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Soudan : interrogations sur l’avenir de l’accord entre l’armée et l’opposition

Soudan : interrogations sur l’avenir de l’accord entre l’armée et l’opposition

Le Conseil militaire de transition, au pouvoir au Soudan depuis la destitution du président Omar el Béchir en avril dernier, et l’opposition ont annoncé vendredi avoir trouvé un accord sur le partage du pouvoir en alternance entre les deux entités durant une phase de transition qui doit durer trois ans pour déboucher sur l’organisation d’élections nationales.

L’accord prévoit une transition de 3 ans et 3 mois (39 mois), avec à sa tête un « Conseil souverain » qui dirigera le pays jusqu’à l’organisation d’élections. Les postes au sein dudit Conseil seront partagés entre l’armée et l’opposition.

Le Conseil souverain sera composé de cinq militaires et six civils, dont cinq issus de l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation. La présidence du Conseil de souveraineté s’effectuera quand elle en alternance. Elle sera entre les mains des généraux pour les 21 prochains mois, avant que l’opposition civile ne l’occupe pendant 18 mois.

L’initiative, parrainée par les médiateurs de l’Éthiopie et de l’Union africaine, intervient après plusieurs mois de tensions ayant suivi la destitution par l’armée du président Omar el-Béchir en avril. Les tensions avaient atteint leur paroxysme début juin lorsque les militaires soudanais ont réprimé dans le sang un sit-in des manifestants devant le QG de l’armée, faisant plus de 120 morts et entraînant la condamnation de la communauté internationale.

Le Conseil militaire de transition s’est dans ce contexte engagé ce samedi à « appliquer » et « préserver » l’accord conclu avec l’opposition. « Le Conseil militaire s’engage et promet de préserver ce sur quoi nous nous sommes mis d’accord, et veiller à son application », a indiqué le chef du Conseil militaire de transition, Abdel Fattah al-Burhane, dans une allocution télévisée citée par RTBF.

Plusieurs interrogations demeurent quant à l’éventualité de voir l’armée respecter cet accord, ou encore sur le degré d’acceptation de l’accord par la population. Si la nouvelle de l’accord a provoqué vendredi des scènes de liesse dans les rues d’Omdurman, deuxième capitale du pays, une partie des Soudanais continuait d’exiger un retrait total des militaires et le transfert du pouvoir aux civils.

« [Les militaires] ne sont pas soudainement devenus démocrates. Ils pensent sur le long terme. Ils ont 21 mois pour consolider leur contrôle, truquer le système à leur avantage et diviser les civils », a estimé dans ce cadre l’expert Cameron Hudson, du think tank américain Atlantic Council, cité par RFI.

« Les militaires, ou plus globalement l’appareil sécuritaire, vont-ils pleinement coopérer avec les membres civils du Conseil, ou est-ce que ce sera seulement une coopération de façade ? », s’interroge quant à lui Andreas Krieg, professeur à l’université King’s College de Londres, cité par Les Echos.

« Même dans le meilleur des scénarios, le Soudan devra cheminer sur une transition pleine de défis pour des années », estime pour sa part Alan Boswell, de l’International Crisis Group (ICG), cité par la même source. Ce dernier considère que les contestataires « vont quasi certainement avoir besoin de continuer à mobiliser la rue pour faire pression sur le Conseil militaire, afin qu’il respecte ses engagements ».

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