L’Inde et l’Algérie accélèrent leur rapprochement. Une visite du premier indien Narendra Modi est à Alger est annoncée pour bientôt. En attendant, c’est délégation parlementaire indienne qui séjourne en Algérie depuis vendredi 30 mai pour une visite de quatre jours.
La visite s’inscrit dans le cadre du renforcement des relations entre les deux pays et des efforts de l’Inde pour expliquer à la communauté internationale sa lutte contre le terrorisme, et son conflit avec le Pakistan qui a culminé début mai dernier, avec une guerre éclaire entre les deux pays.
Elle est dirigée par Shri Baijayant Jay Panda et comprend dans ses rangs l’ancien ministre des Affaires étrangères, Harsh Vardan Shringla. «Le Premier ministre indien, Narendra Modi, effectuera bientôt une visite en Algérie», a annoncé le chef de cette délégation lors d’une rencontre avec la presse à l’ambassade de son pays à Alger, selon El Moudjahid.
La visite survient après un nouvel épisode de tensions et d’affrontements armés entre l’Inde et le Pakistan ayant pour origine l’activisme de groupes armés fondamentalistes.
Le premier ministre indien bientôt en Algérie
Le chef de la délégation parlementaire indienne a estimé que « l’Algérie et l’Inde peuvent collaborer et mettre en œuvre un mécanisme commun en matière de lutte contre cette hydre ». « L’Algérie est un champion de la lutte antiterroriste et contre l’extrémisme. Nous voulons apprendre et bénéficier de votre expertise dans ce domaine», a-t-il dit, selon le même média.
At event in *Algeria* attended by Algerian media, think tanks, Indian community, officials from Algeria’s Ministry of Foreign Affairs and friends of India in Algeria, along with the leader @PandaJay and other members of the All-Party Parliamentary delegation, I said India and… https://t.co/jSC5yjtmQP
— Harsh V Shringla (@harshvshringla) June 1, 2025
De son côté, Harsh Vardhan Shringla, a déclaré que « l’Algérie a beaucoup appris ces dernières décennies : le mouvement salafiste que vous avez dû combattre trouve son origine au Pakistan. Nous combattons la même idéologie extrémiste en Inde. Nous combattons le même niveau insensé de terrorisme et de violence, et je pense que nos deux pays doivent travailler ensemble… ».
La presse indienne a rapporté les propos tenus en Algérie par un membre de la délégation indienne sur le takfirisme, soulignant que l’Algérie avait elle-même fait face à cette idéologie pendant les années 1990.
Asaduddin Owaisi est président de l’AIMIM, ou All India Majlis-e-Ittehadul Muslimeen, le principal parti politique indien représentant la minorité musulmane de l’État d’Andhra Pradesh.
Selon le site the week.in, Owaisi s’est exprimé à Alger sur la situation qui prévaut dans son pays, estimant qu’il n’y avait aucune différence idéologique entre les groupes terroristes qui opèrent à partir du Pakistan et les organisations terroristes internationales comme l’État islamique ou Al-Qaïda. « Ils croient bénéficier d’une couverture religieuse, ce qui est totalement faux. L’islam interdit de tuer qui que ce soit, et malheureusement, c’est leur idéologie », a-t-il souligné, cité par le même média.
Terrorisme : l’Inde rappelle la tragédie algérienne des années 1990
Le journal indien a expliqué que le takfirisme désigne une idéologie qui appelle à tuer ses coreligionnaires considérés comme apostats ou mécréants. Or, ajoute-t-il, ceux qui déclarent à tort un musulman apostat sont eux-mêmes considérés comme mécréants. Il cite l’exemple de l’État islamique qui a qualifié les musulmans chiites et soufis de mécréants, mais aussi le Pakistan où plusieurs ahmadis ont été tués par des terroristes au nom de la même idéologie.
Une idéologie que l’Algérie a connue par le passé, rappelle le journal indien. De 1991 à 2002, le GIA (Groupe islamique armé), a déclaré comme mécréants tous ses rivaux et « massacré des centaines de civils innocents au nom de la religion ». « À l’exception de ceux qui sont avec nous, tous les autres sont des apostats et méritent la mort », a déclaré son chef, Antar Zouabri, écrit the week.in.
Asaduddin Owaisi a insisté sur le rôle du Pakistan, appelant la communauté internationale à prendre la menace au sérieux. « Ce n’est pas seulement une question d’Asie du Sud. Nous sommes la quatrième économie mondiale. Que va-t-il se passer ? Voulez-vous que tout ce carnage se propage dans différentes régions d’Asie du Sud ? Non. Il est dans l’intérêt de la paix mondiale de contrôler le Pakistan », a-t-il plaidé.