Politique

Tebboune : « Nous allons vers un climat beaucoup plus apaisé »

Les mesures d’apaisement devraient continuer à être prises. C’est ce qui ressort des propos tenus par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, dans un entretien accordé à France 24 diffusé ce samedi 4 juillet. « Nous allons vers un climat beaucoup plus apaisé », a assuré le chef de l’État.

Interrogé si d’autres détenus du Hirak seront libérés, le président n’a pas exclu l’éventualité. « C’est possible. Nous avons une période qui nécessite l’effort de tous les Algériens et toutes les Algériennes. Je pense qu’on peut ne pas s’entendre sur une démarche, mais nous allons vers un climat beaucoup plus apaisé qui permette de procéder et d’aller vers les changements que j’ai promis personnellement », a-t-il répondu.

« En tant que président j’exercerai mes prérogatives constitutionnelles de grâce chaque fois que cela est nécessaire. Ceci dit, je tiens à relever quand même une équivoque. La justice a sévi avec certains de ceux qui sont actuellement en détention, ou même ceux qui ont été libérés pour insultes et incitation aux attroupements et incitation à la mutinerie pour certains corps, ce qui est complètement interdit », a indiqué Abdelmadjid Tebboune qui a gracié mercredi dernier six détenus du hirak, avant que la justice ne remette en liberté au moins quatre autres le lendemain.

Pour le président, le problème, c’est l’insulte et l’invective. « Je peux vous assurer, vous n’avez qu’à lire la presse algérienne, nous sommes le pays du tiers monde, africain et même arabe à avoir 160 quotidiens aussi caustiques les uns que les autres, mais jamais quelqu’un n’a été inquiété. Tant qu’on relève le niveau, qu’on fasse de l’opposition aux idées, on oppose des idées à d’autres idées, une démarche à une autre démarche, il n’y a aucun problème. Le problème c’est l’insulte, l’invective. Ça, le code pénal ne le permet pas et ne le permettra pas », insiste-t-il.

Même dans les discussions sur la révision constitutionnelle, Tebboune dit ne pas voir « d’inconvénient » à inclure des gens qui « manifestaient », autrement dit personnalités du hirak. « Ce n’est pas un critère, mais s’il y a des constitutionnalistes parmi eux, moi je ne vois pas d’inconvénient », dit-il.

« Je n’ai jamais soutenu le cinquième mandat »

Pour le calendrier, le chef de l’État avoue qu’il a été chamboulé par la situation sanitaire, mais dit garder l’espoir d’organiser un référendum à la rentrée sociale.

« Notre objectif c’était au plus tard fin juin, mais il y a eu des circonstances qui nous ont été imposées par nature, donc on n’y peut absolument rien. Ce n’est pas différé puisque la discussion sur la constitution a continué, elle s’est même accélérée ces derniers temps, nous avons pratiquement 2 000 propositions de changement, de retrait d’article, d’extension d’article ou d’ajout, nous allons tenir compte. La commission a commencé à se réunir, on va même l’élargir pour avoir d’autres opinions autres que celles de la commission, ensemble. Je pense que si le Covid s’atténue, que la cohabitation arrive à des chiffres très bas, on peut aller vers un référendum à la rentrée sociale, en septembre ou octobre », souhaite-t-il.

Le régime politique qui sera mis en place par le biais de la nouvelle constitution sera un régime semi-présidentiel, mais différent du modèle français.

« Le modèle sera totalement algérien. Je l’ai dit et redit, nous avons nos réalités d’une culture, ça c’est indéniable. Nous avons notre culture et nous allons vers quelque chose qui nous soit propre. On ne va pas vers le mimétisme, le mimétisme ne mène nulle, parce que vérité est en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà. Ce n’est pas la même mentalité, ce n’est pas la même démarche, ce n’est pas le même soubassement démocratique, mais on va vers un régime semi-présidentiel qui donne énormément d’autorité aux élus, notamment à l’assemblée nationale », promet-il.

« C’est la première fois que l’assemblée nationale va proposer elle-même des lois, que l’assemblée nationale aura le droit de créer toutes les commissions de contrôle qu’elle veut sur un sujet, sur un ministère, sur un secteur ou autre et on tiendra compte de leurs opinion, pour contrôler la gestion du gouvernement. On est en train de mettre beaucoup de verrous qui interdiront à l’avenir tout glissement vers le pouvoir personnel », détaille Abdelmadjid Tebboune.

À propos de pouvoir personnel, il assure qu’il n’a jamais été pour le cinquième mandat de Abdelaziz Bouteflika.

« Je tiens à relever une équivoque, je n’ai jamais été pour le cinquième mandat. Jamais. Parce l’histoire du cinquième mandat a commencé en 2018 et, en 2018, j’étais chez moi et aucun cas je n’étais pour le cinquième mandat et je trouvais que c’était aberrant parce que pour l’avoir approché en tant que Premier ministre, il n’avait plus la parole et il ne pouvait plus s’exprimer. On ne m’a pas demandé mon avis, j’étais exclu », rectifie-t-il. Quant au jugement de l’ancien président, Tebboune souligne que cela relève des prérogatives de la justice et fait remarquer que, pour le moment, « il n’en est pas question ».

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