Tout le monde le sait : depuis quelques mois, décrocher ou renouveler son titre de séjour en France relève du parcours du combattant. En 2019, un système de rendez-vous en ligne de demande et de renouvellement des titres de séjour a été mis en place. Mais les rendez-vous en préfecture sont difficiles à obtenir et les conditions ont été considérablement durcies avec les différentes lois et circulaires prises, notamment celle de janvier dernier signée par Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur.
Régulièrement, des associations de défense des immigrés et des personnalités politiques de gauche dénoncent cette situation qui touche toutes les préfectures. Mais il y a des préfectures qui ont la réputation d’être un véritable enfer pour les demandeurs de titre de séjour. C’est le cas de celle de l’Essonne, près de Paris.
Des milliers de dossiers de titres de séjour en souffrance
L’année 2024 a été particulièrement dure pour les usagers. Les demandeurs de certificats de résidence passaient des nuits blanches devant les locaux pour espérer voir leur dossier traité. En octobre dernier, on apprenait que plus de 10.000 dossiers étaient en souffrance dans cette préfecture. « Il y a des gens qui attendent depuis deux ans le renouvellement de leur titre de séjour », avait expliqué un député de L’Essonne, soulignant que certains demandeurs sont présents en France depuis « plus de 30 ans ».
Malgré les critiques, les choses ne semblent pas s’améliorer. Bien au contraire, estiment des associations d’aide aux immigrés et des syndicats de lycéens qui ont manifesté mercredi 7 mai devant la préfecture pour dénoncer « les conditions d’accueil indignes et la maltraitance des personnes étrangères », rapporte le média Actu.fr. En plus des délais de traitement très longs des demandes de cartes de résidence, la préfecture est accusée de délivrer de nombreuses OQTF (obligations de quitter le territoire français), y compris à des lycéens.
Selon la même source, les manifestants ont exigé notamment :
– la mise en place de délais « raisonnables » d’instruction des demandes de titre de séjour
– le déblocage des demandes d’admission exceptionnelles au séjour
– la mise en place d’un accueil en présentiel dans la préfecture
– la délivrance systématique d’un récépissé
– le renouvellement de ces documents avant la fin de leur validité
– l’arrêt des OQTF « déloyales » touchant les jeunes majeurs scolarisés
Pour sa part, la préfecture de l’Essonne a critiqué l’utilisation de certains termes par les manifestants. Selon elle, ces termes « mettent en cause la qualité du travail et le sens du service public des agents de la préfecture ».
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