Société

Transition mouvementée chez AstraZeneca Algérie

AstraZeneca vit une période de transition mouvementée en Algérie. L’agrément pour son bureau de liaison ayant expiré en février dernier, le géant britannique de la pharmacie à dû suspendre temporairement ses activités en Algérie, selon Khaled Atef Elmounayri, président d’AstraZeneca (AZ) pour l’Égypte et l’Afrique du Nord.

En attendant la mise en place d’une nouvelle structure, la promotion des produits d’AstraZeneca en Algérie a été confiée à Clinica Group, un prestataire afin « de pouvoir continuer à faire la promotion avec les collaborateurs de l’entreprise mais au sein d’un prestataire qui dispose d’un agrément pour activer ».

Un transfert d’employés délicat

Cette opération a été accompagnée par une proposition de transfert des employés, qui sont principalement des délégués médicaux et des managers de vente, explique le DRH d’AZ Algérie, Nadjib Bahbah.

« Ce que nous avons surtout négocié c’est que la promotion se fasse à travers Clinica, par les employés d’AZ pour qui rien ne change », précise-t-il.

Pour M. Elmounayri, il est important que la promotion des produits AstraZeneca soit faites par des employés formés par l’entreprise, ce qui a justifié ce transfert des employés d’AZ vers Clinica.

Cette proposition de transfert des travailleurs vers Clinica était accompagnée, selon le DRH d’AZ par un engagement donné « par écrit » aux employés de les reprendre chez AZ lorsqu’une nouvelle entité sera créée.

Querelle autour des garanties 

Cette proposition n’a pas convaincu tous les salariés concernés qui étaient au nombre de 153 au début. Un conflit s’en est suivi et des négociations en présence de l’Inspection du travail ont été menées.

Selon, M. Abada Oualid, représentant des travailleurs d’AZ en conflit avec leur direction, les employés ont été « obligés de démissionner pour pouvoir signer un contrat de travail chez Clinica ». Un contrat de travail qui, selon lui, « en apparence semble protéger les acquis des employés mais qui n’en protège pas plus leurs CDI et leur avenir professionnel ».

Une accusation démentie par la direction d’AstraZeneca Algérie. La directrice médicale, le Dr Amal Haddouche assure : ledit contrat est « un CDI chez Clinica avec tous les avantages d’AZ, y compris l’ancienneté ». « Quand nous les reprendrons, nous prendrons en compte le temps qu’ils ont passé chez Clinica dans le calcul de leur ancienneté », promet-elle.

Quant à l’obligation faite aux employés de démissionner, elle a été réfutée par le DRH d’AZ Algérie selon qui, le choix a été laissé aux employés entre le transfert ou le départ avec indemnisation.

« Nous avons proposé d’éviter la démission via un accord collectif déposé à l’Inspection du travail et au tribunal, ce que nous avons fait avec l’Inspection du travail, nous avons préparé un accord collectif qui permettait aux employés d’être transférés chez Clinica sans la lettre de démission », reprend le DRH d’AZ.

« Sur les 153 employés concernés, 92 ont été transférés, 40 ont préféré l’option du départ indemnisé et AZ n’est plus en désaccord qu’avec 15 employés dont la position est le refus du départ avec indemnisation et du transfert », précise-t-il.

Des chiffres différents de ceux avancés par M. Abada. « 26 employés ont choisi le transfert et attendent la signature de leur contrat de travail depuis le 9 mai », affirme-t-il.

Les conditions de départ sont un autre sujet de friction entre les employés contestataires d’AZ et leur direction. Selon Oualid Abada, l’indemnité de départ accordée aux employés qui ont préféré la démission est « dérisoire et très insuffisante compte tenu du fait qu’aucune autre offre convenable n’est proposée en parallèle pour protéger les CDI des employés ».

Pour le DRH d’AZ, ces accusations ne sont pas fondées. Pour lui, l’entreprise a « garanti que si elle ne concrétise pas son projet, les employés seront indemnisés à raison de deux mois de salaire par année travaillée en prenant en compte leur date d’entrée dans l’entreprise dans le calcul de leur ancienneté ».

Autre garantie avancée par le DRH : « L’engagement d’AZ d’indemniser ses employés de trois mois de salaire par année travaillée au sein de l’entreprise au cas où celle-ci ne propose plus rien ».

La question de la création de la nouvelle entité d’AstraZeneca en Algérie qui sera chargée de la promotion des produits du laboratoire, qu’ils soient fabriqués en Algérie ou importés, est un des points de désaccord entre les employés et la direction de l’entreprise.

Pour M. Abada, AZ n’a « à ce jour entamé aucune procédure pour la création d’une entité algérienne légale ». Faux répond le Président d’AZ pour l’Égypte et l’Afrique du Nord.

« Nous sommes en train de créer une société de promotion pour AZ, nous attendons l’approbation interne et ça prend du temps », affirme-t-il, ajoutant qu’un « programme de recrutement était en cours chez AZ pour remplacer les 40 employés qui ont choisi la démission avec indemnité ».

Ce recrutement de nouveaux délégués est, pour le Dr Amel Haddouche, la preuve que l’entreprise ne compte pas arrêter son activité.

« Ils seront recrutés par Clinica mais c’est nous qui leur faisons passer les entretiens d’embauche dans l’optique de les récupérer chez nous lorsque l’entité AZ de promotion sera créée », explique-t-elle.

L’Inspection du travail et le ministère du Travail saisis

Les 15 salariés d’AZ en conflit avec leur direction ont commencé à déposer des plaintes auprès de l’Inspection des travailleurs, selon le DRH d’AZ. Une séance de conciliation est prévue entre les deux parties le 11 juin.

L’Inspection du travail est accusée par les travailleurs d’AZ de favoriser l’entreprise aux dépens des salariés.

« L’Inspection de travail qui devait gérer le conflit de façon collective comme stipulé par la loi, a voulu nous diviser et a refusé de traiter avec les représentants élus demandant aux employés de déposer des plaintes individuelles », dénonce M. Abada qui affirme, contrairement aux dires du DRH d’AZ, que la première séance de conciliation à l’Inspection du travail était prévue pour ce mercredi 30 mai.

« Ce mercredi 30 mai a été le premier rendez-vous de conciliation de deux de nos collègues qui ont été choqués par les agissements de cette inspection de travail qui les a refoulés à même la salle de réception en leur disant que l’employeur à appeler pour dire qu’il serait absent, et qu’il viendrait le 11 juin, donc ils les ont reprogrammés pour cette date pour que l’employeur ne se déplace qu’une seule fois », déplore-t-il.

Les travailleurs en conflit avec la direction d’AZ ont dû faire appel au ministère du Travail, explique leur délégué, M. Abada.

« Au niveau du ministère nous avons eu la garantie que toutes les dispositions seraient prises pour alerter le directeur de l’inspection des Bananiers (Alger) », affirme-t-il.

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