Politique

Tourisme : le gouvernement algérien continue de manquer les opportunités

La destination Algérie continue de séduire. Le pays a en effet été cité dans la nouvelle liste des « sept destinations phares de l’année 2019 », établie par le voyagiste français Voyageurs du Monde et publiée par la version française du célèbre magazine de mode américain Vogue.

« Longtemps déconseillée aux voyageurs, l’Algérie s’ouvre enfin et culmine, fatalement, en tête de liste des destinations phares de 2019 », peut-on lire sur Vogue, où il est ajouté : « Pays aux multiples visages, on s’y rend à la découverte d’Alger et de son passé de comptoir carthaginois. Mais aussi à Oran, Tlemcen ou encore Ghardia [sic] avec à la clef des panoramas plus extraordinaires les uns que les autres ».

L’Algérie se retrouve en très bonne compagnie dans la liste, aux côtés de destinations prestigieuses telles que le Népal, la Scandinavie, la Suisse, ou encore la région d’Épire en Grèce. Des destinations très sélectes qui évoquent de paysages féeriques uniques.

Ce n’est en outre pas la première fois que l’Algérie se retrouve propulsée ces dernières années dans les classements occidentaux des destinations à visiter absolument. L’Algérie a en effet déjà été classée l’année dernière dans le top dix des meilleures destinations touristiques en 2018 par Voyageurs du Monde. L’Algérie y était décrite comme un « pays ami » qui « regarde à nouveau vers la lumière » et Alger comme « la nouvelle capitale tendance du Maghreb ».

La destination Algérie avait également trouvé écho du côté des États-Unis l’an dernier, lorsque le magazine américain USA Today avait inclus Constantine dans sa liste de onze villes du monde « hors du radar » à explorer en 2018. L’Algérie en était même arrivée à séduire les organisateurs du Tour de France, au point où une délégation menée par le directeur de l’évènement s’était déplacée dans le pays avec pour objectif de discuter l’éventualité d’organiser une étape du Tour en Algérie. Le dossier est resté sans suites.

Les opportunités n’ont donc clairement pas manqué et continuent de ne pas manquer pour l’Algérie. Malgré celles-ci, le tourisme continue de stagner et le gouvernement algérien ne peut se targuer d’aucune avancée concrète ayant permis de placer le pays dans la bonne direction.

Les obstacles bloquant le développement du tourisme en Algérie sont pourtant connus. Le plus important d’entre eux concerne la politique de délivrance des visas par les autorités algériennes, et il a été identifié comme tel par les voyagistes occidentaux eux-mêmes.

« Il faudrait rendre plus rapide l’obtention des visas », estimait Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde, dans un entretien accordé à TSA en février 2018. « C’est un énorme frein. Celui qui veut s’offrir un week-end en Algérie à la dernière minute ? Eh bien, il ne peut pas partir. Du coup, il va à Rabat ou Marrakech », avait-il expliqué.

Selon nos informations, les consulats algériens en France ont délivré 100.000 visas en 2018, dont 50.000 à citoyens binationaux qui ne disposent pas d’un passeport algérien, le reste consistant en majorité d’hommes d’affaires ou des experts qui séjournent régulièrement dans notre pays pour des raisons professionnelles (chacun obtiendrait plusieurs visas dans l’année). C’est clairement insuffisant.

Les représentations algériennes à l’étranger ont certes décidé depuis quelques semaines de délivrer des visas touristiques dans des délais rapides, inférieurs à trois jours, pour ceux qui réservent leurs séjours via des agences touristiques algériennes. Cette mesure trop timide se révèle également insuffisante.

L’urgence de développer le tourisme est réelle. Pour ne citer que la Tunisie, pays voisin, les revenus provenant du tourisme se sont établis à 1,36 milliard de dollars en 2018 avec plus de 8 millions de touristes.

Mieux encore, compte de la différence de taille entre les deux pays et des potentialités de l’Algérie, cette dernière pourrait raisonnablement engendrer le double des revenus de la Tunisie. Ce n’est absolument pas négligeable. La situation économique du pays ne permet pas à l’Algérie de prendre son temps et de négliger cette manne. Peut-être pas salvatrice, mais ô combien nécessaire. Reste à voir si le gouvernement compte saisir les opportunités, ou continuer à les manquer encore et encore.

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