International

« Séparatisme » : la France s’apprête à vivre des débats houleux

Comme il fallait s’y attendre, la présentation du texte initialement portant sur la lutte contre les séparatismes avant d’être rebaptisé projet de loi confortant le respect des principes républicains, donne lieu à de houleux débats au Parlement français. 

La suite ne devrait être que tendue, prévoit Jean-Luc Mélenchon qui a prononcé un long discours au premier jour des débats.

« Après ce qu’on va entendre dans cet hémicycle au cours des 15 jours, je ne crois pas que la fraternité aura fait un grand pas dans le pays », déclare le président de la France Insoumise.

Au vu des passions que suscite le sujet en France depuis que le président Emmanuel Macron a fait part de son intention de doter le pays d’un cadre juridique qui permettrait de mieux lutter contre le séparatisme, la présentation du texte devrait porter les antagonismes à leur paroxysme. 

Le fait est que c’est l’islamisme politique qui est visé et personne parmi les dirigeants français ne s’en cache même si, pour la forme, on a pris le soin de cibler officiellement tous les « séparatismes » avant de carrément abandonner le vocable.

Pour le premier jour déjà, l’ambiance est tendue. L’intervention attendue de Mélenchon a donné lieu à de vifs accrochages verbaux avec certains membres du gouvernement et les députés de la majorité. 

Mélenchon a pris la défense de la communauté musulmane de France, mais aussi de toutes les religions, au point de se voir qualifier par celui qui porte le texte, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, de « porte-parole de cléricalisme ». 

« Une loi inutile et dangereuse »

Le leader de gauche a estimé à la tribune que ce sont les musulmans qui s’en trouvent « stigmatisés » par une loi « inutile et dangereuse ». Inutile car, dit Mélenchon à l’adresse du gouvernement, rien dans les lois existantes n’empêchent « d’atteindre les objectifs que vous affirmez vouloir poursuivre en matière de lutte contre le terrorisme ».

Christophe Castaner, ancien ministre de l’Intérieur et président du groupe La République en marche (LREM) à l’Assemblée nationale, a rétorqué que Jean-Luc Mélenchon refusait le texte « par idéologie ou par faiblesse », l’accusant d’« amalgamer » et de « renforcer le discours populiste de l’extrême droite ».

Ce sont en fait toutes les divisions qui marquent la société française sur le sujet qui se trouvent importées dans l’Assemblée. Le projet a été annoncé en septembre dernier par le président Macron, suscitant de vives critiques quant au risque de stigmatiser davantage la communauté musulmane.

En octobre, il y a eu le malheureux épisode de la publication des caricatures du prophète, suivie par la décapitation d’un professeur de lycée par un jeune radicalisé d’origine Tchétchène.

La France en a été traumatisée et c’est dans la foulée de cet attentat et de la crise qui s’en est suivie avec une partie du monde musulman qu’Emmanuel Macron a presque exigé des représentants de la communauté musulmane l’élaboration d’une charte de l’islam et la mise en place d’un conseil national des imams.

Le projet a élargi les gaps au sein même de la communauté, notamment dans son principal organe représentatif, le Conseil français du culte musulman (CFCM).

D’aucuns estiment que la problématique de la place de l’islam et des musulmans en France est bien plus profonde, comme l’illustrent les débats en cours à l’assemblée et qui surviennent quelques jours seulement après l’adoption de la charte voulue par le président Macron. La charte est pourtant jugée par certains comme très exigeante pour les musulmans.

Les plus lus