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Stades de foot et développement en Algérie : une question de priorités

Stades de foot et développement en Algérie : une question de priorités

L’Algérie, qui a engrangé une énorme cagnotte pétrolière en 2022, renoue avec la réalisation d’infrastructures sportives d’envergure.

Les autorités viennent d’annoncer la levée du gel sur deux grands stades au profit des villes de Sétif et de Béjaïa.

Mercredi, le wali de Sétif a annoncé la relance de l’étude pour la réalisation d’un grand complexe sportif, constitué d’un stade de football de 50.000 places et d’autres dépendances.

Le projet était programmé, il y a plus de dix ans, mais il a été gelé à cause du manque de ressources financières. Le coût de l’étude est estimé à 1,2 milliard de dinars.

Sa relance a toujours été réclamée par les supporters du club local de l’Entente de Sétif, deux fois champion d’Afrique et plusieurs fois champion d’Algérie.

Ce jeudi 25 mai, c’est l’Assemblée populaire de la wilaya de Béjaïa qui a annoncé sur les réseaux sociaux la relance de l’étude du projet du nouveau stade de la wilaya, d’une capacité de 30.000 places.

Le projet a été inscrit en 2013 et gelé en 2015 pour les mêmes raisons qui ont conduit au gel du stade de Sétif. Les coûts estimés pour le nouveau stade de Béjaïa sont de 410 millions de dinars pour l’étude et 1,3 milliard pour la réalisation.

Ces coûts vont certainement augmenter une fois les chantiers lancés comme cela a été le cas pour la majorité des projets d’infrastructures en Algérie.

L’Algérie a réalisé ces dernières années quatre stades d’envergure, deux de 40.000 places à Alger (Baraki et Douera) et deux de 50.000 places à Oran et à Tizi-Ouzou. Les stades d’Oran et de Baraki sont déjà opérationnels, celui de Tizi-Ouzou est achevé et seul celui de Douera est encore en travaux.

Lors de l’inauguration du stade Nelson Mandela de Baraki, en janvier dernier, le président de la République a annoncé la construction de deux nouveaux stades dans le Sud du pays, à Béchar et Ouargla, et n’a pas exclu l’éventualité de réaliser une autre infrastructure similaire à l’Est du pays, « si le stade de Constantine s’avère insuffisant ».

Avant ces nouvelles acquisitions, l’Algérie disposait déjà de grands stades à Alger, Constantine et Annaba.

Le même jour, le wali d’Oran a annoncé la réalisation d’une statue de l’Émir Abdelkader sur le mont Murdjadjo qui surplombe la ville, pour un coût de 1,2 milliard de dinars.

Après Sétif, Béjaïa : la fièvre des nouveaux stades s’empare de l’Algérie

Les annonces faites mercredi et jeudi ont été accueillies avec beaucoup de joie par le public sportif des villes concernées qui rêvent de voir leurs clubs respectifs évoluer dans des enceintes modernes.

Mais, comme à chaque inauguration ou annonce d’un nouveau projet de stade, des voix se sont élevées un peu partout à travers le pays pour réclamer des infrastructures similaires, comme le montrent les commentaires postés sur les réseaux sociaux. Des supporters du Sud et de certaines villes du Nord réclament, eux aussi, des stades de classe mondiale.

D’autres estiment qu’au rythme de cette surenchère, l’Algérie ne cessera jamais de se doter de grands stades aux normes internationales, extrêmement coûteux, alors que beaucoup lui reste à faire en matière de développement local.

Le pays a un besoin plus urgent de barrages et de stations de dessalement pour combler le déficit en alimentation en eau, d’hôpitaux et de routes, souligne-t-on. Pour les enceintes sportives, l’effort doit désormais être axé sur les infrastructures de proximité, petits stades et salles de sport.

Au lieu de construire un grand stade à Béjaïa, certains pensent qu’il serait préférable de réaliser des stades et des salles de sport dans les villes et villages de cette wilaya pour permettre le développement de la pratique du sport et permettre un accès équitable des populations aux infrastructures sportives.

À propos des routes, il y a à peine quelques semaines, le dédoublement de la RN9, reliant justement Béjaïa et Sétif, a été soulevé au cours d’une visite du ministre des Travaux publics, Lakhdar Rekhroukh. La route, vitale pour la population des deux wilayas, est très étroite et n’est plus adaptée aux besoins de la région.

Le dédoublement de cet axe routier important nécessite des ouvrages coûteux et une enveloppe de 43 milliards de dinars et le ministre a promis de proposer le projet.

Si certains jubilent après l’annonce de la relance du stade, d’autres estiment que la priorité devait être donnée à la RN9, soulignant que même la pénétrante qui relie Béjaïa à l’autoroute est-ouest, et qui revêt une importance économique majeure, traîne en longueur et n’est toujours pas livrée entièrement.

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