Société

Turquie et Syrie : Farès, symbole de l’héroïsme des secouristes algériens

De retour au pays après avoir participé avec brio aux opérations de sauvetage et de recherches en Turquie et en Syrie, les secouristes algériens ont été accueillis avec les honneurs qui leurs sont dus.

Devant les caméras, certains d’entre eux ont raconté les détails émouvants de leurs interventions qui ont fait la fierté de toute l’Algérie.

Deux équipes spécialisées de la protection civile, composées de 89 et 86 éléments, ont été dépêchées respectivement en Turquie et en Syrie, frappées par un séisme particulièrement meurtrier lundi 6 février, et dont le bilan dépasse désormais les 42 000 morts.

Alors qu’ils intervenaient dans les quartiers en ruines d’Adiyaman (Turquie) et d’Alep (Syrie), toute l’Algérie, du simple citoyen au président de la République, leur a rendu hommage.

| Lire aussi : Séisme en Turquie : les larmes d’un secouriste algérien – Vidéo

La reconnaissance est aussi venue des habitants locaux, des organisations mondiales et de la presse internationale, dont le Washington Post qui a consacré un reportage à l’équipe dépêchée en Turquie, qualifiant ses éléments de « héros ».

« Les Algériens ont été vraiment bons. Ils ont un excellent équipement. Ils sortent tous les corps », a témoigné un habitant d’Adiyaman dans les colonnes du journal américain.

Les deux équipes de secouristes algériens sont rentrées au pays dans la nuit de mardi à mercredi. Le ministre de l’Intérieur et le directeur général de la protection civile étaient à leur accueil à l’aéroport.

Jusqu’à vendredi dernier, soit en quatre jours d’intervention, les secouristes algériens ont sauvé 12 personnes et retiré 82 corps de sous les décombres en Turquie. En Syrie, ils ont sorti 12 corps et une personne vivante.

Certains de ces sauvetages ont fait le tour du monde, comme celui effectué en Syrie par un secouriste algérien qui a fondu en larmes immédiatement après.

L’agent Farès : « J’ai juré de sortir l’enfant vivant, ou de mourir avec lui »

L’agent s’appelle Farès. Il est désormais le symbole du dévouement et du professionnalisme de tous ses collègues. A son arrivée en Algérie, il a raconté le moment devant les caméras de télévision.

 « C’est un enfant de quatre ans, coincé dans un endroit très étroit et très difficile d’accès. Je l’ai trouvé en train de pleurer, sa mère était morte à ses côtés. Je lui ai donné un sérum qu’il a bu goulûment. Il avait très soif. Il était coincé sous une bibliothèque. La dalle risquait de s’effondrer à tout moment. J’ai agi avec prudence. L’enfant était appuyé sur le corps de sa mère et s’accrochait à moi. A ce moment, j’ai juré de ne sortir de l’endroit qu’avec lui, ou morts tous les deux. »

C’est encore les larmes aux yeux que Farès a raconté ces moments. « J’ai senti que je suis né une deuxième fois. Mes larmes étaient des larmes de joie. J’ai vécu des moments difficiles, j’ai sauvé des gens, mais je n’ai jamais pleuré. Avec cet enfant, c’était différent. C’était un moment vraiment difficile », avoue-t-il.

Durant cette même mission en Syrie, Farès a sauvé deux autres personnes, deux femmes âgées de 20 et 23 ans. Celle-ci est d’ailleurs la dernière personne sauvée par l’équipe algérienne en Syrie.

Un autre secouriste algérien a raconté cette scène tout aussi émouvante vécue en Turquie. Il s’agit d’un père qui refusait de sortir de sous les décombres sans sa fille.

« Je lui ai donné ma parole de la sauver et il a accepté de sortir. Je suis parvenu jusqu’à la fille, elle était enfouie jusqu’au bassin. Dans pareille situation, si tu fais bouger une pierre, tout peut s’effondrer », témoigne le secouriste algérien. Malgré la difficulté de la tâche, il a tenu parole et a remis la fille à son père.

« Il y a des endroits tellement étroits que même en rampant, il est difficile de passer. Et quand on arrive à ramper, c’est sur des tessons de verre et toutes sortes de débris. Le danger était omniprésent. Avant de faire bouger une pierre, nous prononcions la shahada », a témoigné un secouriste algérien.

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