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Tentative d’attaque contre une mosquée : silence officiel et traitement minimal dans les médias

Onze jours après l’attaque de la mosquée Finsbury Park à Londres, un homme a tenté hier jeudi vers 18h30 de foncer en voiture dans la foule devant la mosquée de Créteil (Val-de-Marne), sans faire de blessé. « Un individu à bord de son véhicule 4X4 a heurté à plusieurs reprises les plots et barrières placés en protection de la mosquée de Créteil », a indiqué la préfecture de police de Paris. « Ne parvenant pas à passer les obstacles, le conducteur du véhicule a poursuivi sa course, percuté un terre-plein, puis a pris la fuite », précise le communiqué.

Interrogation sur la responsabilité pénale de l’individu

« Ma crainte été fondée. À la suite de l’attaque de Londres, sur les réseaux sociaux, des groupes identitaires français ont regretté qu’il n’y ait eu qu’un seul mort et pas des dizaines. J’ai alors tout de suite réagi en demandant au gouvernement de procéder à la sécurisation des lieux de culte en cette fin de ramadan », indique Abdallah Zekri.

Le président de l’Observatoire national contre l’islamophobie au Conseil français du culte musulman (CFCM) a précisé à TSA qu’il se constituait partie civile. « Cet homme était là pour tuer. Sans barrières, il y aurait eu un drame », ajoute-t-il. Karim Benaïssa, le président de l’Union des associations musulmanes de Créteil (UAMC), qui gère la mosquée, va porter plainte.

Alors que le suspect – un homme de 43 ans d’origine arménienne et détenteur d’un titre de séjour- a été interpellé dans la soirée à son domicile, l’enquête doit permettre, selon la préfecture de police de Paris, de déterminer « les motivations du conducteur et de déterminer sa responsabilité pénale ». Une déclaration qui choque Abdallah Zekri. « Je condamne le fait que l’on trouve des circonstances atténuantes à cet homme. On parle de quelqu’un qui est malade ».

Vendredi en début d’après-midi, une source policière a, en effet, indiqué à l’agence Reuters que l’individu était soigné pour schizophrénie et avait déjà été hospitalisé deux fois en psychiatrie. En outre, il est toujours en garde à vue pour tentative de meurtre en raison de l’appartenance à une religion, mise en danger d’autrui et dégradation.

Aucune condamnation de l’Élysée 

Si le pire a été évité, l’absence de réactions de la part de la classe politique, irrite le président de l’Observatoire national contre l’islamophobie du CFCM. « On attend toujours une réaction de l’Élysée ». Seul un très bref communiqué diffusé dans la soirée précise que Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, également en charge des Cultes, s’associe « à l’émotion de la communauté musulmane » à la suite de cette agression.

Au Royaume-Uni, quelques heures après l’attaque terroriste de Londres -qui a fait un mort et une dizaine de blessés le 19 juin- la Première ministre Theresa May avait dénoncé une attaque « écœurante ». « Notre détermination à contrecarrer (les actes de terrorismes, ndlr) sera la même quel que soit leur responsable », avait-elle martelé.

L’auteur, Darren Osborne, 47 ans, a été inculpé pour « meurtre en lien avec le terrorisme », ont annoncé le parquet et la police. C’est une première dans un pays occidental. Habituellement, le qualificatif de terrorisme est réservé aux attentats revendiqués par les groupes terroristes islamistes.

Traitement minimal dans les médias 

Au silence officiel s’ajoute un traitement médiatique particulier. D’ordinaire si réactives, les chaînes d’information en continu françaises ont fourni le service minimal hier soir après cette tentative d’attaque contre des fidèles, constatent de nombreux internautes sur les réseaux sociaux.

Les médias en ligne, eux, se sont contentés de reprendre les dépêches de l’AFP ou de Reuters.  Aucun grand quotidien national n’évoque l’incident. De son côté, un article du Monde.fr s’interroge sur la nature de l’acte de jeudi soir : « Tentative de meurtre ou attentat manqué ? Fait divers ou acte à caractère terroriste ? ».

Certes, il faudra que l’individu soit entendu par les enquêteurs pour connaître ses motivations exactes- selon le site internet du Parisien, il aurait dit avoir voulu « venger le Bataclan et les Champs-Élysées »-, mais Abdallah Zekri se dit « scandalisé par une info à double vitesse où l’on passe sous silence un tel événement ».

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