Économie

Véhicules de moins de 3 ans : la filière libyenne évoquée

L’Algérie a officiellement autorisé de nouveau l’importation des véhicules de moins de 3 ans. La disposition, contenue dans la loi de finances pour 2023, vient de faire l’objet d’un décret d’application publié au Journal officiel.

Si la nouvelle a réjoui les Algériens, après plusieurs années de fermeture quasi totale du marché automobile, des appréhensions sont exprimées quant aux conséquences effectives de la mesure, avec une très probable flambée des devises sur le marché parallèle.

Des interrogations subsistent par ailleurs sur d’autres aspects, étant donné que certains points n’ont pas été explicités dans le décret d’application.

Le texte détaille les modalités, les conditions, la procédure et le dossier à constituer pour effectuer l’importation d’un véhicule de moins de trois ans (essence, électrique ou hybride).

Néanmoins, le décret exécutif ne dit pas plus que l’article 66 de la LF 2023 concernant les modalités de paiement du véhicule acquis. La seule indication dans ce sens est que le paiement se fait sur les devises propres de l’acheteur.

Dans la Loi de finances 2020, qui avait autorisé une première fois l’importation des véhicules de moins de 3 ans, il était prévu que le paiement se fasse à partir d’un compte devises ouvert par l’acquéreur dans une banque en Algérie.

C’est cette disposition qui a causé l’abandon du projet, car jugée comme une légalisation de fait du marché noir des devises, en contradiction avec la loi sur la monnaie et le crédit. Les banques exigent des justificatifs de provenance des fonds en devises, notamment quand il s’agit de montants importants, ce que les clients ne pourront pas fournir.

Dans le nouveau texte, il n’est plus question d’ouvrir un compte bancaire à alimenter à partir du marché parallèle. En fait, aucune indication n’est faite sur le canal ou la manière de régler la transaction.

A l’évidence, les résidents en Algérie désirant acquérir un véhicule à l’étranger devront faire régler la transaction par une tierce personne résidant dans le pays d’achat, et de lui payer ensuite la contrepartie de son argent en dinars en Algérie.

Les plus sceptiques redoutent surtout une flambée des principales devises étrangères sur le marché parallèle. Quelques heures seulement après l’annonce par les médias de la publication du décret au Journal officiel mardi 27 février, l’euro et le dollar, déjà sur une courbe ascendante depuis quelques mois, ont vu leur valeur monter sur les principales places de change en Algérie.

Véhicules de moins de 3 ans : des revendeurs s’intéressent à la filière libyenne

La monnaie unique européenne a bondi à 22.450 dinars pour 100 euros, contre 22.350 dinars pour la même somme avant la publication du décret. Le billet vert américain est, lui, passé de 20.900 à 21.200 dinars pour 100 dollars.

Le premier effet de la flambée des principales devises sur le marché noir des devises en Algérie est d’éloigner l’objectif même escompté de ce retour à l’importation des véhicules de moins de trois ans, et qui est d’atténuer la hausse vertigineuse des prix des véhicules sur le marché interne.

L’équation est simple : avec des devises chères, la voiture à importer coûtera plus cher. Un professionnel du secteur, ancien président d’une association de concessionnaires, a fait une démonstration au journal El Khabar, expliquant qu’en Europe, il est difficile de trouver un véhicule de moins de trois ans d’âge valant moins de 15 000 euros.

A ce prix, le seul achat du véhicule, sans les éventuelles taxes douanières, reviendra à 3,3 millions de dinars. Et encore, si l’euro reste à son cours actuel, ce qui n’est pas évident.

Le spécialiste estime que pour espérer peser sur les prix, il fallait autoriser l’importation de véhicules de moins de cinq ans d’âge par exemple.

Néanmoins, sur les réseaux sociaux et les marchés de véhicules d’occasion, on spécule déjà sur une filière qui permettrait d’acquérir des véhicules de moins de trois ans pas trop chers.

On parle notamment de la filière libyenne. Dans ce pays frontalier de l’Algérie, les véhicules ne sont pas excessivement chers à cause, paraît-il, des faibles taxes appliquées à l’importation.

Le problème est la fiabilité des véhicules d’occasion qui seront importés de la Libye quand on connaît l’ampleur du trafic qui touche ce genre de voitures, notamment en matière de kilométrage et d’année de mise en circulation.

De nombreux internautes demandent dans leurs commentaires s’ils pourront faire rentrer des véhicules d’occasion de Libye ou d’un autre pays frontalier de l’Algérie. En plus des prix attractifs des véhicules dans ce pays, de sa proximité et la facilité d’accès par route à ce pays et des problèmes liés à l’obtention du visa pour l’Europe font de la Libye une destination intéressante aux yeux des revendeurs de voitures.

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