La vidéo, insoutenable, est tournée par un amateur dans un village reculé du Haut Atlas marocain. Un habitant commente les images d’habitations en ruines au lendemain du violent séisme qui a frappé cette région du Maroc dans la nuit de vendredi à samedi. Le sol est jonché de cadavres enveloppés sommairement dans des couvertures.
C’est clair, les survivants de ce village berbère de la région d’Al Haouz font face seuls, comme ils peuvent, aux conséquences du séisme qui a ébranlé la région dans la nuit de vendredi 8 à samedi 9 septembre.
Avec une magnitude de 6,8, c’est le tremblement de terre le plus puissant jamais enregistré au Maroc, selon les spécialistes. Il est plus puissant que celui qui a fait plus de 15 000 morts à Agadir en 1960, d’une magnitude de 5,7.
Le séisme de vendredi soir a fait, jusqu’à l’après-midi de ce dimanche 10 septembre, 2.122 morts et 2.421 blessés, selon un dernier bilan diffusé par le ministère de l’Intérieur.
Les séquences filmées par les survivants sont plus insoutenables les unes que les autres. Comme celle qui montre un enfant d’à peine 10 ans, le sang asséché sur son visage, raconter, en berbère, qu’il est désormais seul au monde, ou presque. Toute sa famille a péri dans la catastrophe. Seul son grand-père a survécu.
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Les populations berbères, qui habitent les villages du Haut Atlas marocain, sont les plus touchées. Toujours dans un village de la région d’Al Haouz, des agents de la Protection civile marocaine s’affairent à sortir des corps de sous les décombres.
Séisme au Maroc : des villages entièrement dévastés
Des dizaines de corps sont alignés sur un sentier de terre. Une femme, qui ne semblent parler que le berbère, fait part de sa détresse : « Nos enfants sont morts, toute notre famille a péri. » « Même nos bêtes sont mortes », renchérit une autre.
Si les secouristes marocains sont arrivés dans le village, ce n’est pas encore le cas de l’aide humanitaire. Une jeune femme explique pour sa part dans un arabe classique parfait que les survivants n’ont rien à manger.
Les images des villages dévastés montrent un autre visage du royaume. Celle d’un arrière-pays très peu développé et très pauvre, avec des villages difficiles d’accès, des sentiers et rues non bitumés, des masures très anciennes de pierre et de terre cuite. Des images qui contrastent avec celles des villes de la côte atlantique ou méditerranéenne.
Est-ce pour ne pas montrer cette image au monde que les autorités marocaines hésitent à solliciter l’aide internationale ? On n’en sait rien mais il reste que, près de 48 heures après le séisme, seuls le Qatar et l’Espagne ont pu acheminer des équipes de secours vers les zones sinistrées.
Séisme au Maroc : seuls le Qatar et l’Espagne ont été sollicités
Pourtant, ce ne sont pas les propositions qui manquent. De nombreux pays ont fait part dès samedi de leur disposition à apporter leur aide au Maroc, que ce soit en matière de secours ou d’aide humanitaire.
Les 27 pays de l’Union européenne ont signifié dans une lettre conjointe au roi Mohamed VI qu’ils étaient prêts à apporter de l’aide de la manière qu’il « jugera utile ». Ce dimanche, la France a fait savoir via son ministère des Affaires étrangères qu’elle était toujours dans l’attente d’une demande formelle du gouvernement marocain. L’Algérie, qui a pourtant rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en 2021, a réitéré et explicité son offre d’aide formulée samedi, mais le Maroc n’a pas encore répondu.