Culture, Médias, Technologies

Nabil Asli : « Dans une comédie noire, il faut ajouter de l’humour »

C’est l’une des séries TV qui a le plus frappé les esprits et amusé les téléspectateurs algériens durant ce mois de Ramadan 2023.

Carton plein pour El Batha, comédie noire, brodée d’humour. Une sitcom en 20 épisodes réalisée par Walid Bouchebah et produite par Redouane Ouchick.

Le casting est d’enfer : Nabil Asli (Laz), Nassim Haddouche (Bounar), Rabie Oudjaout (Bernou), Mohamed Bendaoud (Rico), Yasmine Abdelmoumene (Rabea), Nadjia Laaraf (Khalti Guermia)… Le scénario est bien ficelé. Punchlines, situations rocambolesques et fous-rires à gogo.

Cette série, diffusée sur Echorouk TV, raconte l’histoire de deux chefs de gangs qui se livrent une guerre sans merci. Laz (L’As, Nabil Asli) est un ancien repris de justice. Il a écopé de 17 jugements. C’est un « bad boy », un « looser » qui vit avec sa mère, sa sœur et son petit frère. Il est inculte, simpliste et « houmiste » .

Sa vie sentimentale est un désastre. Dans le quartier, c’est lui le « Caïd ». Laz est en confrontation continuelle avec l’autre personnage clé de cette série : Bounar, un dur à cuire qui ne mâche pas ses mots, crache comme un lama, fait la pluie et le beau temps, épaulé par ses sbires « les fratess » (les chauves).

Dans cette cour des miracles, chacun essaye de marquer son territoire. Tous les coups sont permis. Tout le monde vole ce qu’il peut voler pour survivre. « Passé passé, h’na d’hab machi cassé », est la phrase fétiche de Laz (Nabil Asli) et de ses amis.

Un jour, les habitants d’El Batha quittent leurs appartements vétustes, s’installant dans une cité neuve. Laz et Bonar, les deux ennemis jurés n’enterrent pas la hache de guerre pour autant. Les esprits continuent à s’échauffer. Les deux rivaux se disputent la cave de l’immeuble et tentent de délimiter leurs territoires respectifs.

Suite à un énième larcin, Laz se retrouve derrière les barreaux. Quand il retrouve sa liberté, il tombe nez-à-nez avec Rabea sa voisine et ex- fiancée. La jeune femme au franc-parler en a épousé un autre.

Nabil Asli (acteur et scénariste) a crevé l’écran à travers le rôle de Laz. Né en 1980 à Fouka, ce comédien est licencié en arts du spectacle de l’INADC (Institut national des arts dramatiques) de Bordj El Kiffan.

Il a également joué dans des films comme : Harragas, Normal, Le Repenti, Demain, Alger ?.

Dans cet entretien, Nabil Asli nous parle d’El Batha, la série-télé phare de ce Ramadan 2023, qui a été plébiscitée par les téléspectateurs.

TSA : Comment avez-vous créé le personnage de Laz ?

Nabil Asli : Ce personnage, je l’avais déjà joué dans un one-man-show au théâtre et dans « Journal El Gosto », mais de manière assez sommaire.

Au cours de l’écriture du scénario d’El Batha avec Mohamed Bendaoud et Nassim Haddouche, nous lui avons donné plus d’épaisseur. Il fallait lui créer un univers et trouver un équilibre entre le côté dramatique et la comédie.

Laz est un personnage complexe. Il est maladroit, fait des bêtises, prend les mauvaises décisions. Dans le même temps, il aime sa maman, son quartier, ses amis. Il est quelques fois gentil et peut se montrer méchant dans d’autres situations. En fait Laz reflète la nature humaine, avec ses bons et ses mauvais côtés.

Il est profondément humain. Dans une comédie noire, il faut aussi ajouter de l’humour. A plus forte raison, quand les acteurs sont issus de la comédie. C’est ainsi qu’on retrouve, entre autres, ces moments spectaculaires et épiques avec Rabéa, sa fiancée ou ses échanges avec sa maman ou son petit frère.

Des situations drôles qui font de lui un être attachant, malgré son côté bad-boy. Ce n’est qu’à la fin, que Laz réalise qu’il a fait les mauvais choix et qu’il est passé à côté de sa vie.

TSA : Comment s’est passée l’écriture du scénario et où le tournage a-t-il eu lieu ?

Nabil Asli : Nous étions trois à écrire le scénario : Nassim Haddouche, Mohamed Bendaoud et moi-même.

C’était il y a trois ans pendant la pandémie du Covid. Nous nous retrouvions chaque jour chez Mohamed et nous passions plusieurs heures à chercher des idées. Cela a duré trois mois.

Quant au tournage, il a eu lieu dans le quartier d’El Achour et a duré deux mois. Nous tournions six jours sur sept, pendant 12 heures d’affilée. L’ambiance était très chaleureuse.

Entre les prises, on se racontait plein de blagues. Cela nous aidait à oublier la fatigue et le froid. Car oui, il faisait vraiment froid !

TSA : Un petit secret de tournage à nous révéler ?

Nabil Asli : Oui ! Je vais vous donner un scoop : le quartier de Laz est un décor. L’épicerie, le café et les appartements du quartier de Laz ont été montés à l’intérieur du CADC (Centre algérien de développement du cinéma).

TSA : Est-ce que ça a été facile de trouver un producteur pour cette série ?

Nabil Asli : La série a essuyé le refus de deux producteurs avant d’obtenir l’aval de Redouane Ouchikh qui a cru en ce projet et qui a réussi à convaincre Echorouk TV.

TSA : Est-ce qu’il y aura El Batha, saison 2 ?

Nabil Asli : Pour le moment, on ne le sait pas encore.

TSA : Futurs projets ?

Nabil Asli : J’ai tourné dans trois films qui sont déjà en boîte et dont nous ne connaissons pas encore la date de sortie : « La gare » de Lotfi Bouchouchi, « 196 mètres » un thriller réalisé par Chakib Bentaleb et « Meursault contre-enquête » de Malek Bensmail, adapté du roman de Kamel Daoud.

SUR LE MEME SUJET : 

Les Algériens de France agités par une série Netflix de Nawell Madani

Les plus lus