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Situation des entreprises : il y a péril en la demeure

Situation des entreprises : il y a péril en la demeure

Coup sur coup, deux mauvaises nouvelles sont venues assombrir davantage le ciel de la situation économique et sociale du pays. Condor, puis l’Eniem, soit deux des plus grandes entreprises du secteur de l’électroménager et de l’électronique, ont annoncé la mise en congé forcé de leurs travailleurs, faute de disponibilité de matière première ou de financements.

1 700 travailleurs de l’Eniem sont concernés, tandis que la mesure touchera 1000 employés de Condor qui annonce aussi avoir dû procéder au licenciement de 2 400 travailleurs à durée déterminée.

Il y a bien péril en la demeure. Ce qui n’était jusque-là qu’un spectre entrevu par les spécialistes conséquemment aux bouleversements qui ont touché le monde de l’entreprise durant toute l’année 2019, est aujourd’hui une réalité palpable. Combien sont-ils à se retrouver sans emploi, ou même temporairement sans salaire, suite à la mise en difficulté de leur employeur ? En novembre dernier déjà, le président du Forum des chefs d’entreprise (FCE), Samy Agli, tirait la sonnette d’alarme et avançait le chiffre de 500 000 travailleurs envoyés au chômage.

« Le temps presse pour nous aujourd’hui, nous avons 500 000 travailleurs envoyés au chômage. Il doit y avoir un plan d’urgence pour soutenir les opérateurs économiques qui licencient des travailleurs. Nous ne voyons aucune solution proposée par le gouvernement actuel, mais nous enregistrons des gels des comptes des entreprises en difficulté financière », avait-il déclaré.

Depuis, d’autres contingents de pères de famille ont dû se retrouver sans ressources. Surtout, maintenant que des entreprises commencent à faire le choix de la transparence, donc à communiquer, le schéma du désastre se dévoile avec plus de précision.

L’Eniem n’est pas seulement un fleuron de l’industrie nationale, elle est surtout, avec les 1 700 personnes qu’elle emploie, un poumon pour la ville de Tizi Ouzou et les communes limitrophes. Condor aussi a fini par s’imposer comme une marque nationale de l’électronique, de l’électroménager et de la téléphonie. Dans la région de Bordj Bou Arréridj où elle est implantée, elle emploie plus de 6 500 personnes. L’entreprise a même réussi à placer ses produits sur le marché international, y compris ses smartphones. Ses déboires ont commencé depuis l’emprisonnement de ses propriétaires et fondateurs, les frères Benhamadi, pour des faits supposés de corruption.

De nombreuses autres entreprises se sont retrouvées dans la même situation pour les mêmes raisons, dont les plus connues sont celles des frères Haddad, des frères Kouninef, de Tahkout, Arbaoui, Oulmi… A eux seuls, ces groupes employaient des dizaines de milliers de travailleurs (les chiffres précis pour chaque entreprise ne sont pas disponibles) dans l’hydraulique, les travaux publics, l’assemblage automobile…

Paranoïa générale

L’emprisonnement de leurs patrons était suivi par le gel de leurs comptes bancaire et plus tard, du tarissement de la commande publique qui constituait l’essentiel du chiffre d’affaires de certaine de ces groupes. D’autres ont fait les frais des décisions du gouvernement, dénoncées par le FCE qui est revenu à la charge ce dimanche 2 février, citant l’obligation du différé de paiement, le blocage des autorisations d’approvisionnements en Kits et collections pour les filières électroménager et téléphonie mobiles, et les homologations des produits par les autorités de régulation ».

Mais c’est la paranoïa générale qui s’est emparé du monde de l’entreprise et de la gestion qui a dû faire le plus de dégâts. Au niveau des banques et des administrations publiques, personne ne veut rien signer.

Les annonces de mise au chômage de milliers de travailleurs traduisent en fait une dangereuse récession, dans une conjoncture où les perspectives économiques globales ne s’annoncent pas meilleures, avec un baril de pétrole qui retombe sous la barre des 60 dollars et des réserves de change qui continuent leur érosion inexorable.

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