Professeure d’économie au Mans et ancienne nageuse de haut niveau, la Franco-Algérienne Salima Bouayad Agha s’apprête à traverser la Manche à la nage.
Ce qui est hors norme, c’est que Salima a 65 ans, et elle entend bien prouver que tout est encore possible, même à son âge !
Salima Bouayad Agha, de l’Algérie au Mans
Si elle est née en France, Salima Bouayad Agha a grandi en Algérie. Elle a d’ailleurs exercé comme professeure d’économie, mais en 1991, elle quitte son pays d’origine avec ses deux filles. Elle rejoint alors Le Mans et reconstruit sa vie.
« J’ai soutenu ma thèse en France puis j’ai été recrutée comme maître de conférences à l’université du Mans », confie-t-elle, citée par Actu Le Mans. Aujourd’hui, elle enseigne toujours l’économie à l’université du Mans, et la retraite « sera pour plus tard ».
Quel lien alors avec la natation ? Salima Bouayad Agha s’initie à ce sport à l’âge de 13 ans, puis elle intègre rapidement l’équipe nationale algérienne et participe à des compétitions internationales, jusqu’à mettre fin à sa carrière en 1978.
Des années plus tard, alors qu’elle accompagne sa fille à une compétition, cette dernière lui lance : « Il faudrait que tu nages, toi aussi ».
C’est ainsi que Salima reprend l’entraînement, se tourne vers le crawl longue distance, et devient championne d’Europe dans sa catégorie : « J’ai eu un titre par équipe et j’ai fait des championnats du monde où j’ai terminé troisième ou quatrième ».
Le tout alors qu’elle ne cherchait pas à « battre les autres, mais c’était vraiment un challenge avec moi-même en permanence ».
Un challenge hors norme pour une nageuse d’exception
Son défi personnel ne connaît pas de limites. Depuis 2023, elle se prépare intensivement à traverser la Manche à la nage, une épreuve de 34 km en eau libre prévue pour septembre 2026.
La traversée peut durer jusqu’à 17 heures, et les conditions sont imprévisibles. Entre eau froide, méduses, vagues, et même trafic maritime, les participants doivent se préparer à tout.
« Au départ, je pensais que traverser la Manche, c’était nager longtemps. Ce que je sais faire à peu près, mais en fait, c’est nager longtemps dans une eau froide dans laquelle il y a des vagues, où on peut être piqué par des méduses et où on peut avoir les vagues des cargos, ce qui fait quand même une sacrée différence », dit-elle.
Le comble pour la nageuse algérienne est qu’elle est « très frileuse ». Pourtant, elle nage désormais dans des eaux à 11 °C, et avant la traversée, elle devra passer un test officiel de 6 heures de nage dans une eau à 15 °C.
« C’est le premier moment de ma vie où mon corps vit des sensations qui ne sont pas dictées par ma tête. C’est extraordinaire de le découvrir », décrit-elle, découvrant un nouveau rapport à son corps.
Pour sa préparation, Salima s’accompagne d’Olivier Lauth, un nageur de l’extrême qui l’aide pour les entraînements et la planification de tout.
« Les compétences que la vie m’avait données… Il fallait que ça ait un sens »
La traversée demande une certaine logistique, dont un bateau d’assistance et trois accompagnateurs. « Ce sont des personnes qui vous nourrissent, qui vous soutiennent, qui peuvent nager à côté de vous si jamais vous lâchez ».
L’Algérienne a choisi son beau-frère, un militaire spécialiste dans la préparation mentale, et sa sœur, qui pourrait gérer la partie alimentaire.
« Elle est très organisée, ce serait bien pour la nourriture, car il ne faut pas que je touche le bateau, il y a un règlement très strict », explique la nageuse. Il ne lui reste qu’à choisir la troisième personne.
Cette traversée a aussi une portée solidaire. Salima Bouayad Agha souhaite la réaliser au profit de l’association France Parkinson. Un choix qui n’est pas anodin, car sa mère est décédée de cette maladie.
Le coût total du projet est estimé à 15.000 €, et une collecte de dons est ouverte sur la plateforme Alvarum. Jusque-là, 2.000 € ont déjà été récoltés.
Au-delà du défi sportif, cette traversée revêt une forme d’accomplissement personnel pour Salima : « Les compétences que la vie m’avait données… La résilience, l’adaptabilité, le courage, les heures passées dans l’eau… Il fallait que ça ait un sens ».
Et de conclure : « À 65 ans, on commence généralement les dernières fois, moi, je commence les premières ».
SUR LE MÊME SUJET :
France : le parcours brisé d’une brillante médecin algérienne