Le président Abdelmadjid Tebboune a adressé de nombreux messages rassurants ce jeudi 16 novembre aux chefs d’entreprises algériens lors d’une rencontre sur l’entrepreneuriat à Alger.
C’est peut-être l’une des raisons du dernier changement à la tête du gouvernement, avec le remplacement d’Aïmene Benabderrahmane par Nadir Larbaoui.
Le président de la République s’est exprimé ce jeudi 16 novembre sur la situation économique du pays et a évoqué devant les chefs d’entreprises le fameux « comité des cinq » ministres qui distribuait les redressements aux hommes d’affaires. Cette affaire, dénoncée par Saïda Neghza, avait fait couler beaucoup d’encre.
Abdelmadjid Tebboune a assisté ce jeudi 16 novembre au Centre international des conférences (CIC) d’Alger à la clôture d’un séminaire de trois jours organisé par le Conseil du renouveau économique algérien (Crea), en marge de la semaine mondiale de l’entrepreneuriat.
« L’entrepreneuriat au cœur du renouveau économique algérien » est le thème choisi pour ce séminaire auquel est convié tout le gotha de l’économie algérienne.
Le nouveau Premier ministre Nadir Larbaoui était également présent. « Je suis devant des gens intègres », a indiqué le chef de l’Etat, comme transition avant d’évoquer la « tragédie » et les pratiques d’un « passé douloureux ».
Le président Tebboune s’est attardé sur ces pratiques qui ont grevé l’économie nationale et l’on empêchée de réaliser une croissance appréciable malgré les énormes potentialités du pays et sa situation géostratégique de choix.
Abdelmadjid Tebboune, qui a rappelé qu’il a tenté lors de son passage éphémère au poste de Premier ministre en 2017, de séparer la politique de l’argent occulte et de moraliser la vie politique et économique, a réaffirmé son engagement pour une rupture définitive avec ces pratiques qui ont anéanti « les capacités du pays » au service d’ « intérêts étroits ». « Nos richesses servaient à renforcer d’autres pays », a-t-il déploré, se félicitant du fait que le Hirak a sauvé l’Algérie d’un « effondrement total ».
Le changement n’a pas été sans résistance de ceux qui ont « la nostalgie du passé », a reconnu le chef de l’Etat, mettant toutefois en garde ceux qui tentent de « faire pression sur l’Etat, en cherchant à créer des chaînes de télévision à partir de l’étranger ».
« Aucune puissance ne peut faire pression sur l’Algérie, nous avons atteint le point de non-retour dans la défense de notre souveraineté », a-t-il assuré, exprimant le vœu de « clore définitivement » ce dossier de la période passée.
Tebboune aux opérateurs économiques : « Vous êtes sur la bonne voie »
Ces résistances au changement sont néanmoins marginales, a reconnu le président Tebboune. A propos de la surfacturation et la récente affaire qui a beaucoup fait jaser, Abdelmadjid Tebboune a tenu à rassurer les opérateurs économiques que « personne ne leur imposera » plus que ce qu’ils peuvent supporter.
Plus direct, il reconnaît que le « comité des 5 ministres » qui infligeait des amendes salées aux hommes d’affaires accusés de surfacturation « a dépassé ses prérogatives ». « S’il y a lieu de récupérer l’argent de l’Etat, cela se fera désormais par d’autres voies », a-t-il assuré.
L’existence de ce comité a été dénoncée par la présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), Saïda Neghza, dans une lettre ouverte au président de la République le 7 septembre dernier. Quelques jours plus tard, le président du Crea, Kamel Moula, a annoncé le gel du comité à l’issue d’une rencontre avec le chef de l’Etat.
Malgré toutes ses directives, certains blocages à l’investissement persistent en Algérie, a déploré le président de la République, refusant par exemple que les walis délivrent des « autorisations provisoires » aux entreprises dont les projets étaient restés bloqués pendant plusieurs années.
Il a aussi cité le cas d’une centaine d’entreprises à Blida qui n’ont pu démarrer leurs activités à cause d’une tracasserie bureaucratique liée au passage d’une conduite de gaz. Le président de la République a dénoncé le « sous-développement mental » qui génère les « sous-développement économiques », insistant sur le fait que les lois doivent être appliquées et les problèmes réglés avec célérité. La question du foncier industriel, restée en suspens pendant quatre ans, a pu être réglée en 24 heures, a-t-il cité en exemple.
Mardi, le président de la République avait déjà insisté sur l’impératif pour le gouvernement d’appliquer avec la plus grande célérité les décisions du conseil des ministres.
Cela dit, beaucoup a été fait dans le sens de la levée des blocages et des entraves bureaucratiques, s’est félicité le chef de l’Etat, rappelant que la levée du blocage sur 900 projets à l’échelle nationale a permis la création de 22 000 emplois directs.
Évoquant l’état de l’économie nationale, Abdelmadjid Tebboune a réitéré son satisfecit des avancées réalisées en quatre ans. « Vous êtes sur la bonne voie », a-t-il lancé à l’assistance composée d’opérateurs économiques.
L’Algérie œuvre aujourd’hui à bâtir une économie de la connaissance créatrice de richesse, orientée vers l’exportation et la satisfaction des besoins nationaux et basée sur les startups et les PME ainsi que sur le secteur privé.
L’économie algérienne est aujourd’hui privée à 85 % mais reste largement tributaire du financement de l’Etat, a fait remarquer le président de la République.
Ce qui constitue un frein pour les efforts de dépénalisation de l’acte économique puisque, a-t-il expliqué, « là où va un centime de l’Etat, il faut qu’il y soit suivi et contrôlé ».
M. Tebboune a appelé le privé à s’autofinancer en se dirigeant par exemple vers l’investissement dans le secteur bancaire, annonçant au passage l’ouverture à 30 % du capital de deux ou trois banques publiques d’ici la fin 2024.
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