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Véhicules en Algérie : une pénurie qui impacte lourdement les entreprises

Véhicules en Algérie : une pénurie qui impacte lourdement les entreprises

Le marché des véhicules neufs en Algérie est quasiment à l’arrêt depuis cinq ans, ce qui impacte lourdement le secteur économique.

Malgré l’ouverture entamée en mars dernier avec le retour à l’importation des véhicules neufs, le parc automobile algérien accuse toujours un énorme déficit.

Outre les citoyens, pour lesquels la voiture est redevenue un luxe après plus d’une décennie d’abondance, les entreprises économiques subissent aussi de plein fouet l’impact d’une telle situation.

En 2019, le parc automobile en Algérie comptait 6,5 millions de véhicules. Il avait été boosté par l’ouverture totale de l’importation pendant plus d’une décennie. Le pic des importations avait été atteint en 2014 avec près de 440 000 véhicules importés, pour une facture de plus 6,3 milliards de dollars.

L’année 2014 était une année charnière pour l’automobile en Algérie. Outre ce pic des importations, c’était l’année du début de la chute drastique des prix des hydrocarbures, principale source en devises du pays.

C’était aussi l’année du début de l’assemblage de véhicules en Algérie, dans le cadre d’une nouvelle stratégie des pouvoirs publics de l’époque tendant à substituer la production locale aux importations.

L’usine Renault d’Oran a été inaugurée en novembre 2014, et la première voiture, la Renault Symbol, est sortie de la chaîne d’assemblage en mars 2015.

Depuis, les volumes des importations ont baissé année après année jusqu’au gel total en 2017. En 2020, ce sont les usines d’assemblage qui ont été contraintes à l’arrêt.

Cette situation a fait flamber les prix de l’occasion sur le marché local. Fin 2022, les pouvoirs publics ont officiellement décrété la levée du gel des importations et la relance de l’industrie locale.

Le groupe Stellantis a été autorisé à ouvrir une usine de véhicules de la marque Fiat à Oran et à entamer  les opérations d’importation.

L’usine algérienne de Fiat entrera en production en décembre prochain, tandis que les premières voitures importées de la marque italienne ont commencé à être commercialisées sur le marché algérien en mars dernier. Celles des marques JAC et Opel, également autorisées, ne sont toujours pas commercialisées.

Les entreprises algériennes impactées par le manque de véhicules

Les véhicules commercialisés par Fiat Algérie sont néanmoins insuffisants pour combler le déficit du marché.

En juin dernier, le responsable de Stellantis pour l’Afrique du Nord avait annoncé que la marque italienne allait porter le volume des importations à 12 000 véhicules en juillet, pour atteindre un total de 60 000 sur l’ensemble de l’année 2023.

Ce chiffre est toutefois loin de compenser le déficit du parc automobile national auquel, en 2021 déjà, il manquait 1,2 million de véhicules, selon une estimation du PDG d’Alliance Assurances, Hassen Khelifati. Un déficit qui a dû se creuser davantage ces deux dernières années.

L’usine Fiat d’Oran devrait produire 90 000 voitures par an selon le ministre de l’Industrie, mais ce sera toujours insuffisant pour amorcer un retour rapide à la normale.

En attendant l’entrée des marques JAC et Opel, qui devraient elles aussi ouvrir des usines en Algérie, et éventuellement d’autres marques, le véhicule fait toujours l’objet de tensions.

Les entreprises économiques sont particulièrement impactées par cette situation.

Il faut dire que le déficit est tel que les 60 000 véhicules qui devraient être importés cette année ne suffiront pas à satisfaire la seule demande du secteur économique.

Pour les entreprises, quel que soit leur secteur d’activité, le véhicule est un outil indispensable pour le transport de la matière première, des intrants, du produit fini, du personnel, des commerciaux, des prospecteurs…

L’offre pour l’achat ou la location étant très faible pour les raisons évoquées, de nombreuses entreprises algériennes sont contraintes de continuer à fonctionner avec du vieux matériel.

Pour la trésorerie de l’entreprise, la récurrence des pannes des véhicules vétustes est source de dépenses supplémentaires.

D’autant plus que la pénurie concerne aussi la pièce de rechange et quand cette dernière est disponible, elle est hors de prix sans compter les doutes sur son originalité.

Sans compter les risques d’accidents, les véhicules usagés sont source d’entraves pour l’entreprise. Une panne, en plus des frais qu’elle génère, cause parfois l’arrêt de l’activité et le manque de véhicules peut parfois amener les gérants à licencier chauffeurs et commerciaux, explique notre interlocuteur.

Même l’autorisation d’importer par les entreprises pour leur propre usage a été suspendue.

Ne pouvant pas acheter avec facture des véhicules d’occasion sur un marché entièrement dominé par l’informel, l’offre des concessionnaires étant restreinte, les entreprises se contentent d’exploiter leur parc roulant au détriment du bon fonctionnement de leurs services. La pénurie qui affecte le marché de l’automobile en Algérie a fait exploser les dépenses des entreprises en matière de réparation et révision des véhicules.

Le véhicule est indispensable pour l’entreprise et toute la marche de l’économie, y compris dans les pays développés dotés d’un réseau de transport étoffé.

Il s’agit d’un outil qui booste la compétitivité des sociétés et le développement économique d’une manière globale.

« Avec le véhicule, on vend plus et on génère de la richesse et des emplois. Nous avons besoin de tous les types de véhicules, de la petite voiture pour les commerciaux jusqu’au semi-remorque pour le transport de marchandises d’une ville à une autre en passant par les petits camions pour l’approvisionnement des commerces en ville. Mais sur le marché, il n’y a rien », affirme un chef d’entreprise qui pose aussi les problèmes liés au plafond d’un million de dinars pour l’amortissement des véhicules alors que les prix de ces derniers ont fortement augmenté. 

« Toutes les dépenses liées aux véhicules non utilitaires ne sont pas considérées comme des charges alors que les entreprises les utilisent comme outil de travail », déplore le même chef d’entreprise. 

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