Économie

Téléphonie mobile : les producteurs s’alarment des conséquences néfastes de la fin du régime SKD

Le collectif des « fabricants des produits électroniques, électroménagers, IT & Mobiles » a plaidé ce lundi sa cause auprès de la ministre de l’Industrie afin de revenir sur la décision du gouvernement de suspendre de manière définitive le dispositif de montage de téléphonie mobile en Algérie.

« Nous n’avons aucune intention de nier que les taux d’intégration actuels sont infimes mais il faudrait tout de même souligner que les perspectives de son amélioration sont importantes, d’autant plus que c’est les producteurs eux-mêmes qui ont longtemps appelé, depuis 2015, à la mise en place du dispositif CKD relatif à la filière téléphonie mobile », plaide le collectif dans un courrier adressé ce lundi à la ministre de l’Industrie Djamila Tamazirt, dont TSA détient une copie.

« Nous attirons votre attention que cette mesure, qui prévoit de mettre au même pied d’égalité les producteurs et les importateurs, n’est pas sans induire des conséquences négatives et dramatiques sur la filière du montage de téléphonie mobile », prévient le collectif.

Ce dernier cite comme conséquences le risque de perte de 6000 emplois directs et 20000 emplois indirects, la perte d’investissement « en devises de surcroît », l’encouragement de « la prolifération du marché parallèle de téléphones et de la devise » ou encore la perte du « développement technologique, acquis et potentiel ».

« Les producteurs ont consenti des investissements colossaux, en devises de surcroît, afin de mettre en place les unités de montage, lequel investissement qui risque de disparaitre », déplore le collectif, qui estime en outre que cette disposition « ne manquera pas de susciter la perte de la relation de confiance développée avec les opérateurs étrangers de marques mondiales ».

Le marché algérien des téléphones portables représente entre 8 et 10 millions d’unités par an. Le retour à l’importation du produit fini va induire une hausse des prix de 90% entre les droits de douane (30%) et le DAPS (surtaxe, 60%), selon un producteur.

« La mise en place d’une industrie de montage a le mérite d’asseoir une discipline dans le marché de la téléphonie mobile, notamment en ce qui concerne l’origine des marques, la garantie des produits et la prise en charge du client. Ainsi, la suppression de ce dispositif conduira fatalement au retour de la prédominance du marché parallèle », met également en garde le collectif.

Le Collectif assure que la mise en place du dispositif SKD dans la téléphonie a permis de réduire la facture de l’importation des téléphones portables.

« Il importe de rappeler que la facture d’importation a toujours été élevée, et a connu une ascension fulgurante, notamment suite à l’avènement de la 3G et la 4G en Algérie, en enregistrant l’évolution suivante », explique le Collectif, en précisant que cette facture « était supérieure à 400 Millions USD en 2014, 530 millions USD en 2015 et à 650 millions USD en 2016 ».

Il souligne que « durant toutes ces années l’importation des téléphones mobiles était majoritairement en produits finis et soumise à un droit de douanes réduit à 5% », et précise qu’en 2017 « la facture a baissé à moins de 230 millions subséquemment à l’interdiction de l’importation de produits finis ». Et qu’en 2018, cette facture a atteint « 511 Millions, suite à la conversion des importations produits finis vers l’industrie de montage local (SKD). »

Dans ce contexte, le collectif appelle le gouvernement à « surseoir à la décision de suppression du régime SKD de téléphonie mobile », à réviser à la hausse « les droits de douanes du régime SKD de téléphonie mobile tout en maintenant le DAPS (surtaxe) pour le produit fini », ainsi qu’à mettre en place « un comité mixte (ministère de l’industrie-Collectif des fabricants) pour travailler sur un plan de conversion du régime SKD vers le régime CKD ».

« Nous sommes persuadés que les pouvoirs publics n’accepteraient jamais de sacrifier un secteur productif au détriment d’une orientation import-import hautement défavorable aux producteurs nationaux et très préjudiciable à l’économie nationale », conclut le collectif à l’attention de la ministre de l’Industrie.

Le Collectif rappelle que le dispositif SKD « continue à exister partout dans le monde ».

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