Économie

Seul contre tous, le gouvernement optimiste pour la croissance et l’inflation en 2019

En 2019, le gouvernement compte bien récolter les fruits d’un financement très généreux de l’économie en termes de progression de l’activité économique. Il prévoit une croissance de 2,6% pour l’exercice, avec une croissance hors hydrocarbure de 3,2%, selon les données dévoilées en décembre dernier par le ministre des Finances Abderrahmane Raouya.

Les secteurs de l’industrie, du bâtiment, des travaux publics, de l’habitat, de l’agriculture et des services contribueront à l’accélération de l’activité économique en 2019 en dépit du recul du secteur des hydrocarbures, précisait le ministre des Finances.

Dans le détail, les prévisions du gouvernement font état pour cette année d’un recul de la production du secteur des hydrocarbures de 1% qui devrait être compensé par la contribution à la croissance des secteurs du bâtiment et des travaux publics à hauteur de 4,7%, de l’industrie (5%), de l’agriculture (3,7%) et des services (1,8%).

La Banque Mondiale pointe une « croissance anémique »

Cet optimisme du gouvernement n’est pas partagé par les institutions financières internationales, Banque Mondiale et FMI en tête. Elles sont un peu moins optimistes que le gouvernement algérien, même si leurs prévisions pour l’année à venir n’ont rien d’apocalyptique.

À la mi-octobre, le dernier rapport de la Banque Mondiale sur l’Algérie avait annoncé, pour 2018, une croissance de seulement de 2,5 %, un chiffre très inférieur aux 3,5 % qui avait été prévu en avril dernier. Le rapport de la BM prédisait en outre un nouveau ralentissement de la croissance qui devrait être de 2,3 % en 2019.

La Banque Mondiale notait qu’« il sera difficile pour le taux de croissance du PIB de dépasser le seuil de 2% sur la période 2019/2020, ce qui représente une progression anémique pour un pays à revenu intermédiaire comptant une très forte proportion de jeunes ». La même institution n’hésitait pas à ajouter que les autorités algériennes auront du mal dans ce contexte à « résister à la tentation de retarder à nouveau le rééquilibrage des finances publiques ». Un pronostic largement confirmé par la dernière Loi de finances.

Une inflation toujours maîtrisée l’année prochaine

Le gouvernement prévoit également une maîtrise des pressions inflationnistes, avec une hausse des prix contenue à 4,5% en 2019, soit sensiblement le même niveau que celui enregistré en 2018.

Dans ce domaine c’est le FMI qui se montre moins optimiste que les autorités algériennes en prévoyant, dans ses publications d’octobre dernier, un taux d’inflation de 6,7% en 2019.

À propos du financement non conventionnel, Le FMI exprimait un point de vue très tranché : « Le financement non conventionnel va contribuer à aggraver les déséquilibres financiers internes et externes dont souffre déjà l’économie algérienne ».

Il recommandait son abandon pur et simple, dès l’année 2018, en évoquant d’autres alternatives que la planche à billets, notamment l’émission de titres de dette publique au taux du marché, des partenariats publics-privés, des ventes d’actifs et des « emprunts extérieurs pour financer des projets d’investissements bien choisis ». Des recommandations qui n’ont pour l’instant reçu aucun écho de la part des autorités algériennes.

| LIRE AUSSI : 2018, année de la planche à billets

Poursuite de la stabilisation de la valeur du dinar

Mais c’est certainement à propos de la gestion de la valeur du dinar que les positions de l’Algérie et du FMI sont les plus éloignées.

Les experts du FMI se montrent plus que sceptiques à propos d’une gestion de la monnaie nationale qui a conduit, depuis juin 2016, à stabiliser presque complètement la valeur du dinar par rapport au dollar.

Au printemps dernier, ils affirmaient encore : « Les politiques monétaire, financière et de change devraient soutenir l’ajustement. La poursuite des efforts, en vue d’aligner le dinar sur la situation fondamentale de l’économie, combinée à des mesures visant à la résorption du marché de change parallèle, favoriserait l’ajustement budgétaire et extérieur »

Pour l’année 2019, si on en juge par les prévisions annexées à la dernière loi de finance, la politique de stabilisation du taux de change va se poursuivre avec une parité dinar/dollar qui devrait se situer autour de 118 dinars/dollar en 2019, soit le même niveau que celui qui a été atteint à la fin de 2018 .

Abderahmane Raouya a confirmé à plusieurs reprises, devant les parlementaires notamment, que le gouvernement est fermement décidé à stabiliser « au cours des 3 années à venir » la valeur du dinar, en continuant à ignorer, au passage, superbement l’existence du marché parallèle de la devise.

| LIRE AUSSI : L’économie algérienne en 2019 : une année « normale » ou celle « de tous les dangers » ?

 

Les plus lus