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Tunisie : l’affront de trop ?

Tunisie : l’affront de trop ?

L’Ambassadeur de Tunisie en Algérie a été convoqué, ce dimanche 7 mai, au ministère des Affaires étrangères. « L’ambassadeur de Tunisie à Alger, Abdelmadjid El Ferchichi, a été reçu ce jour au ministère des Affaires étrangères où il lui a été demandé de fournir des clarifications au sujet des déclarations attribuées au ministre tunisien des Affaires locales et de l’Environnement, Riadh Mouakher, en marge de la conférence ‘Tunisie, espoir en Méditerranée’, organisée par la fondation Craxi, à Rome le 4 mai courant », ont annoncé les AE dans un communiqué.

« Il a été signifié, à cette occasion, à l’ambassadeur tunisien, que ces propos à l’égard de l’Algérie ont suscité des interrogations, autant au plan populaire qu’au plan officiel », a souligné le ministère.

La convocation d’un ambassadeur est un geste diplomatique fort réservé à des situations de crise ou de très fort mécontentement. Il se produit très rarement entre deux pays « frères » qui entretiennent des relations apaisées, comme c’est le cas officiellement entre la Tunisie et l’Algérie. Or, c’est la deuxième fois en l’espace de huit mois qu’Alger convoque un diplomate tunisien pour protester officiellement auprès de Tunis.

En août dernier, en l’absence de l’ambassadeur de Tunisie en Algérie, c’est le chargé d’affaires de l’ambassade qui avait été convoqué aux Affaires étrangères pour des protestations après la décision tunisienne d’imposer une taxe aux touristes algériens. Alger a ensuite instauré la réciprocité pour ce type de mesures dans la Loi de finances 2017. La Tunisie a fini par retirer la mesure.

La décision tunisienne avait suscité un grand étonnement à la fois au niveau officiel que parmi la population. Certes, la taxe imposée (30 dinars tunisiens, environ 12 euros) était dérisoire. Mais la symbolique était forte. Les Algériens estiment, à juste titre, qu’ils font tout pour aider le voisin tunisien.

Après la révolution, le gouvernement algérien avait fourni une aide économique à Tunisie. L’armée algérienne prête main-forte aux forces armées tunisiennes dans leur lutte contre le terrorisme. Et chaque année, les touristes algériens se rendent massivement dans ce pays. De l’aveu même des autorités tunisiennes, ce sont les Algériens qui ont sauvé le tourisme dans ce pays après la dégradation de la situation sécuritaire suite aux attentats terroristes.

En face, la Tunisie a multiplié les décisions unilatérales, comme celle de bloquer l’entrée sur son sol de la pomme de terre algérienne l’année dernière. En Face, l’Algérie avait envoyé quelques signaux de mécontentements. En septembre, des ministres algériens ont décliné des invitations officielles en Tunisie. Mais Alger, déjà en froid avec Rabat, a évité toute escalade, y compris en janvier dernier lors du 28e sommet africain lorsque les Tunisiens avaient soutenu les mêmes candidats que le Maroc contre l’Algérie.

Depuis la révolution tunisienne, une nouvelle génération de dirigeants est arrivée au pouvoir à Tunis. On comprend son désir de prendre ses distances avec le pouvoir algérien qui représente en partie ce que la révolution a combattu et rejeté. Mais les dirigeants tunisiens devront faire attention à ne pas trop froisser les Algériens, avec des propos et des décisions maladroites.

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