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Transactions gelées, prix en baisse : le marché algérien de l’immobilier terrassé par le coronavirus

Transactions gelées, prix en baisse : le marché algérien de l’immobilier terrassé par le coronavirus

À l’instar des autres secteurs, le marché algérien de l’immobilier est quasiment à l’arrêt en raison du confinement imposé par la pandémie de coronavirus.

Transactions gelées, clientèle absente, études notariales fermées : tout le business est au point mort. Toutefois, les agents immobiliers gardent contact avec leurs clients via internet en prévision de l’après-confinement.

La plupart de ces agents immobiliers sont étranglés par cette situation inédite. Leurs finances sont au plus bas et leur moral en berne. Pendant que certains se noient, d’autres tentent de sortir la tête de l’eau en trouvant de nouvelles idées, histoire d’atténuer les dégâts et de laisser le moins de plumes possible durant cette crise sanitaire.

Tableau noir

Le secteur est paralysé. L’immobilier est en crise, lâche Nouredine Menaceri, président de la Fédération nationale des agences immobilières (FNAI).

« Le Covid-19 s’attaque au marché de l’immobilier. Tous les jours, je reçois des dizaines d’appels de détresse des agents immobiliers des quatre coins du pays. Leur situation est catastrophique », décrit-il. Et de s’interroger. Comment continuer à payer le bail de leur location ainsi que toutes les charges y afférents sans aucune entrée d’argent ? ».

Face à cette situation unique, le président de la Fnai ne reste pas les bras croisés. « J’ai adressé un courrier en ce sens au Premier ministre, à la tutelle, aux ministres des Finances et du Commerce pour signaler cette situation », affirme-t-il.

Le marché de l’immobilier est « en plein marasme », insiste M. Menaceri. Après une année 2019 difficile en raison de la crise politique, le marché de l’immobilier s’est retrouvé, avec la pandémie de coronavirus, confronté à une crise encore plus grave. « Les agents immobiliers se retrouvent dos au mur. Une situation qui a commencé il y a plus d’un an avec le Hirak et qui s’est aggravée avec la crise sanitaire causée par le coronavirus », se plaint le président de la Fnai.

À la question de savoir si le prix de l’immobilier vont connaitre une baisse après la fin de la crise sanitaire, Nouredine Menaceri est dubitatif. « Nul ne peut prévoir avec certitude ce qui va se passer, répond le président de la Fnai, qui avance des prévisions sombres pour le marché de l’immobilier, qui se retrouve pris en tenaille, entre le confinement et la crise économique qui touche le pays en raison de la chute des prix du pétrole.

« Toutefois, au vu de la crise économique causée par le confinement et la chute des revenus des ménages, il est fort à parier que les demandes d’achat de biens immobiliers vont inéluctablement se raréfier. Les vendeurs ne sont plus en position de force. Ils sont obligés de revoir leur prix à la baisse », anticipe-t-il

Des prix qui ne reflètent pas la réalité

Les transactions sont bloquées et les affaires freinées. Youcef Benbessi, gérant de l’agence le Nid (Sacré-Cœur, Alger) tire la sonnette d’alarme.

« Plus de vente, ni de location depuis le début de cette crise sanitaire. Nous tirons le diable par la queue », s’alarme-t-il.

Est-ce que la pandémie va impacter le marché de l’immobilier ? Selon notre interlocuteur, le prix de l’immobilier en Algérie ne répond à aucune norme et ne reflète pas la réalité. « Par exemple le prix du mètre carré à Alger centre coûte moins cher que l’équivalent en banlieue, ce qui est complétement aberrant ».

Et de poursuivre : « En tout cas, le prix de l’immobilier a nettement chuté depuis trois ans environ, même si certain continuent à s’adonner à la spéculation et à gonfler les prix. La réalité est là : le pouvoir d’achat a connu un grand plongeon à cause du Covid-19. Les gens n’ont plus les moyens d’investir dans l’achat d’un bien immobilier. Ce qui est sûr, c’est que cette situation va avoir une conséquence sur les prix. Ils connaîtront certainement une baisse après la fin du confinement ».

Pour Samir Menia, gérant de l’agence immobilière Menia (Dely Brahim, Alger) la situation est inquiétante. « Je suis dans ce domaine depuis de nombreuses années, mais je n’ai jamais été confronté à une crise pareille. Avant les gens se déplaçaient des autres villes du pays pour acheter des appartements ou en louer sur Alger, mais aujourd’hui tout est à l’arrêt. Depuis le début de cette crise sanitaire, je n’ai réussi à louer qu’un seul appartement contre trois ou quatre locations par mois, en temps normal » regrette-t-il

Villa à Alger contre bungalow en Espagne

Pour limiter la casse, certains agents immobiliers ont changé de fusil d’épaule. Samira Zebentout, gérante de La Résidence (Hydra) tente de s’adapter à la situation.

« Je travaille avec des clients qui louent habituellement leurs villas à des étrangers qui viennent en Algérie pour passer des vacances. Mais avec la fermeture des frontières pour cause de coronavirus, la donne a changé. Même les Algériens qui ont l’habitude de passer leurs vacances en Espagne, en France ou en Tunisie, resteront au bled cet été. Beaucoup se rabattent sur le marché locatif local et cherchent à louer des résidences avec piscine. Il y a une forte demande qui nous vient de toutes les villes d’Algérie. En tout cas, les propriétaires de ces maisons cossues sont partants même s’ils savent qu’ils vont devoir réduire leurs prix ».

L’immobilier résistera-t-il à la crise ? Personne ne peut répondre avec certitude à cette question. Pour le moment, la profession lance un cri de détresse en direction des autorités pour la réouverture de leurs agences immobilières durement impactées par le confinement dû au Covid-19.

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