Société

Vaccination Covid-19 : décision surprenante de Tebboune

CONTRIBUTION. Le Président Tebboune a ordonné au Premier ministre de réunir en urgence le gouvernement pour choisir un vaccin et débuter la vaccination en janvier, c’est-à-dire pratiquement demain.

C’est une décision pour le moins surprenante tant elle apparaît complètement décalée par rapport aux réalités nationales mais surtout internationales, du fait de la non disponibilité des vaccins.

Réussir une campagne de vaccination nécessite de réunir deux conditions basiques, avoir un bon vaccin, organiser et réunir la logistique, ce qui ne sera pas le cas avant quelques semaines, surtout pour le vaccin.

Le président de l’Agence nationale de sécurité sanitaire n’avait-il pas déclaré récemment que cette vaccination est impossible avant 6 mois ?

Quel vaccin l’Algérie pourrait-elle acquérir pour exécuter l’ordre du président Tebboune ? La réponse est : aucun. L’Algérie a décidé depuis le mois d’août écoulé d’acquérir un vaccin préqualifié par l’OMS dans le cadre du Covax, mécanisme organisé par l’OMS, pour garantir l’efficacité, la sécurité, la disponibilité, les meilleurs prix et une équité dans la répartition des vaccins. Aucun vaccin n’a été à ce jour préqualifié par l’OMS.

Seule la Russie a introduit en date du 27 octobre 2020 une demande de préqualification auprès de l’OMS. L’Algérie envisagerait-elle d’acquérir les vaccins disponibles actuellement et courant 1er trimestre 2021, en dehors du Covax, directement auprès des 3 fabricants occidentaux, Pfizer-BioNTech, Moderna, AstraZénéca ou des États, Chine et Russie ?

Les vaccins occidentaux seront sur les six mois non disponibles ; toutes les quantités qui seront produites sont déjà commandées et précommandées par les pays occidentaux, essentiellement Etats-Unis et Europe.

Le vaccin russe Spoutnik V et les vaccins chinois de Sinopharm et Sinovac sont homologués dans leurs pays respectifs dans le cadre d’autorisation d’utilisation d’urgence, sur la base de publication de résultats intermédiaires, alors que les essais cliniques de phase 3 ne sont pas terminés.

La logistique disponible exclut les vaccins de Pfizer et de Moderna à cause des conditions de conservation à très basse température. Les autres vaccins ne nécessitent pas de moyens très particuliers.

Le dispositif qui est en train d’être mis en place conjointement par les ministères de l’Intérieur et de la Santé pourrait, dans un délai de quelques semaines, être opérationnel.

Peut-on régler un problème sanitaire aussi grave dans des délais très courts par une injonction politique ?


*Président du Conseil régional de l’Ordre des médecins de Blida

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