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Trois mois après l’élection de Kaïs Saïed, la Tunisie toujours sans gouvernement

Trois mois après l’élection de Kaïs Saïed, la Tunisie toujours sans gouvernement

Le Parlement tunisien a refusé ce vendredi d’accorder sa confiance au gouvernement proposé par le Premier ministre Habib Jemli, laissant la Tunisie toujours sans gouvernement 80 jours après la prise de fonction du nouveau président de la République, Kaïs Saïed, rapportent plusieurs médias.

Seulement 72 députés ont approuvé le gouvernement proposé par Habib Jemli du parti Ennahda, loin des 109 voix nécessaires pour permettre à l’exécutif d’entrer en fonction. Pour M. Jemli, c’est la fin d’un long processus lancé le 15 novembre lorsqu’il a été choisi par Ennahda pour former un nouveau gouvernement.

Issu des élections législatives du 6 octobre dernier, le Parlement tunisien est fragmenté. Première force politique de l’hémicycle, le parti islamo-conservateur Ennahada ne dispose que de 54 députés sur 217. Le « bloc démocrate » dispose quant à lui de 41 sièges, tandis que Qalb Tounes, parti de candidat malheureux des dernières présidentielles Nabil Karoui, possède 38 sièges.

Pour tenter de trouver un consensus, Habib Jemli avait annoncé vouloir former un gouvernement composé de « compétences nationales indépendantes des tous les partis, selon trois repères : la compétence, l’intégrité et le leadership ».

Après deux mois de tractations, M. Jemli présente le 2 janvier une liste composée de 28 ministres et 14 secrétaires d’État, dont plusieurs soupçonnés de corruption.

En effet, l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) a envoyé le 9 janvier une correspondance officielle à M. Jemli, comprenant une liste nominative de certains ministres et secrétaires d’État dans la composition du gouvernement proposé soupçonnés de corruption et dont les dossiers déposés auprès de l’Instance sont toujours en cours d’enquête.

Critiqué pour cette erreur jugée stratégique et pour un gouvernement globalement jugé « faible » avec des doutes sur sa réelle indépendance, c’est donc sans surprise que le Parlement a rejeté le vote de confiance. Le président Kaïs Saïed dispose désormais d’un délai de dix jours en vertu de la Constitution pour désigner un autre Premier ministre susceptible de convaincre les députés.

Très populaire, Kaïs Saïed, n’a ni parti ni soutiens explicites au sein de la classe politique, et revendique farouchement son indépendance. Élu le 23 octobre dernier avec une large majorité, le président tunisien a plusieurs fois manifesté durant sa campagne son manque de foi dans le régime parlementaire et a affiché sa volonté de réviser la constitution pour le supprimer.

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