Tous les regards étaient braqués ce dimanche 19 mars sur ce que les responsables de Fiat Algérie allaient annoncer concernant les prix qui seront appliqués pour les premiers véhicules de la marque italienne importés après plus de quatre ans de fermeture.
La cérémonie de lancement de Fiat Algérie a pris des allures d’événement national de première importance, qui a vu la présence de deux membres du gouvernement, les ministres de l’Industrie et du Commerce, des ambassadeurs réciproques d’Algérie et d’Italie, des walis et surtout d’un grand nombre de journalistes.
Un tel intérêt traduit la situation exceptionnelle que connaît le secteur de l’automobile en Algérie, faite de rareté de l’offre, de très forte hausse des prix et d’une importance grandissante du véhicule dans la mobilité des Algériens, faute de transports en commun performants.
L’arrêt de l’importation et la fermeture des usines de montage en 2020 a rendu la voiture, même d’occasion, inaccessible aux classes moyennes en Algérie.
Les annonces faites dans les derniers mois de l’année passée quant à la prochaine reprise de l’importation et de l’assemblage ont mis vendeurs et acheteurs potentiels dans l’expectative, attendant de connaître les prix appliqués par les concessionnaires pour avoir une meilleure visibilité.
Trois premiers concessionnaires ont été retenus début mars par le ministère de l’Industrie : Fiat Algérie, Emin Auto (véhicules de la marque chinoise Jac) et Halil Auto (Opel).
Fiat et Opel sont des marques du groupe Stellantis qui a annoncé dimanche des investissements de 200 millions d’euros dans l’automobile en Algérie.
Les premières voitures arrivées en Algérie en ce mois de mars 2023 sont celles de la marque Fiat (groupe Stellantis), conformément à l’annonce faite précédemment par le président de la République lors de la visite de la première ministre italienne Georgia Meloni fin janvier à Alger.
Ce dimanche 19 mars, les responsables de Fiat Algérie ont mis fin à la longue attente en dévoilant les prix officiels qui seront appliqués.
Ils oscillent entre 2,635 millions de dinars pour la Fiat 500 et 4,59 millions de dinars pour le Ducato (utilitaire). Fiat Algérie propose six modèles qui seront commercialisés dans un premier temps, trois touristiques et trois utilitaires.
Algérie : le temps du véhicule bon marché est révolu
La nouvelle a été fortement médiatisée et logiquement très commentée sur les réseaux sociaux. Les internautes sont d’abord satisfaits de découvrir que les prix sont inférieurs à ceux ayant cours actuellement sur le marché de l’occasion pour des modèles équivalents et plus âgés.
C’est donc une certitude que les prix de l’occasion vont baisser incessamment, dans une proportion qui sera déterminée par la disponibilité des véhicules neufs et les délais de livraison.
Les Algériens ont cependant une autre certitude, moins enthousiasmante : le temps du véhicule bon marché et accessible presque à tous et bel et bien révolu.
Le modèle le moins cher de Fiat Algérie, la Fiat 500 hybride, dotée d’un moteur 1.0 L, est à plus 2,635 millions de dinars.
Pour une telle somme, il y a moins d’une dizaine d’années, on pouvait s’offrir au moins deux véhicules de la même gamme. Avant la fermeture du marché automobile à l’importation en 2016, la Fiat 500 était proposée à moins de deux millions de dinars en Algérie.
Les prix dévoilés, qui seront sans doute la référence pour ceux des deux autres concessionnaires et de ceux qui vont suivre, sont révélateurs de l’ampleur de la baisse du pouvoir d’achat des Algériens ces dernières années, érodé par la dépréciation du dinar algérien et la quasi-stagnation des revenus des ménages.
Fin 2016, l’euro s’échangeait à 115,88 dinars contre 145,03 dinars ce lundi 20 mars.
L’économiste Smail Lalmas a fait cette simple simulation sur les réseaux sociaux : pour un salaire moyen de 50.000 dinars et à raison de 10 000 dinars économisés chaque mois, il faut 21 ans pour payer la voiture neuve la moins chère du marché à 2,6 millions de dinars.
Même en ayant recours au prêt bancaire, le compte n’est pas bon pour les salariés. Sur un salaire de 100.000 dinars (soit le double du salaire moyen), la banque ne peut pas donner plus de 1,8 millions de dinars, à raison d’un remboursement mensuel de 30.000 dinars sur 5 ans.
Les prix dévoilés par Fiat Algérie seront la référence pour le reste car ils sont déterminés par deux facteurs valables pour tout le monde : la baisse de la valeur du dinar et la hausse des coûts de revient pour l’industrie automobile mondiale.
Quel que soit le nombre de concessionnaires automobiles qui seront agréés et les quotas autorisés à l’importation cela ne changera pas grand-chose à l’équation, les concessionnaires ne pouvant agir, en cas de forte concurrence, que sur leur marge bénéficiaire.
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