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Yassine Benzia, le Benzema algérien que personne n’a vu

Toute l’Algérie est émerveillée par ce qu’a pu montrer Yassine Benzia pendant les deux derniers matchs de l’équipe nationale, vendredi 22 mars face à la Bolivie (victoire 3-2) et le mardi 26 devant l’Afrique du Sud (3-3).

Le joueur de Qarabag a cassé la baraque, marquant trois buts et livrant une passe décisive en deux rencontres. Sans parler de son chef-d’œuvre qui fait désormais le tour du monde. Selon de nombreux observateurs, le retourné de l’international algérien pourrait être le but de l’année au concours de la FIFA. Il est en tout cas l’un des plus beaux de l’histoire du football algérien, avec la fameuse talonnade de Rabah Madjer en 1987.

 

Yassine Benzia partage plein de choses avec Karim Benzema, l’un des plus grands attaquants du monde, de la connotation de leur nom à leur look, en passant par leurs origines communes et leur formation à Lyon. Et leur sens du but aussi, toutes proportions gardées. Sauf que Benzia est resté pendant longtemps moins, nettement moins visible.

Passé l’émotion de cette merveilleuse découverte et du beau visage montré par les Verts sous la coupe de Vladimir Petkovic, le public algérien se demande en effet où était passé ce joueur pendant toutes ces années. Yassine Benzia a 29 ans (30 ans en septembre prochain) et il ne comptait avant le match contre la Bolivie que deux passages éphémères en équipe d’Algérie.

L’incompréhension est d’autant plus grande que, dans le compartiment offensif des Verts, ce n’était pas la pléthore et l’embarras du choix. Les différents sélectionneurs n’avaient souvent comme option que de compter sur Islam Slimani et Baghdad Bounedjah, ou les deux à la fois, et épisodiquement sur des attaquants essayés sans grand succès, comme Andy Delort.

Certes, Benzia n’est pas un avant-centre comme ne l’indiquent pas les deux performances qu’il vient de sortir. En fait, il a été formé comme attaquant de pointe à l’Olympique lyonnais (il demeure d’ailleurs le meilleur buteur de l’histoire des U-17 de l’OL), mais il a été reconverti en milieu de terrain offensif lors de son passage à Lille entre 2015 et 2020.

Néanmoins, il est resté un attaquant racé. Si plus de chance lui avait été donnée chez les Verts, il aurait sans doute rendu d’énormes services. Comme par exemple dans l’un des tournois que l’Algérie a quittés par la petite porte par la faute de l’inefficacité de ses attaquants, suivant les justificatifs avancés.

Yassine Benzia : Faut-il reprocher à Djamel Belmadi de l’avoir ignoré ?

Pour aller droit au but, doit-on aujourd’hui reprocher aux différents sélectionneurs, particulièrement à Djamel Belmadi, puisque c’est lui qui est resté le plus longtemps à la tête des Verts cette dernière décennie, de n’avoir pas vu Yassine Benzia alors que l’équipe souffrait en attaque ?

Et pour ne pas l’accabler d’emblée, il faut dire que Belmadi avait au moins trois éléments à sa décharge. D’abord, il a rappelé le joueur dès ses débuts comme sélectionneur et l’a fait jouer face au Bénin (2-0) et au Togo (4-1) en octobre et novembre 2018.

Pour la CAN 2019, personne ne pouvait critiquer l’absence de Benzia puisque le groupe choisi est revenu avec le trophée africain.

La suite n’était pas en faveur du joueur qui a subi en 2020 un grave accident de buggy qui l’a éloigné des terrains pendant presque une année. Enfin, son retour s’est fait dans des clubs quelconques, Dijon, Hatayspor (Turquie) puis Qarabag, en Azerbaïdjan, qui ne lui offraient pas la visibilité nécessaire pour frapper à la porte de l’équipe d’Algérie.

Cela dit, il est anormal qu’un attaquant de cette qualité n’ait reçu, en 12 ans comme professionnel, que quatre convocations chez les Verts. Il s’est d’ailleurs lui-même plaint-pour la première fois lorsque Belmadi ne l’a pas appelé pour la CAN 2023 en Côte d’Ivoire.

Après des passages très remarqués dans les sélections jeunes des Bleus (soulier de bronze au mondial U-17 en 2011, 9 buts en autant de matchs avec les U-18 en 2012), Benzia a opté pour l’Algérie en 2016, annonçant qu’il a fait « le choix du cœur ».

Il a été sélectionné pour la première fois par Christian Gourcuff le 25 mars 2016 face à l’Éthiopie (7-1) dans le cadre des éliminatoires de la CAN. En juin de la même année, il a été pris par l’intérimaire Nabil Neghiz pour un match de la même compétition aux Seychelles (0-2 pour les Verts).

Benzia avait marqué son unique but avec l’équipe nationale avant ce retour tonitruant, curieusement avec le même Nabil Neghiz comme adjoint. Ses deux autres matchs sont ceux déjà cités sous la houlette de Djamel Belmadi. Depuis, plus rien. Jusqu’à ce mois de mars 2024 et le lancement par Vladimir Petkovic de son chantier de renouveau de l’équipe d’Algérie.

Le Suisse a le mérite d’avoir pensé à lui, mais il faut dire que Benzia a eu la chance de se rendre visible par la League Europa où il a joué cette saison 13 matchs avec Qarabag et marqué trois buts. Le club a atteint cette année les 1/8 de finale. En championnat d’Azerbaïdjan, la Premyer Liqasi, Yassine Benzia a marqué neuf fois cette saison.

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