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Tunisie : une campagne présidentielle sous tension après l’arrestation de Nabil Karoui

Tunisie : une campagne présidentielle sous tension après l’arrestation de Nabil Karoui

L’homme d’affaires tunisien Nabil Karoui, propriétaire de la chaine Nessma et candidat aux prochaines élections présidentielles en Tunisie, a été arrêté ce vendredi et placé sous mandat de dépôt par le pôle judiciaire et financier de la Tunisie. Il est accusé d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent à travers des sociétés dont il serait propriétaire en Algérie, au Maroc et au Luxembourg, rapportent plusieurs médias locaux.

L’arrestation de M. Karoui, 56 ans, fait souffler un vent de tension sur les prochaines élections présidentielles prévues le 10 novembre et dont il est le favori selon plusieurs sondages. « Nabil Karoui est avant tout un candidat à la présidentielle dont la candidature a été acceptée par l’Instance supérieure électorale pour les élections (ISIE) et c’est un acteur important de la vie politique tunisienne. Ce qu’il se passe est vraiment dangereux pour le processus démocratique », a estimé Sadok Jabnoun, membre du parti « Qalb Tounes » de M. Karoui, cité par Mediapart.

Les partisans de Nabil Karoui ont notamment dénoncé une procédure expédiée visant à porter atteinte au candidat favori. « La célérité avec laquelle la justice a procédé à l’arrestation de Nabil Karoui, loin de la capitale, trois heures seulement après l’émission du mandat de dépôt, tout cela représente pour nous un scandale judiciaire », a déclaré l’un des avocats, Kamel Ben Messaoud, cité par la même source.

Le parti Qalb Tounes de Nabil Karoui a quant à lui accusé le Premier ministre Youssef Chahed, également candidat aux présidentielles, de chercher à barrer la route au candidat accusé, dénonçant des « pratiques dégradantes et dictatoriales », tandis que la Ligue tunisienne des droits de l’Homme a estimé que l’arrestation « précipitée dans un temps record » de Nabil Karoui « suscite beaucoup de doute et porte atteinte à la magistrature, puisqu’elle fait penser à son instrumentalisation politique dans le but d’éliminer des rivaux ».

Même l’incontournable Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahdha, a déploré « voir un parti ou un responsable de parti entravé ». Il a affirmé attendre « des explications de la justice sur cette arrestation ».

« Le climat politique inquiète de nombreux Tunisiens et il y a des interrogations sérieuses sur ce qui s’est passé », a affirmé politologue Slaheddine Jourchi, cité par La Croix. « Cette tentative visant à réduire les chances de Nabil Karoui ne font que renforcer sa popularité et [le fait] que l’opinion publique le considère désormais comme une victime politique », a ajouté le politologue.

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