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VIDÉO. Ce que disait Aït Ahmed en 1989 sur la révolution algérienne

VIDÉO. Ce que disait Aït Ahmed en 1989 sur la révolution algérienne

La radio française France Culture a commémoré ce vendredi le soixantième anniversaire du référendum sur l’autodétermination de l’Algérie en publiant sur les réseaux sociaux un reportage reprenant les déclarations de Hocine Aït Ahmed, effectuées en 1989 dans lesquelles il « raconte le combat de sa vie ».

« Je suis l’un des premiers maquisards de l’Algérie puisque j’ai pris le maquis en 1945 et depuis, je n’ai pas retrouvé une vie normale en Algérie », affirmait Aït Ahmed en 1989.

« J’ai quitté mes études au lendemain des évènements de Sétif. La tragédie de Sétif a tellement été forte que personnellement, j’étais convaincu que penser à son avenir personnel, à sa carrière personnelle n’avait pas de sens. Le parti avait demandé des volontaires et j’ai quitté mes études en 1945 », expliquait-il.

 

« Pour nous, la présence des Européens était une très grande richesse aussi, compte non tenu évidemment de leur participation à la colonisation. Il y avait un exemple de démocratie qui s’organisait à côté de nous. Dans la mesure où les Européens étaient des citoyens à part entière, notre statut de sujets éclatés nous paraissait insoutenable. Dans la mesure également où les Européens vivaient dans le luxe, notre misère à nous nous paraissait insoutenable », relatait le fondateur du FFS, décédé en décembre 2015.

De sa cohabitation avec les Européens, Hocine Aït Ahmed affirmait avoir « appris beaucoup de choses. On savait ce que c’était un budget, une représentation parlementaire, une gestion municipale… Ce que la plupart des pays arabes ignorent encore jusqu’à maintenant. Donc notre conscience politique s’est formée très rapidement et notre conscience révolutionnaire aussi puisqu’on a appris de la résistance française, de la guerre d’Indochine. Tout cela nous était rendu possible car nous avions accès à la presse française », soutenait-il.

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« Je pense que le système colonial a été aussi malgré lui une ouverture sur le monde qui a permis de nous enrichir », soulignait Aït Ahmed, qui considérant les Européens qui étaient en Algérie comme étant des Algériens.

« J’ai tout le temps pensé que l’Algérie était formée de cette formidable et fabuleuse mosaïque ethnique et que le problème de l’avenir de l’Algérie pour nous à l’époque était irréductible à une ethnie, à une langue, à un chef. Nous étions tellement opposés à l’hitlérisme, à la conception d’un chef, d’une ethnie, d’une langue, que nous considérions que l’organisation de la cité devait avoir pour base le pluralisme ethnique, linguistique et politique », affirmait Hocine Aït Ahmed, revenu d’exil en décembre 1989.

Hocine Aït Ahmed, fondateur du FFS, premier parti d’opposition en Algérie, évoquait également l’attaque contre la Grande poste d’Oran en 1949 qu’il affirme avoir organisé « de A à Z ».

« Comme nous n’avions pas d’armes et d’argent, nous avons été obligés de préparer un coup contre la pose d’Oran. J’ai organisé de A à Z cette attaque contre la poste d’Oran avec pour consigne stricte qu’il n’y ait pas d’effusion de sang. Il n’y a pas eu d’effusion de sang », soulignait Aït Ahmed, ajoutant que  « Cette attaque nous avait rapporté une somme importante, quelques millions, mais elle aurait pu nous rapporter davantage si je n’avais pas donné de consigne stricte puisque le responsable de la poste avait refusé d’ouvrir le coffre. Et bien on n’a pas tiré », faisait-il savoir.

Au sujet de la révolution algérienne, Hocine Aït Ahmed expliquait en 1989 que « notre pari à nous n’était pas un pari sur la force militaire algérienne. C’était un pari sur la psychologie des Algériens, sur le fait que les Algériens, quand pendant des années on les appelait pour voter, ils vous disent non donnez-nous des armes. Le vote, ça ne sert à rien, de toute façon les élections sont truquées. Alors c’est que les esprits étaient préparés », expliquait-il.

« C’était un pari de confiance dans la société algérienne. Ce pari a été gagné grâce au peuple algérien, grâce à ce phénomène d’auto-mobilisation extraordinaire qui a fait que la plupart des problèmes militaires, politiques, économiques, sociaux qui s’était posé à la société algérienne, au peuple algérien, n’a pas été réglée sur instruction des dirigeants mais par les Algériens eux-mêmes », affirmait le fondateur du FFS.

« Je dirais qu’à force de responsabilité, le muscle était devenu cerveau », conclut Aït Ahmed.

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