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Veaux : pourquoi l’Algérie délaisse la France pour l’Amérique du Sud

L’Algérie se tourne vers l’Amérique du Sud pour importer les bovins et délaisse la France, son fournisseur traditionnel.

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Veaux : pourquoi l’Algérie délaisse la France pour l’Amérique du Sud
L'avantage des pays d'Amérique latine est de disposer de bovins en grande quantité à des prix abordables / Par littlewolf1989 / Adobe Stock pour TSA
Djamel Belaid
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Face à la demande locale, l’Algérie pourrait importer des veaux en provenance du Brésil et d’Uruguay. Bien que traversant par bateau durant 3 semaines l’Atlantique, leur prix est moins élevé que ceux venant de France et traversant en 2 jours la Méditerranée.

En Algérie, les services chargés des importations ont fait leurs calculs, les veaux venant d’Amérique du Sud sont plus compétitifs que les veaux français rendus dans un port algérien.

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Selon des données de l’institut français de l’élevage (Idele), en 2023, le coût de production au Brésil oscillait entre 271 et 334 euros les 100 Kg de carcasse alors que la France se situait à un coût de production moyen en atelier d’engraissement de 538 euros les 100 kg de carcasse.

Aujourd’hui, outre l’Algérie, le Maroc et la Tunisie s’intéressent à la filière brésilienne.

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La commande passée par les services algériens à l’Uruguay concerne des « broutards », de jeunes veaux de 250 kg destinés à être engraissés en Algérie.

Le site spécialisé Web-Agri confirme cet intérêt des pays maghrébins pour cette nouvelle origine ; début septembre, il alertait : « L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb ».

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Après un pic d’importation de 70.000 têtes en 2022, Web-Agri est formel, « aucun broutard français n’a foulé le sol algérien en 2024. »

Michel Fénéon, le président de la commission import-export de la Fédération française des commerçants en bovins, constate que : « La France pèse de moins en moins lourd en Afrique du Nord ».

Et il confirme dans la presse spécialisée : « faire traverser l’Atlantique à un broutard brésilien coûte aujourd’hui moins cher aux pays du Maghreb, que d’importer des animaux français. »

L’avantage des pays d’Amérique latine est de disposer de bovins en grande quantité à des prix abordables.

Ce professionnel français indique que le trajet représente en général un peu plus qu’un quart du prix de vente : « Affréter un bateau pour croiser l’Atlantique coûte autour d’un million et demi d’euros et permet de transporter autour de 3.000 broutards ou 5.000 bovins finis ».

Puis, il sort sa calculatrice et aligne les chiffres : « Aujourd’hui, un Nélore (vache-zébu) de 500 kg au Brésil préparé pour embarquer [vers les pays du Maghreb] coûte 2,5 $/kg vif. À cela, s’ajoute autour de 1,2 $/kg vif pour le transport en bateau, ce qui donne un prix de bovin brésilien autour de 3,70/kg vif ».

Converti en euros, le kilo de poids vif revient à 3,15 €. Il ajoute : « Ce sont des pays qui veulent des petits poids. Chez nous, peu d’éleveurs laissent partir des animaux de 250 kg. Nous sommes sur des produits plus lourds et donc plus chers, portés par des cotations beaucoup plus élevées qu’en Amérique du Sud ».

En France, des problèmes sanitaires

Une des causes des prix « prohibitifs » des veaux français réside dans une baisse des naissances, mais également de la crise sanitaire qui touche le secteur avec la maladie hémorragique épizootique (MHE), la dermatose nodulaire contagieuse et la fièvre catarrhale ovine – qui est également présente chez les bovins.

Dans le même temps, la demande espagnole est restée forte, 80.000 broutards ont été expédiés vers l’Espagne. Aussi, pour l’Idele, c’est « l’augmentation nette des envois de broutards, en particulier vers l’Espagne, [qui] a fait grimper les prix ».

Pendant des années, l’Algérie a été le principal débouché des éleveurs français.

En 2023, dès l’apparition des premiers symptômes de MHE en France, l’importation de broutards a été suspendue à la suite des mises en garde des services vétérinaires algériens.

Le savoir-faire algérien en danger

En décembre 2024, Miloud Bouadis, le président du Conseil national de la filière viande rouge, alertait sur le manque de jeunes bovins à engraisser et les dangers pour la filière locale : « Des élevages n’ont pas travaillé depuis un à deux ans. Certains sont allés vers d’autres activités comme la vente de voiture ou l’immobilier ».

Il s’inquiétait de la perte d’un savoir-faire et demandait que « les gens soient incités à revenir au métier sous peine de perdre un capital d’expérience ».

L’importation de broutards d’Amérique latine à la place d’animaux français peut permettre de relancer la filière locale d’engraissement.

Cependant, ces importations représentent un coût, jusqu’à 1,5 million d’euros pour le seul affrètement du bateau. Aussi, pour la filière locale, il s’agit de rechercher des alternatives pour la réduction des coûts.

L’arrivée en Algérie de veaux de race « vache-zévu » également appelé Nélore est une première. Cette race est plus rustique et mieux adaptée aux températures élevées. Pourrait-elle être une solution à l’avenir ?

Lien permanent : https://tsadz.co/1gst4

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