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Soins à l’étranger : ce que révèle le cas du footballeur Samir Hadjaoui

Soins à l’étranger : ce que révèle le cas du footballeur Samir Hadjaoui

La Toile algérienne s’est enflammée récemment pour le cas émouvant d’un ancien joueur de football, atteint d’une grave maladie nécessitant son transfert à l’étranger. Toute l’Algérie s’est solidarisée avec Samir Hadjaoui, ancien gardien de but de l’ASO Chlef, de l’Entente de Sétif et de l’équipe nationale.

Son cas a été d’autant plus délicat que les frontières du pays étaient fermées- et le sont toujours à cause de la crise sanitaire. Après plusieurs jours d’appels et de partages sur les réseaux sociaux, le ministre de la Jeunesse et des Sports a annoncé, également via les réseaux sociaux, sa décision de se pencher sur le cas de l’ancien joueur, qui obtiendra et une prise en charge et une dérogation pour se déplacer dans un pays étranger afin d’y subir une intervention chirurgicale.

Le geste du ministre est louable et a soulagé tous ceux qui se sont solidarisés avec Samir Hadjaoui. Un jeune à la fleur de l’âge qui obtient une chance de recouvrer sa santé, c’est toujours une bonne nouvelle.

Néanmoins, ceux qui ont applaudi l’initiative ne perdent pas de vue que cette affaire rappelle une amère réalité : la difficulté qu’éprouve le commun des Algériens à accéder à la prise en charge pour des soins à l’étranger et l’opacité qui entoure la gestion de ce volet de la santé publique.

Déjà, beaucoup se demandent ce qui serait advenu de Samir Hadjaoui s’il n’était pas un ancien footballeur international et si l’opinion publique ne s’était pas mobilisée pour lui venir en aide. Sans doute qu’il se serait contenté de ce que peuvent offrir les hôpitaux algériens comme soins et attendre, au mieux, l’ouverture des frontières pour se débrouiller comme il peut et payer l’opération de ses propres moyens, s’il en possède bien entendu.

La réalité est bien triste : quand on n’est pas fortement épaulé, il faut une campagne médiatique soutenue pour accéder à une disposition pourtant prévue par la réglementation pour les cas dont le transfert est jugé nécessaire par les médecins. Pour le citoyen lambda, qui n’a ni les moyens financiers ni le bras long ni la notoriété pour mobiliser l’opinion, il ne reste que la solidarité de son entourage.

Il n’est pas rare en effet de rencontrer sur les axes routiers des jeunes qui font la quête pour financer les soins d’un voisin ou d’un parent en France, en Turquie ou ailleurs.

Mettre fin à l’opacité

Beaucoup de malades ont pu être sauvés grâce à cette entraide sociale qui se manifeste même au sein de la diaspora algérienne dans des pays où le système de santé ne prend en charge que ceux qui disposent d’une assurance solide.

C’était le cas il y a un mois au Canada quand une algérienne fraîchement installée a non seulement perdu son mari, mais s’est vu aussi réclamer une forte somme par l’hôpital qui l’avait pris en charge avant de décéder. Les membres de la communauté algérienne ont fait le nécessaire sans crier à l’ « inhumanité » de la direction de l’hôpital, les règles du jeu étant claires dès le départ et pour tous. On se fait soigner proportionnellement au montant de l’assurance contractée.

L’opacité est l’autre tare majeure du système de santé algérien, notamment quand il s’agit de prendre en charge des soins à l’étranger. En théorie, tout le monde en a le droit pour peu que des médecins assermentés en attestent la nécessité. Il est vrai que la caisse de la sécurité sociale ne peut pas répondre à toutes les demandes, mais il appartient à l’État de trouver le mécanisme qui permettrait de gérer tous les cas dans la transparence et de transférer, suivant les ressources disponibles, le maximum de malades pour lesquels les hôpitaux algériens ne peuvent rien.

Créer un système de santé de qualité

Ou, mieux, créer des produits d’assurance pour des soins bien déterminés dans un certain nombre de pays et, plus souhaitable encore, rendre remboursables les prestations du privé national, afin de lui permettre aussi de se développer et d’offrir des soins de qualité aux Algériens dans leur pays. En attendant, beaucoup d’Algériens s’endettent et se ruinent en payant comptant leurs soins dans les hôpitaux français, tunisiens et turcs.

On ne sait pas si le cas de Samir Hadjaoui était plus ou moins urgent que d’autres, mais il montre bien qu’il faut parfois l’intervention d’un responsable haut placé pour se faire transférer à l’étranger. Dans ce cas précis, pourquoi les organismes de sécurité sociale, qui ont pourtant délivré des prises en charge pour 246 Algériens atteints de cancer ces six derniers mois, selon le Pr Kamel Bouzid, n’ont pas réagi ? Le cas de Samir Hadjaoui est-il moins grave que ceux qui ont obtenu une prise en charge sans l’intervention publique d’un ministre ?

« Qui est parti à l’étranger ? Les résultats ? Combien on a payé ? (…) Pourquoi X part à Marseille pour se soigner et Y reste ici et meurt », s’est interrogé tout récemment le Pr Kamel Bouzid, directeur du CPMC de l’hôpital Mustapha. Aucun responsable du gouvernement ou des organismes de sécurité sociale n’a jugé nécessaire de répondre à cette question.

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