De nombreux étrangers installés de manière régulière en France se retrouvent, du jour au lendemain, sans-papiers à cause de retards administratifs. Privés de titre de séjour, ces personnes risquent de perdre tout ce qu’elles ont pu construire dans l’Hexagone au fil des années.
Ces étrangers ont souvent vécu en France de manière régulière pendant plusieurs années, sans avoir eu la moindre difficulté à renouveler leur titre de séjour. Ceci dit, les choses ont changé ces dernières années.
La procédure de demande de renouvellement des titres de séjour s’est complexifiée et les préfectures se sont mises à faire du retard dans la délivrance de ces documents d’une importance capitale pour les étrangers non-européens installés en France.
Dans un article publié ce 4 mai 2025, le média français Libération s’est plongé dans le quotidien de plusieurs étrangers n’ayant pas réussi à finaliser le renouvellement de leurs titres de séjour dans les délais.
En France depuis les années 2000, sans-papiers depuis janvier dernier
Parmi ces étrangers malchanceux, il y a Mounir, la cinquantaine, habitant du quartier de Creil (Oise). Cet Algérien arrivé en France au début des années 2000, après s’être marié à Samira, une Franco-Algérienne, vit désormais avec la peur au ventre.
Père de trois adolescents, Mounir, reste collé chaque nuit à son téléphone à rafraîchir une page du site web de sa préfecture. Conjoint de Française, ce cinquantenaire explique qu’il a déposé sa demande de renouvellement de titre de séjour en novembre dernier mais qu’il est toujours « en attente ».
Le père de famille précise qu’il se trouve « en situation irrégulière, à cause des retards de la préfecture, depuis le mois de janvier ». Mounir a désormais des insomnies.
Cet Algérien assure pourtant « qu’il a toujours été en règle ». Toujours à payer ses impôts, ses cotisations. « Mon père m’a appris à ne jamais tricher », assure-t-il. Il montre au média français ses fiches de paie, les quittances des impôts ainsi que le livret de famille. Il ne manque que le titre de séjour.
Sans titre de séjour, il fait face à une grande précarité
Pour régler sa situation, le désormais sans-papiers souhaite parler à un employé de sa préfecture. Hélas, c’est impossible, vu que tout est désormais dématérialisé. « Les humains n’existent plus vraiment. Tout se fait en ligne », note Libération.
En attendant, Mounir s’inquiète. Il est traversé par plusieurs interrogations. Il se demande notamment s’il risque d’être licencié par son employeur car il n’est plus régulièrement installé en France.
En effet, ce sans-papiers algérien risque de perdre son travail avant que son titre de séjour ne lui soit délivré. Il ne pourra pas non plus voyager à l’étranger, au risque de ne plus pouvoir revenir en France. De plus, son attente pourra se solder par une décision de sa préfecture portant sur le refus de sa demande de renouvellement.
Dématérialisation : un mur numérique entre les étrangers et la préfecture
De nombreux autres étrangers interrogés par Libération sont dans le même cas que Mounir. Pour Gustave, un bénévole à la Cimade, « ce sont des immigrés en situation régulière qui n’ont commis aucune infraction et qui se trouvent en situation irrégulière à cause des retards de la préfecture. ils perdent leurs droits et ils mettent un temps fou à les récupérer ».
Face à cette situation, notamment au problème de la dématérialisation de la procédure, les associations d’aide aux étrangers restent impuissantes. « Le plus frustrant reste l’impossibilité de parler à une personne physique à la préfecture », dénonce Gustave, qui souligne que les demandeurs de titres de séjour sont condamnés à « surveiller leur dossier en ligne en attendant un miracle ».
« Des gens perdent leur emploi ou leurs aides et il n’y a aucun guichet pour les recevoir », poursuit ce bénévole. Selon Libération, ce problème touche certaines préfectures plus que d’autres, notamment celles de la région parisienne.