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Vaccination anti-Covid : deux spécialistes pointent les zones d’ombre à éclaircir

Vaccination anti-Covid : deux spécialistes pointent les zones d’ombre à éclaircir

L’Algérie se prépare à lancer la vaccination de masse contre la Covid-19 qui doit commencer avant fin janvier. Hier samedi, le Dr Djamel Fourar, porte-parole du Comité scientifique en charge du suivi de l’épidémie a dévoilé les grandes lignes de la stratégie vaccinale du gouvernement, sans préciser les dates de début de la campagne de vaccination, qui est tributaire de l’arrivée des doses du vaccin russe Souptnik V commandée par l’Algérie.

Le Dr Djamel Fourar a certes mis fin au silence autour de la question, mais les réponses apportées ne font pas l’unanimité. Des zones d’ombres sont à éclaircir, selon des professionnels de la santé interrogés par TSA.

« C’est vrai que l’Algérie est un pays qui pratique la vaccination depuis les années 1970, ce qui signifie qu’on a une certaine expérience, sauf que cette vaccination est différente, remarque le Pr Mostefa Khiati, président de la Forem. D’abord, c’est une vaccination qui va s’adresser aux adultes. Deuxièmement, les  500 000 doses de vaccin représentent à peu près le quart de la quantité importée pour la vaccination contre la grippe saisonnière et on sait le manque qu’on a connu. Cela suppose que ce n’est pas tout le pays qui aura à disposition le vaccin, et donc qu’il va falloir faire un choix ».

Le Pr Khiati suggère de procéder à la vaccination en fonction du niveau d’atteinte dans chaque wilaya. « À mon avis, il n’est pas nécessaire de vacciner dans les wilayas où il y a très peu de cas ».

Le président de la Forem suggère aussi de procéder à des études de séroprévalence qui concerneront les personnes porteuses d’anticorps et qui donc ont déjà contracté la Covid. Une opération qui aurait pu, note Pr Khiati, donner une idée sur la fréquence d’immunité dans les wilayas.

Par ailleurs, la tâche pour sensibiliser la population sur la vaccination ne sera de tout repos. « On l’a déjà vu avec les mesures barrières, les choses ont été très difficiles. Ce n’est qu’au troisième rebond (de novembre) qu’on a vu une certaine prise de conscience chez la population », rappelle le Pr Khiati.

| Lire aussi : Plan de vaccination anti-Covid : le Dr Fourar dévoile les grandes lignes

Le président de la Forem juge « indispensable » de sensibiliser la population sur la vaccination contre la Covid-19. « Cette campagne de vulgarisation peut se faire parallèlement à une étude de séroprévalence pour identifier par ordre décroissant les wilayas les plus touchées », suggère-t-il.

En termes de personnes prioritaires à vacciner, le Pr Khiati a un avis : « L’urgent c’est de protéger les personnes les plus exposées, et celles qui sont les plus sensibles, en l’occurrence les personnes âgées, les personnes souffrant de comorbidités, et le personnel soignant, ce sont clairement les trois catégories les plus prioritaires ».

Même si l’opération est à priori à la portée des autorités sanitaires, le Pr Khiati tient à prévenir : « Il ne suffit pas de dire que nous sommes habitués aux vaccinations et que les choses vont être faciles. Nous sommes habitués à vacciner les enfants. Là, nous avons affaire à des adultes. Nous savons également que les vaccins peuvent provoquer des effets secondaires. Par conséquent, il faut garder le contact avec les personnes vaccinées pendant quelques jours ».

À cet effet, le président de la Forem suggère que le médecin responsable de la vaccination, soit en contact permanent et joignable à tout moment par les personnes vaccinées, pour signaler les effets indésirables éventuel et organiser la riposte.

La manière de choisir les personnes à vacciner interpelle aussi le PKhiati. « Comment va-t-on procéder ? Est-ce qu’il y aura des listes qui seront établies ? Ce sont des modalités à préciser », dit-il.

Le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat des praticiens de la santé publique (SNPSP) pense qu’il faut commencer par les personnels soignants.

« On recense 180 décès parmi les professionnels de la santé dont la majorité sont des médecins, et plus de 11 000 cas de contaminations depuis le début de la pandémie. Il est donc clair que les personnels de santé sont exposés directement à la pandémie, et sont donc logiquement candidats à la vaccination », soutient-t-il.

Il prévient que le débat est déjà installé parmi les professionnels de la santé par rapport à l’opportunité de la vaccination, son obligation ou pas. « C’est un débat qui a lieu aussi dans d’autres pays et nous on ne va pas y échapper. C’est un sujet qui va faire débat aussi bien chez les professionnels qu’en dehors », relève-t-il.

Pour ce médecin généraliste, chaque campagne vaccinale doit répondre à un objectif sanitaire. « On doit définir la population cible et aussi la quantifier (combien de personnes allons-nous vacciner et dans combien de temps ?) ».

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