement par un architecte et un ingénieur en génie civil agréés, dans le cadre d’un contrat de gestion de projet ».

Sur le terrain, cette disposition de la loi n’est pas respectée, dénonce la porte-parole du syndicat national des ingénieurs en génie-civil Zakia Alouane qui pointe l’enjeu financier derrière la querelle entre sa corporation et celle des architectes.

« Les projets publics sont menés depuis des années sans la présence des ingénieurs en génie-civil. Bien évidemment, pour un architecte qui a l’habitude de prendre un marché public à coup de milliards ce n’est pas intéressant de partager le pactole avec d’autres intervenants », explique à TSA Zakia Alouane.

Au-delà de l’enjeu financier, c’est la sécurité sismique de l’Algérie qui est en jeu en cas de catastrophe similaire à celle vécue par la Turquie la semaine dernière.

Interrogée sur les risques d’effondrement des bâtisses en cas de tremblement de terre de magnitude élevée, la porte-parole du syndicat des ingénieurs en génie-civil dresse un constat inquiétant.

« Seule la grande mosquée d’Alger, où la loi a été appliquée puisque l’étude en génie-civil a été menée bien par un bureau allemand, le risque est énorme pour tous les autres projets publics comme les écoles, les dispensaires et les immeubles AADL », met-elle en garde.

Le scénario turc est-il possible en Algérie ?

Zakia Alouane a mis en avant un autre problème qui concerne les constructions privées affirmant que l’étude de génie-civil est « certes exigée mais elle est considérée comme une formalité administrative. Elle n’est pas considérée comme une procédure technique ». Ce n’est donc pas uniquement les projets publics qui sont menacés en cas de grand séisme mais aussi les maisons et villas construites par les particuliers.

La représentante des ingénieurs en génie-civil a fait des révélations d’une certaine gravité sur un autre problème qui est celui de la qualité du béton utilisé que ce soit dans les projets publics ou dans le privé.

« La procédure veut que le béton soit contrôlé par des laboratoires spécialisés. Certains tenants des projets se présentent parfois avec des échantillons conformes qui ne correspondent pas forcément à ceux qui vont être utilisés dans la construction. Si un laboratoire donne un avis défavorable, ils se dirigeront vers des laboratoires complaisants où ils sont assurés d’avoir le ok », révèle Zakia Alouane.

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